lundi 30 novembre 2009

Chapitre 4, versets 1 à 12

Jésus tenté par le diable

Du Jourdain où Il fut baptisé, Jésus , poussé par l’Esprit, passa directement au désert où, pendant 40 jours, Il fut mis à l’épreuve par le diable. Si le lieu où Jésus est conduit par l’Esprit est celui où le diable le tente, Luc prend soin, dans l’attribution des rôles qu’il donne à chaque acteur du scénario qui se trame ici, de bien séparer les choses. Jésus ne va pas de lui-même au-devant de la tentation. Il ne fait qu’obéir, se soumettre aux directives que l’Esprit, qui Le remplit, Lui communique. L’Esprit conduit Jésus dans le désert, mais Il ne Le tente pas. Il place Jésus dans une situation de mise à l’épreuve, comme le fut aussi autrefois Adam, afin que soit manifesté que c’est de son total plein gré qu’Il va rester attaché à Dieu. Ce n’est ni sur Jésus, ni sur l’Esprit que repose la responsabilité de la tentation. Le tentateur est bien le diable, et le diable seul, comme c’est encore et toujours le cas aujourd’hui.

Une différence notoire sépare cependant les tentations auxquelles nous pouvons être exposés et celle que connut Jésus. Jacques nous le précise. Il affirme ainsi que personne d’entre nous ne peut, au sujet de la tentation, prétendre y avoir été exposé par le même processus que Lui. En effet, si l’Esprit dut conduire Jésus au désert pour être tenté, c’est qu’il n’y avait pas d’autre moyen possible pour cela. Lorsque le diable tente un homme, il peut, dit Jacques, compter sur un solide allié qui se trouve en lui : sa propre corruption éveillée par la convoitise : Jac 1,13 à 15. Or un tel état ne se trouvait pas en Jésus. Il n’y avait en lui rien que Satan ne puisse éveiller, exciter pour le perdre. Aussi fallait-il que ce soit l’Esprit qui mette Jésus en situation d’être tenté car, de Lui-même, Il ne l’aurait jamais été. Un fait attesté de plus par la nature des tentations auxquelles Jésus sera exposé. On ne trouve ici rien qui ait directement affaire aux penchants d’une nature mauvaise. C’est sur la base de ce que Jésus est, le Fils de Dieu, que le Malin fera ses propositions, la seule marge de manœuvre qu’il possède étant d’amener Jésus à faire un mauvaise usage des prérogatives qui Lui sont données, en tant que Fils, par le Père

Analyse des trois propositions du Malin à Jésus, Fils de Dieu :

Contexte : une preuve supplémentaire de la difficulté qu’a Satan à tenter Jésus se voit dans le moment qu’il choisit pour le faire. Jésus, après 40 jours de jeûne, a faim. Il est en réel manque. Son corps souffre et réclame un approvisionnement rapide de nourriture. C’est donc lorsque Jésus est au plus bas de ses forces physiques que Satan choisit de Lui suggérer les choses les plus enviables. Si Satan aime choisir l’instant le plus propice pour nous tenter, nul n’est besoin pour lui d’attendre, en ce qui nous concerne, une telle extrémité pour le faire. Un peu de fatigue, de lassitude, de contrariétés suffira souvent pour que notre vigilance se relâche. Mais l’âme de Jésus paraît, pour le Malin, une forteresse si imprenable qu’il lui est impossible d’agir quand il le veut. Satan, qui n’est pas patient, doit donc attendre le moment le plus opportun.

1ère proposition : elle touche au besoin physique, immédiat, le plus pressant que connaît Jésus : le besoin de nourriture. Ce que Satan suggère à Jésus dans ce domaine est simple. Si Jésus est le Fils de Dieu, obligatoirement Il est doté des pouvoirs qui reviennent à la Divinité. Rien ne l’empêche dès lors d’utiliser ces pouvoirs pour se sortir de la situation extrême dans laquelle il se trouve ici sur le plan physique. Dans ce qu’il dit, soulignons que le Malin n’a pas tort. C’est une chose de se prétendre Fils de Dieu, c’en est une autre d’en montrer de manière irréfutable les preuves. Jésus lui-même, une fois ce test de l’épreuve passée, suivra la logique développée ici par l’Adversaire. Tous Ses miracles dans le domaine du physique ne poursuivront qu’un but : manifester les signes de Sa Divinité : Luc 7,22 ; Jean 2,24. Là où Satan tente Jésus, ce n’est donc pas dans le fait de faire sur le champ un miracle pour se tirer d’affaire. C’est bien plutôt dans la proposition qu’il Lui fait d’user de Ses pouvoirs de manière autonome, c’est-à-dire en dehors du cadre du projet et de la volonté du Père : Jean 4,34 ; 6,38.

2ème proposition : elle touche à la finalité de la raison de la venue du Christ ici-bas : la royauté sur le monde. Si Jésus est le Fils de Dieu, pense avec raison le Malin, il n’y a pour Lui dans ce monde qu’une seule place qui se justifie : la plus élevée. Satan, à qui, par la chute d’Adam, le monde appartient de façon légitime, Lui propose donc de la Lui donner à une condition : que Jésus se prosterne devant lui, manifestant par ce geste qu’il se soumet à l’ordre spirituel établi par la reconnaissance publique (si ce n’est face aux hommes, face aux anges et à Dieu) de la souveraineté du Malin sur lui. La proposition du Malin, pourrait-on dire, ne manque pas de culot. Elle présente pour Jésus un avantage certain au prix d’une terrible obligation. Cet avantage est d’accéder directement au but (la domination universelle) sans passer par l’étape douloureuse que le Père impose pour y parvenir : la croix. L’obligation qui demeure est que, au lieu de siéger effectivement sur la place la plus élevée, Jésus n’occupe en réalité que la place de second, Satan restant au-dessus de Lui. La tentation à laquelle Jésus est exposé ici révèle une vérité dont nous devons absolument, en toutes circonstances, prendre acte. Cette vérité est que, quoi que ce soit que Satan semble nous offrir, il y a toujours plus à perdre en acceptant son offre qu’à gagner. Pour Jésus, même si l’apparence semble dire le contraire, il y a plus à gagner à perdre Sa vie sur la croix dans le cadre de la volonté du Père qu’à hériter du monde entier au prix de son âme. Perdre la vie est le prix maximal que nous pouvons payer dans notre attachement à Dieu ; perdre son âme est le prix que réclame Satan à qui veut profiter de ses largesses.

