vendredi 30 juillet 2010

Chapitre 15, versets 11 à 32 (8)

3. le fils aîné :

Le fils aîné de la parabole racontée par Jésus rejoint, dans le portrait qui est fait de lui, la longue liste des fils aînés à l’image plutôt négative dont témoigne la Bible. Cette liste commence par le premier d’entre eux, Caïn : Genèse 4,1 à 8, et se poursuit par beaucoup d’autres : Ismaël, frère aîné d’Isaac : Genèse 21,9 à 13, Esaü, frère aîné de Jacob : Genèse 25,19 à 34, les frères aînés de Joseph : Genèse 37,12 à 36, Eliab, le frère aîné de David : 1 Sam 16,6 à 8 ; 17,28 à 30… Ce constat biblique ne doit cependant en aucun cas être perçu comme un apriori négatif inné de la part de Dieu. Il est plutôt l’illustration, comme Jésus cherche à le mettre ici en évidence, du principe selon lequel ce qui semble premier sur le plan naturel est souvent dernier dans le royaume de Dieu, et ce qui est dernier premier : Mat 20,14 à 16 ; Marc 10,26 à 31 ; Luc 13,28 à 30 ; Matthieu 21,31.

C’est au travail dans les champs que nous trouvons le fils aîné au moment où, à son insu, se passent tous les événements que Jésus vient de relater. Le lieu où se trouve le fils aîné illustre de belle manière le caractère du fils. Nul doute qu’il soit, contrairement à son cadet, un fils exemplaire : travailleur, assidu, fiable, quelqu’un à qui l’on n’a pas besoin de dire les choses pour qu’elles soient faites. Quel père, pourrait-on dire, n’aimerait pas avoir un fils comme le fils aîné, un fils sur qui il puisse compter et qui ne lui cause ni souci, ni tracas !

C’est au moment où, rentrant à la maison, il entend les sons de la fête que se révèle le caractère du fils. Apprenant que tout ce qu’il entend a été préparé pour le retour de son frère, alors que, lui, comme à l’ordinaire et depuis toujours, trimait dans les champs, le fils aîné se sent profondément blessé, insulté, voire méprisé. Surtout, il ne comprend pas l’attitude de son père : celui de ses fils qui a tout gaspillé a droit à l’honneur et à la considération ; quant à lui qui n’a désobéi à aucun de ses ordres, jamais, dit-il, il n’a reçu du père une marque d’estime d’une telle hauteur. Humainement vu, le fils aîné a raison ! En apparence, il semble être victime d’une profonde injustice de la part de son père : l’infidèle est favorisé et le fidèle, présent chaque jour à ses côtés, est oublié. Enfermé dans son amertume, il refus de faire l’hypocrite et d’entrer dans la salle de fête.

Informé de la situation, le père, comme il le fit aussi pour le fils prodigue à son retour, vint à sa rencontre. Apprenons de lui ! Le père nous enseigne ici que c’est à l’auteur d’un comportement blessant, même mal interprété, d’aller vers celui qui est prisonnier de sa rancune. La joie, en effet, ne peut être partagée entre des êtres que si aucun sentiment d’injustice ne trouble les relations. Face au père, le fils aîné n’hésite pas à lui dire ce qu’il pense être, dans la situation, ses 4 vérités. Oui, il n’est pas content ! Oui, il trouve que le père est injuste et qu’il récompense celui qui ne le mérite pas tandis que celui qui le mériterait ne reçoit rien ! Non, dans de telles circonstance, il n’a pas envie d’entrer, faire la fête et se réjouir avec lui et son frère ! Le père est sage : il ne parle pas d'abord, mais laisse le fils blessé s'exprimer. C'est toujours la démarche à suivre dans la circonstance : laisser parler celui qui est amer, avant d'entrer dans les explications. Que va répondre le père ?

Comme cela arrive souvent, la colère du fils est due à une vue des choses qui n’est que partiellement exacte. Tout le travail du père va donc consister à corriger les erreurs d’interprétation du fils. D’abord, le père aime autant le fils aîné que le fils cadet. Il ne fait pas de différence entre eux. Tous les biens du père sont autant à lui qu’à son frère. Il peut donc en user autant qu’il le veut, quand il le veut. Le fils aîné ne peut donc s’en prendre qu’à lui s’il n’a pas saisi les occasions qui, chaque jour, lui étaient offertes de faire la fête avec ses amis. La privation qu’il s’est imposée ne venait pas du père, mais d’une méconnaissance de ce qu’il était. Ensuite, le père corrige l’interprétation que le fils a de la fête organisée pour le retour de son frère. Non, elle n’est pas une injustice à son égard ou une preuve de favoritisme à l’égard de son frère. Elle était une nécessité, car ce qui est célébré ici, ce n’est ni le gaspillage que le fils a fait de sa vie, ni la débauche dans laquelle il a vécu, mais, en quelque sorte, sa résurrection ! L’événement est ponctuel, mais le père veut que le fils aîné l’apprenne : une vie sauvée, arrachée de la perdition, vaut plus que tous les trésors et les satisfactions que la vie ici-bas peut donner. Il fallait donc, il était impossible de faire autrement, se réjouir.

Jésus arrêtera la parabole sur ces paroles. L’histoire ne dit pas si, convaincu, le fils aîné révisera ses positions et se laissera entraîner dans la fête. Le silence de Jésus sur ce point place les pharisiens devant la même question. Alors que Jésus sauvait des pécheurs, qu’allait-il faire, eux qui s’estimaient justes ? Bouder la chose ou entrer avec Lui, qui est aussi un fils aîné, dans la fête ?

Que Dieu nous donne d’apprendre à nous réjouir avec Lui de tout ce qui, dans Son ciel, est sujet de joie et de fête !

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