3ème proposition : de toutes, elle est peut-être la plus subtile. En effet, ce à quoi le diable touche ici ne le concerne ni lui, ni directement Jésus, mais, audace insurpassable, ce qui relève de l’engagement et des promesses du Père à l’égard du Fils. Comme pour ce qu’il en est des offres précédentes, la tentation à laquelle Satan expose Jésus ne posséderait rien de dangereux si elle ne s’appuyait pas sur un fond de vérité. Si Jésus, en effet, est le Fils de Dieu, Il n’a en principe absolument rien à craindre en terme d’accidents dans ce monde. Rien ne peut Lui arriver qui ne passe d’abord par la sphère de contrôle absolue de Dieu. Si, la promesse faite par Dieu à Son oint dans le Psaume 91,11, citée par le Malin, est juste, là où le raisonnement est faux est que celle-ci ne s’applique pour Lui, comme Jésus l’expérimentera à plusieurs reprises : Luc 4,30, que dans le cadre précis des actions entreprises dans la soumission à la volonté du Père. Oui ! La protection efficace de Dieu s’étend bien sur tous les Siens, et aucun accident, aucune chute, dans le contexte de l’obéissance, ne peut leur arriver sans Son consentement. Mais, tout Fils de Dieu que Jésus est, elle ne Lui est pas plus garantie, comme pour ce qui nous concerne, si Celui-ci s’expose volontairement à un danger.

Remarquons pour finir que, face aux trois offres diaboliques auxquelles Il a dû faire face, Jésus a usé du même mode de défense : Il a cité l’Ecriture, s’en tenant ainsi aux affirmations de la Parole de Dieu. La Parole, dira Paul plus tard, est, dans l’équipement spirituel que Dieu nous a donné pour faire face aux attaques de l’adversaire, l’épée de l’Esprit : Ephés 6,17. Aussi, ses affirmations équivalent-elles aux positions de Dieu Lui-même face aux diverses questions auxquelles nous pouvons être confrontées. Bien que Fils de Dieu, Jésus, par la façon avec laquelle Il a fait face à la tentation, nous montre comment, en tant qu’homme, nous devons nous aussi répondre aux suggestions subtiles auxquelles nous pouvons être exposés de la part du Malin. Il ne s’agit pour nous, face à la tentation, ni de considérer ce que Satan nous dit, ni de discuter avec lui. Notre salut se trouve dans l’abri que nous trouvons dans le secret du Très-Haut, comme le dit le psaume 91,1, psaume cité par le diable. Dieu, nous montre Jésus, ne nous demande pas, face à la tentation, de nous battre contre Satan avec nos propres armes, mais avec les Siennes. C’est retranché derrière Lui, avec les réponses qui sont les Siennes, que nous pouvons seulement affronter l’Adversaire et le vaincre. Aucune de nos armes, mais seules les armes de Dieu sont efficaces dans ce combat, quand bien même il essaierait lui aussi de les utiliser contre nous (fait qui, en lui-même, nous donne une raison supplémentaire de leur faire pleinement confiance).

« L’Ecriture citée tout simplement, sans développement ni commentaire, voilà tout ce que Jésus oppose au grand adversaire ; dans cette journée mystérieuse et terrible, à l’issue de laquelle l’œuvre entière de notre rédemption était suspendue.


Il est écrit ! et le tentateur s’arrête

Il est écrit ! et il recule

Il est écrit ! et le voici qui a tourné le dos" (René Pache : Inspiration et autorité de la Bible)


Notons enfin que, dans l’utilisation qu’Il fit de la Parole, Jésus puisa dans un seule livre, le Deutéronome écrit par Moïse, les versets par lesquels Il répondit à l’ennemi : Deut 8,3 ; 6,13 ; 6,16. Par cela, comme Il le fera encore à de multiples occasions, Il valide la pleine inspiration et autorité de l’Ecriture. Que la foi qui L’animait soit aussi celle qui nous anime aujourd’hui !



jeudi 26 novembre 2009

Chapitre 3, versets 23 à 38


Généalogie de Jésus


C’est par Joseph, son père adoptif, que Luc dresse la généalogie de Jésus qu’il fait remonter jusqu’à Adam, le premier homme, et Dieu, son Créateur. La raison de ce choix tient au fait que, sur le plan humain, c’est Joseph que l’on croyait être le père de Jésus. Jésus, dit Luc, était, à ce que ses voisins, ses contemporains pensaient, fils de Joseph.

Le fait pour Luc de rendre compte de la façon dont l’entourage de Jésus l’a perçu jusqu’à l’âge de trente ans n’est pas anodin. Il témoigne du fait évident que, si Jésus était Fils de Dieu, dans sa nature, rien, jusqu’à cet âge, mis à part l’homme parfait qu’il devait être, ne permettait à ceux qui le côtoyaient de le deviner. Le témoignage que rend Luc inscrit ainsi en faux toutes les descriptions fantaisistes que l’on trouve dans les évangiles apocryphes au sujet  des soi-disant miracles que Jésus aurait fait dans son enfance. C’est à l’heure voulue par le Père que le Fils révélera qui Il est au monde. Rien dans la période précédent cette heure, ne laissa, par un signe quelconque, voir à quiconque qui Jésus était réellement.

La remarque de Luc nous interroge aussi sur ce qui fait la marque de notre témoignage. Sans parole, sans acte inspirés par l’Esprit de Dieu, il est impossible à qui que ce soit de nos contemporains de découvrir également notre appartenance à Dieu. C’est ce que Dieu exprime, fait avec et au travers de nous qui atteste et manifeste ce que nous sommes en Lui. L’homme que nous sommes peut se distinguer par quelque vertu supérieure. On va alors se mettre à penser certaines choses sur nous, notre identité. Peut-être va-t-on nous trouver, sérieux, travailleur, bien éduqué, exemplaire et va-t-on attribuer cela à la famille de laquelle nous sommes issus, à l’éducation reçue… Ce que Dieu veut est qu’Il soit clairement établi pour tous que c’est par Lui que nous sommes ce que nous sommes. Pour cela, nous devons, comme Jésus, être prêt à entrer dans Ses œuvres, et ne pas avoir honte, non seulement d’être, mais encore de faire et de dire ce que Dieu désire que nous fassions et disions de Sa part pour être Ses témoins dans ce monde. C’est à Lui seul et à personne d’autre que la gloire de ce que nous sommes doit revenir !

vendredi 20 novembre 2009

Chapitre 3, versets 18 à 20


Jean et Hérode


La spiritualité de Jean, sa volonté d’être à la place que Dieu lui a fixé sans en déroger, ne se manifeste pas seulement dans l'attitude et la position qu’il a prise à l’égard de Jésus. Elle apparaît aussi dans sa façon d’être face à Hérode. Tout puissant et roi que soit Hérode, Jean, pour autant, ne changera pas pour lui les termes de son message. Chargé de réveiller la conscience de ses contemporains pour les préparer à la venue de Jésus, Jean annonçait de manière indistincte le même message à qui se trouvait face à lui. Les péchés d’Hérode, son adultère avec Hérodiade et les nombreuses exactions dont il s’était rendu coupable, n’étaient à ses yeux pas plus excusables que ceux des publicains ou des soldats qui étaient venus vers lui pour les confesser. Jean manifeste dans sa vie la double qualité dont fait preuve le véritable homme de Dieu : humilité par rapport à Dieu, et fidélité dans l’exercice de son ministère quel que soit le prix à payer, prix qui sera pour lui l’emprisonnement suivi, plus tard, de la décapitation. « La crainte des hommes tend un piège, dit le proverbe, mais celui qui se confie en l’Eternel est protégé : Prov 29,25. » Si la crainte dont a fait preuve Jean ne l’a pas protégé de la perte de sa vie, elle l’a préservé d’être infidèle à Dieu. Et, des deux, le second est de loin le plus important !

jeudi 19 novembre 2009

Chapitre 3, versets 15 à 17


Humilité de Jean-Baptiste


L’autorité spirituelle de Jean et de son message allant grandissant, tous, dit Luc, se demandaient s’il n’était pas le Christ promis et attendu. Il y a toujours danger pour un homme que Dieu a spécialement doué ou à qui il a donné une autorité particulière, d’outrepasser les limites de son mandat et d’usurper à Dieu la gloire qui doit lui revenir. Jean ne l’a pas fait, mais dans l’histoire de l’Eglise, certains, poussés par l’orgueil, n’ont pas hésité à franchir cette frontière, et à « marcher sur les plates-bandes du Christ » en s’arrogeant un rôle ou une position qui Lui portait ombrage.

Aussi puissant ou influent soit Jean pour les hommes de son temps, il est pour nous tous un modèle de spiritualité. Si Jean n’a aucune fausse humilité pour exercer son ministère et oser, avec autorité, délivrer le message que Dieu lui a ordonné de dire, il est, en revanche, habité par une vraie humilité à l’égard de Celui qu’il précède pour Le servir. Il y a entre lui et Celui qui vient, dit-il, une distance telle que c’est faire affront à Sa dignité que d’oser le comparer à Lui. Aussi ne viendra-t-il jamais à l’idée à aucun homme véritablement spirituel de détourner à son profit, alors qu’il en aurait l’occasion, une partie du poids de la gloire qui revient à son Maître. Car si nous sommes quelque chose, c’est à Lui et à Lui seul que nous le devons : cf Actes 14,13 à 15 ; Apoc 22,8-9.

Restant dans la ligne qui lui a été fixée de rendre témoignage au Christ, Jean apporte ici deux éléments supplémentaires à ce qu’il a déjà dit à Son sujet :

- le 1er élément concerne la différence notoire de nature entre le baptême que Jean administre et celui que le Christ administrera. Si Jean a baptisé d’eau, le Christ baptisera d’Esprit et de feu. C’est à l’intérieur de l’enveloppe humaine que s’opéreront les changements que le baptême conféré par le Christ produira, contrairement au baptême de Jean qui n’était qu’un signe extérieur.

- Si le Christ nous est donné pour le salut, la contrepartie de cette vérité est qu’Il est aussi envoyé par Dieu pour le jugement et la séparation définitive de l’humanité en deux camps.

A nous donc de nous positionner et d’en être conscient !

mardi 17 novembre 2009

Chapitre 3, versets 10 à 14


La repentance dans le concret


Après avoir présenté le caractère spirituel du message dont Dieu avait fait de lui le porteur, Jean, face aux questions qui lui sont posées par ses auditeurs, en vient aux applications concrètes que ce message induit. Notons que si le message reste le même, s’il implique de la part de chacun le même mouvement de retour à Dieu et de rupture avec le péché, il ne se traduit pas de la même manière dans les actes dans la vie de chacun. Parce que, quoique tous pécheurs et séparés de Dieu, nous sommes différents dans la façon de pratiquer le péché, il ne convient pas de vouloir faire passer chacun, pour son retour à Dieu, dans le même moule. Dans la pratique de Jean, la repentance est à la fois un message commun à tous (tous doivent l’entendre) et personnalisé à chacun (chacun doit comprendre ce qu’il implique pour lui dans sa situation particulière et son propre contexte de vie).

Luc nous rapporte ici les applications concrètes que Jean donna pour trois groupes de personnes :

- la foule : il l’exhorta à ne pas faire preuve d’égoïsme, mais d’un véritable esprit de partage envers les nécessiteux. Aimer Dieu, vouloir Lui plaire, c’est dans le concret de la vie, aimer son prochain comme soi-même et faire pour lui ce qu’on aimerait que l’on fasse pour nous dans sa situation : Mat 7,12.

- Les collecteurs de taxes : Jean les exhorta de manifester leur intention de plaire à Dieu en refusant de pratiquer le vol et l’enrichissement personnel au travers de leurs fonctions. Le message de la repentance pour les publicains impliquait une rupture radicale avec les pratiques habituelles du milieu.

- Les soldats : Jean les exhorta à ne pas abuser de leur position pour pratiquer l’injustice et user de violence envers les autres. Il y ajouta le fait pour eux de se contenter de la solde qu’ils percevaient. Là aussi, c’est par un comportement qui tranche avec celui des autres que le soldat qui craint Dieu traduira pour les autres la motivation intérieure qui l’anime.


Jusqu’où allons-nous pour nous-mêmes dans nos élans de repentance. Sont-ils suivis d’effets visibles ? Et comment personnalisons-nous ce message dans la vie de ceux qui viennent nous faire part de leur désir de revenir à Dieu et de Lui obéir ?

lundi 16 novembre 2009

Chapitre 3, versets 7 à 9


Le message de Jean


Pour le moins, on peut dire que Jean, par son message, n’y allait pas de main morte. Pour porter ses fruits, Jean savait que le message dont il était porteur nécessitait une vraie prise de conscience par ses auditeurs de leur situation de condamnation et de perdition. Ayant pour but de produire un changement de mentalité radical, le message de Jean ne pouvait qu’en avoir la tonalité. Dans notre société où les considérations psychologiques ont pris tant d’importance dans les relations humaines, n’avons nous pas amputé, dans la même proportion, les droits de Dieu au point que le message que nous délivrons en ait perdu à la fois son tranchant et sa gravité ? A force d’égards pour l’homme, c’est la personne de Dieu que nous en sommes venus à mépriser !

Cinq points particuliers ressortaient du message de Jean et de son comportement à l’égard de ceux qui venaient vers lui :

1. Jean ne faisait preuve d’aucune attitude de condescendance envers ceux qui s’approchaient de lui pour l’entendre. Très clairement, jean n’est pas là pour lui, pour se faire un nom ou gagner un public. Il est là pour dire à ceux qui viennent vers lui ce que Dieu lui a chargé de dire. Tout le reste n’a à ses yeux strictement aucune importance

2. Jean ne cherche en aucune manière à enrober les vérités qu’il est appelé à faire entendre à ceux qui viennent vers lui. Il est appelé à révéler aux hommes la réalité de leur état et de leur situation face à Dieu. Non ! les hommes ne sont pas bons et gentils. Il sont des vipères, de la race du serpent (Jésus n’hésitera pas à parler dans le même sens au risque de scandaliser : Jean 8,44). Non ! Les hommes ne doivent pas se faire d’illusions sur leur état et leur avenir devant Dieu ! Il n’y a pour personne aucun espoir de salut : seule la colère de Dieu les attend au terminus de leurs vies !

3. Jean ne fait pas que dire des vérités. Il dénonce les mensonges derrières lesquels ses auditeurs se cachent pour se rassurer. Les avantages religieux qu’ils pensent faire prévaloir devant Dieu pour espérer être sauvé sont nuls, sans force et sans valeur ! La meilleure façon de préparer quelqu’un à recevoir la vérité à laquelle on veut qu’il adhère est de dénoncer les mensonges derrière lesquels il se cache pour s’abriter !

4. Jean témoigne du caractère radical du jugement de Dieu sur l’homme. Il a pour but dans son message de s’attaquer à ce qui est à la racine de ce qui, dans les actes, provoque la colère de Dieu : le péché. Le revirement auquel il appelle ne doit pas être superficiel, mais total et entier. Il doit se traduire par des changements concrets, visibles, mesurables sans quoi les intentions déclarées n’ont aucune valeur.

5. Jean exige une preuve et une manifestation publique et immédiate de cette volonté de changement qui fait l’objet de son message. C’est le sens du baptême d’eau qu’il pratique, baptême qui fait suite à la confession des péchés !

Avons-nous le même courage, la même conscience de la gravité de la situation spirituelle dans laquelle se trouvent nos contemporains ? Ou, bercés et endormis par l’humanisme ambiant, notre christianisme n’en est-il qu’une forme religieuse ?

samedi 14 novembre 2009

Chapitre 3, versets 1 à 6


Fondement du ministère de Jean



Bien que préparé dès avant sa naissance pour le ministère qu’il allait remplir, c’est sur l’initiative de Dieu lui-même que Jean quitta le désert pour se rendre sur les bords du Jourdain et proclamer les message de repentance qu’il avait reçu ordre de délivrer. Si c’est de Dieu que nous recevons notre vocation, c’est aussi par Dieu que nous l’exerçons. Comme il en sera pour Moïse, Jésus ou, plus tard, l’apôtre Paul, il y a dans la vie de tout serviteur de Dieu le temps de l’appel et le temps dans l’entrée effective du ministère pour lequel Dieu l’a mis à part. C’est de Dieu que Jean a reçu à la fois le message dont il devait être le porteur et l’autorité dont il avait besoin pour le délivrer. Nous ne sommes au diapason de Dieu et soutenu par la force de Dieu dans ce que nous faisons que lorsque, au temps de Dieu, nous entrons dans les œuvres qu’il a préparées d’avance pour nous afin que nous les pratiquions : Ephés 2,10.

Notons de plus que aussi bien le ministère de Jean que le lieu dans lequel il l’exercera ne relèvent du pur hasard. Jean, dit Luc, est la voix annoncée par Esaïe le prophète, voix qui crie dans le désert pour appeler le peuple à réformer ses voies et se tenir prêt à accueillir le Seigneur. Il y a toujours danger lorsqu’un serviteur agit totalement en électron libre, sans pouvoir se rattacher à la chaîne de témoins qui l’ont précédé. Même si notre ministère, comme celui de Jean, est unique, aucun de nous n’est appelé à « inventer la roue ». Nous bâtissons tous sur un fondement déjà posé par autrui. La référence de Jean est Esaïe qui l’a précédé. Quelle est la nôtre ? De qui notre ministère a-t-il reçu ses lettres de créance ? Si nous ne pouvons pas répondre à ces questions, il y a fort à parier que ce n’est pas Dieu, mais nous-mêmes qui nous sommes envoyés en mission !

Comme dit plus haut, le lieu dans lequel Jean exerce son ministère ne relève en rien du hasard. Le Jourdain était un lieu de passage. C’est la frontière que les enfants d’Israël ont traversé pour entrer dans le pays promis : Nomb 33,51. C’est le fleuve dans lequel le général syrien Naaman dut se baigner pour être délivré de sa lèpre : 2 Rois 5,10. C’est le lieu duquel Elie partit lorsqu’il fut emporté par un char de feu vers le ciel : 2 Rois 2,7 à 13. Toute une symbolique qui, s’ils voulaient bien y réfléchir, ne pouvait échapper aux Juifs de l’époque de Jean.



Le message de Jean enfin, dit Luc, a pour objet de préparer le peuple au salut de Dieu qui va être révélé. Luc le présente, à partir des paroles d’Esaïe, comme la nécessaire remise à niveau de toutes les attitudes et comportements déviants face à Dieu. L’objectif du ministère de Jean, et le but du message dont il est le porteur, est d'aplanir les différences qui séparent les êtres à cause de leurs péchés pour les mettre tous à égalité devant Dieu. Car, devant lui, nulle montagne d’orgueil ne doit s’élever, et nulle fosse ne doit garder prisonnier celui qui s’y trouve. Ce qui est tortueux doit être redressé et ce qui est dur d’aspect doit être nivelé. Tel est, dans le concret, l’œuvre préparatoire nécessaire de la repentance, sans laquelle il est impossible que le Seigneur trouve un chemin préparé pour pénétrer dans les cœurs. Que Dieu nous donne de ne pas mettre de côté, dans notre annonce de l’Evangile, la bonne nouvelle du salut, cette nécessaire étape d’entrée !

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vendredi 13 novembre 2009

Chapitre 2, versets 39 à 52


Enfance et jeunesse de Jésus



Le même constat que pour Jean-Baptiste est fait au sujet de la croissance de Jésus durant la période de son enfance : Luc 1,80. Jésus, comme Jean, manifeste dès ses premières années de vie qu’Il est un être particulier, mis à part pour Dieu. Luc rapporte les deux traits qui, dans la mémoire de son entourage, sont restés en souvenir de ce qu’Il était durant cette étape de Sa vie :

1er trait : Jésus était dès Son enfance rempli de sagesse. Il faisait preuve d’à propos et de maturité comme personne de son âge. Cette sagesse venait de la conscience aiguë qu’Il avait des réalités spirituelles. Dès Son plus jeune âge, Jésus a pensé de façon juste sans être affecté, comme nous pouvons l’être, par la déformation du péché. Jésus donnera une démonstration de cette sagesse peu commune qui L’habitait par l’épisode mentionné ci-après.

2ème trait : la grâce de Dieu, Sa faveur reposait manifestement sur Lui. Comment se traduisait-elle ? Pas par des miracles ou certaines œuvres de puissance comme certains évangiles apocryphes aimeraient nous le faire croire. Nul doute que si cela avait été le cas, Luc, soucieux d’exactitude, n’aurait pas manqué de le souligner. On peut penser que deux choses démontraient, à ce stade de la vie de Jésus, la présence de cette grâce de Dieu sur sa vie : une certaine réussite dans ce que Jésus faisait, une inspiration spirituelle évidente. Pour tous, Dieu, de manière évidente, déjà à cette époque de Sa vie, était avec Lui !

Preuve sera donnée de ces deux réalités par l’épisode relaté de la visite de Jésus dans le temple à l’âge de 12 ans. Alors que, selon la coutume, Jésus et ses parents étaient montés à Jérusalem pour la fête de Pâque, les choses ne se déroulèrent pas sur le retour comme d’habitude. Les détails du récit rapporté par Luc sont révélateurs de quantité de traits au sujet des principaux personnages impliqués :

1. Joseph et Marie : on perçoit, dans le début du récit, le niveau de confiance qui les habitait à propos de Jésus. Alors qu’ils rentrent à Nazareth, il faudra attendre pratiquement une journée pour qu’ils s’inquiètent vraiment de savoir où se trouve réellement leur fils. Manifestement Joseph et Marie ne font pas partie de ces parents possessifs qui étouffent leurs enfants au point de ne leur laisser aucun espace de liberté. D’un autre côté, leur mésaventure nous enseigne que nous ne devons pas nous satisfaire de suppositions quant au lieu où ils sont et à la compagnie dans laquelle ils se trouvent.

Nous pouvons imaginer également l’inquiétude qui fut la leur pendant les 3 journées de recherche de leur fils. Trois jours pendant lesquels, sur le chemin, ils questionnèrent leurs amis pour savoir s’ils savaient où se trouvait Jésus, s’ils l’avaient vu. Trois jours à scruter les visages pour essayer de croiser le sien sur la route. Trois jours pendant lesquels peut-être des questions insidieuses devaient germer dans leur esprit. Jésus n’était-il pas le Fils de Dieu ? Se pouvait-il qu’Il se perde ou qu’Il lui arrive malheur ? Non ! Une telle éventualité était impossible ! Pourtant , il était introuvable !

Ces 3 jours d’angoisse sont pour Marie le prélude, l’anticipation de ce qu’elle allait vivre à la fin du parcours humain de Jésus. S’est-elle souvenue, durant les trois jours où Jésus fut dans le tombeau, de cet épisode de son enfance ? Nous ne le savons pas ! Peut-être bien après coup ! L’un comme l’autre sont là cependant pour témoigner que, quelles que soient les impressions, ce que Dieu a dit, ce à quoi Il s’est engagé, s’accomplira ! Ni la mort, ni aucun péril n’a le pouvoir de mettre en échec les desseins de Dieu sur une vie !

2. Pour ce qui concerne Jésus, on note en premier lieu le peu de cas qu’il se fait du souci qu’il doit procurer à ses parents. Y a-t-il pensé ? Comment comptait-Il agir ? Jusqu’à quand comptait-Il rester à Jérusalem : nous ne le savons. A l’ère des téléphones portables, ce qui se passe ici n’aurait pas généré l’inquiétude qu’on lit. Un coup de fil rapide aurait suffi à rassurer les parents. Mais, manifestement, ce que Jésus vit et fait à cette heure prime davantage chez lui que ce qu’en tant qu’enfant, il doit à ses parents.

Dans l’enseignement futur que Jésus donnera à Ses disciples, Il ne manquera pas de traduire en principes à appliquer la primauté qu’Il aura démontré ici du service et des obligations que l’on doit à Dieu sur ceux que l’on doit aux hommes, y compris à ses plus proches : Luc 14,26. Ce que Jésus a vécu en terme de priorité quant à Dieu et sa famille terrestre, Il nous demande de le vivre aussi en ce qui touche aux mêmes relations.

Il nous faut aussi noter en passant la débrouillardise de Jésus qui, pendant 3 jours, a su trouver les moyens de vivre. A-t-Il jeûné ? Avait-Il des provisions ? A-t-Il bénéficié d’une aide quelconque ? La relation de Jésus avec Son Père faisait de Lui un enfant confiant, sécurisé ! Croyons-nous que la relation avec Dieu est, pour nous comme pour nos enfants, le plus sûr moyen d’avancer avec confiance dans la vie ?

Jésus démontre enfin ici, dans ses dialogues avec les docteurs de la loi, la sagesse et la grâce qui, déjà, l’habitent. Jésus est la preuve vivante que la sagesse n’est pas le résultat de l’accumulation de la connaissance. Elle est plutôt le fruit de l’assimilation dans la vie et la pensée de ce que l’on a reçu et compris de Dieu, par Sa Parole : cf 1 Cor 2,6-7.13.

Après cet épisode, Jésus démontrera de deux manières à ses parents que la liberté qu’il a prise à leur égard n’était en rien de la rébellion :

- Il leur rappelle ce qu’ils devraient pourtant savoir. Jésus n’est pas un enfant comme les autres. Il est le Fils de Dieu. Il est donc tout à fait légitime, qu’à certains moments et dans certains lieux, Il s’occupe des affaires de Son Père

- Par la suite, Il leur est soumis. Jésus fait la part des choses entre ce qu’Il doit aux hommes et ce qu’Il doit à Dieu. Il ne mélange pas les deux domaines, mais Il fait preuve de la même intégrité en chacun d’eux en ce qui concerne le degré d’obéissance qu’Il doit à l’Un (Dieu), et aux autres (ici Ses parents). Que Dieu nous donne la même attitude !

lundi 9 novembre 2009

Chapitre 2, versets 36 à 38


2ème témoin : Anne



En même temps que Siméon, et peut-être auditrice de son témoignage et de ses déclarations à propos de Jésus, se trouvait, présente dans le temple, Anne, une femme veuve et âgée. Comme Siméon, Anne ne faisait pas partie des personnalités notoires de la ville. Dieu cependant connaissait la valeur spirituelle de cette femme qui, si elle ne l’était pas à ceux des hommes, était grande à Ses yeux. Cette valeur, nous la touchons du doigt, par les quelques éléments descriptifs relevés par Luc à son sujet :

1) Anne, nous dit Luc, n’était pas une femme comme les autres. C’était une prophétesse, une femme dont les messages étaient reconnus comme inspirés de Dieu. Cette accréditation qui, certainement, avait du se faire sur des années, voyait ici, dans le témoignage rendu à Jésus, se réaliser l’aboutissement de sa finalité. Toute la vie d’Anne, son parcours, sa piété profonde ne visaient finalement dans le dessein de Dieu qu’une seule chose. Tout convergeait en un seul faisceau pour un seul but, un seul instant : celui de la rencontre en ce jour et en ce lieu avec Celui dont elle disait à tous ceux qui voulaient bien l’entendre qu’Il est la rédemption de Jérusalem.

Ils sont nombreux ceux qui, dans le dessein et la Parole de Dieu, font une apparition fugitive pour être à un moment donné, en un lieu précis, l’homme, la femme qu’Il va utiliser pour magnifier Son nom ou être les porte-flambeaux de Son témoignage : la jeune servante israélite auprès de Naaman : 2 Rois 5,3, Ananias : Actes 9,10… Sommes-nous prêts à ce que notre vie entière soit préparée, formée dans le plan de Dieu pour un instant, un moment ? Mais quel moment si grand, si glorieux, si capital pour le nom de Jésus : preuve en est que Dieu Lui-même en inscrit, pour toutes les générations, le souvenir dans Son livre !

2) Sur le plan humain, Anne avait été mariée sept ans avant de devenir veuve. Depuis, précise Luc, elle ne s’était pas remariée. Bien que désireux d’être précis dans son enquête et dans le rapport qu’il fait des événements qui ont entouré la vie de Jésus, Luc aurait pu se dispenser de relever ce trait de la vie d’Anne. S’il le fait, c’est qu’il y relève une particularité révélatrice de la personne et du caractère d’Anne. Anne est une femme profonde, fidèle à ses amours et ses engagements. Il n’est donc pas étonnant, qu’attachée à Dieu, on la retrouve en ce lieu au moment précis où Marie et Joseph arrivent avec Jésus dans le temple. La fidélité d’Anne est la raison première de l’utilité qu’aura sa vie en bout de course au dessein de Dieu.

3) Devenue âgée de 84 ans, Anne ne s’éloignait pas du temple. Elle prenait part au culte qui y était rendu à Dieu par des jeûnes et des prières auxquels elle s’adonnait nuit et jour. Tout ici, une fois de plus, respire l’attachement profond d’Anne à son Dieu : son âge avancé, sa volonté de rester près du temple à lire comme une volonté de sa part d’être proche de Dieu, les exercices spirituels auxquels elle se donnait. S’il y avait une femme d’exception, sur le plan spirituel, qu’il fallait trouver pour rendre témoignage de Jésus, c’était Anne. Or, c’est cette femme si pieuse, exemplaire, en fin de parcours de vie, qui loue et exalte Celui qui, à peine né, n’a encore rien fait, mais en qui elle devine toute la gloire cachée.

Y avait-il témoins plus précieux, plus adéquats que Siméon et Anne pour mettre en relief, dès Sa naissance, la gloire et l'identité du Fils de Dieu, Jésus ?

samedi 7 novembre 2009

Chapitre 2, versets 25 à 35


Deux témoins préparés :


Après les bergers prévenus de manière surnaturelle, deux nouveaux témoins croisent le chemin de Marie et Joseph à Jérusalem :

1er témoin : Siméon :

Il faisait partie, comme Zacharie et Elisabeth (cf Luc 1,6) choisis pour être les parents de Jean, de la catégorie de gens qui, en Israël, étaient reconnus, par Dieu au moins, comme justes et pieux. A ce titre, nous dit Luc qui, par cette révélation, témoigne de la rigueur avec laquelle il a mené l’enquête « Jésus » qui est le thème de son Evangile, Siméon avait été l’objet d’un avertissement prophétique particulier de la part de Dieu : il avait été ainsi prévenu par l’Esprit de Dieu qu’il ne mourrait pas avant d’avoir vu de ses propres yeux le Christ attendu et annoncé par les prophètes. Cette grâce particulière dont est l’objet Siméon confirme une fois de plus que, dans l’histoire, ce sont les justes qui, toujours, sont les agents de la révélation et les maillons qui en relient le tout en une chaîne ininterrompue.

Poussé par l’Esprit qui lui avait communiqué cette révélation, Siméon se rendit au temple au moment où Marie et Joseph y entraient eux aussi avec l’enfant. Lorsque c’est l’Esprit qui conduit, nul n’est besoin de devoir nous-mêmes forcer les événements pour les amener à coïncider à ce que l’on souhaite. C’est Dieu Lui-même qui arrange les choses de manière à ce que nous n’ayons plus qu’à entrer dans ce qu’Il a préparé d’avance pour nous. Dieu ne nous fait jamais une promesse, Il ne nous donne jamais une mission sans nous fournir, jusque dans les détails, tous les moyens et les ressources nécessaires pour les accomplir.

Voyant donc Jésus, Siméon le prit des bras de Marie, bénit Dieu et exprima, aux oreilles de ses parents, les certitudes qui étaient les siennes au sujet de cet enfant. Si la preuve doit être donnée qu’il n’est pas nécessaire de faire de grands discours pour dire des choses profondes et essentielles, c’est sans nul doute à Siméon qu’en revient la palme. 4 affirmations fortes ressortent du témoignage rendu en ce lieu par Siméon :


- Siméon confirme que l’enfant Jésus est bien Celui que Dieu lui a promis de voir avant sa mort. Siméon peut désormais partir en paix : Dieu a tenu parole. Sans doute ne verra-t-il pas le Christ vivre, guérir les malades, ressusciter les morts. Il n’entendra jamais les discours qu’Il prononcera. Mais, de ses yeux, il l’a vu. Il sait que, maintenant, Il est dans le monde et que l’heure de l’accomplissement des prophéties est venu.


- Siméon témoigne qu’a travers Jésus, c’est le salut de Dieu qui est venu jusqu’aux hommes. Le thème introduit par Siméon ici à la naissance de Jésus sera aussi celui repris directement par Pierre après Sa résurrection. « Il n’y a de salut en aucun autre, car il n’y a sous le ciel aucun autre nom donné parmi les hommes par lequel nous puissions être sauvés : Actes 4,12.


- Siméon témoigne de la portée qu’aura ce salut. Il est préparé pour tous les peuples. Il sera la lumière qui éclairera toutes les nations. Prophétie d’une étonnante portée si l’on considère le personnage qu’est Siméon, juif pieux. Avant l’apôtre Pierre, qui aura besoin d’une révélation particulière pour le comprendre : Actes 10, anticipant Paul qui fera des nations le champ d’action de son apostolat : Galates 2,8, Siméon a déjà dans le début (Jésus est à peine là) la vision de la fin (vérifiable aujourd’hui). Qui d’autre que l’Esprit de Dieu peut donner une telle connaissance à un homme !


- Siméon annonce en Jésus celui qui est la gloire d’Israël. Là encore, Siméon voit au-delà de la croix, lieu de la honte, la fin dernière de ce que sera Jésus pour le peuple duquel Il est issu. Si, en partie, la première partie de la prophétie, concernant les nations, a été accomplie, cette dernière doit encore être complètement réalisée. Elle le sera au jour où, poussé dans ses extrêmes, prêt à être détruit, Israël pleurera Celui qu’ils ont percé, ouvrant ainsi toute grandes les portes de la nation à Sa royauté : Zacharie 12,10.

Après avoir béni Dieu et témoigné des certitudes qui l’habitaient au sujet de l’enfant qui était devant lui, c’est vers Marie et Joseph que Siméon se tournera pour les bénir et préciser ce que sera l’effet Jésus dans le monde et la propre vie de Marie. Sur la même ligne que la prophétie ci-dessus, Siméon fait une fois de plus ici preuve d’une clairvoyance extraordinaire. Analyse de ses 3 déclarations, certes succinctes, mais, pour l’une d’entre elle, calibrée, pourrait-on dire, au millimètre près : Jésus sera :


- pour Israël une occasion de chute et de relèvement pour plusieurs. Siméon prévient : la neutralité face à Jésus n’existera pas : soit on adhérera totalement à ce qu’Il est, et l’on fera l’expérience de la force restauratrice qui émane de Lui ; soit on le rejettera pour ce qu’Il dit être, et l’on provoquera sa propre chute. Paul, le grand héraut de Jésus-Christ, confirmera plus tard la justesse de vue de la prophétie de Siméon : 2 Cor 2,15. L’affirmation de Siméon sur l’effet Jésus nous rappelle un principe lié à la vérité. C'est le fait que la vérité est une et que la réalité ne peut se penser dans le monde que de manière binaire. Nous ne pouvons être que dans la foi ou l’incrédulité, le salut ou la perdition, la mort ou la vie, la lumière ou les ténèbres. Comme il en est de tout absolu, il n’existe pas à propos de Jésus de synthèse possible, synthèse qui serait la réunion à Son sujet d’une thèse et d’une antithèse. On adhère à Jésus tel qu’Il est où on Le rejette.


- Dans le monde un signe qui provoquera la contradiction. Si aujourd’hui on ne se bat plus dans les rues à propos de Jésus, que de batailles physiques et théologiques ont eu lieu dans le passé à Son sujet : Jésus était-il vrai homme, vrai Dieu ? Savait-il qui Il était ? Sa résurrection était-elle seulement physique ou spirituelle ? Tout cela sans compter les guerres religieuses, toutes liées de près ou d’un peu plus loin à Sa Personne : l’islam et son refus de la Tri-unité, la Réforme et sa volonté de retour au témoignage restrictif de la Parole de Dieu en matière de foi… Et aujourd’hui les nombreuses sectes, mouvements philosophiques, voire politiques qui, tous, d’une manière ou d’une autre, récupèrent Jésus pour se servir de lui comme une caution à leurs propres idées. Jésus, dans tous les siècles, est et restera jusqu’à la fin, le Rocher sur lequel chacun va buter : Esaïe 8,14, mais aussi un Roc solide pour qui prendra appui sur Lui : Esaïe 28,16.


- Pour Marie, la cause de déchirement et de souffrance intérieure la plus profonde de sa vie. Cette ambivalence dans laquelle se trouvera Marie à propos de Jésus apparaît déjà plusieurs fois dans les Evangiles dans leurs relations : Luc 2,48-49 ; Jean 2,1 à 5 ; Marc 3,31 à 35. C’est à la croix cependant que Marie connaîtra les affres du tourment les plus grands au sujet de son fils, affres qui seront suivis de la joie de la résurrection à laquelle il lui sera donnée d'être, aves Ses disciples, un témoin.  Notons ici, comme je l’ai dit ci-dessus, le précision millimétrée de la prophétie de Siméon qui, bien qu’ayant Joseph et Marie devant lui, ne s’adresse qu’à cette dernière à ce sujet. Siméon ne pouvait le savoir, mais il est fort probable que Joseph ne soit plus de ce monde au moment de la mort de Jésus. Etonnante précision et exactitude, jusque dans les moindres détails, des prophéties bibliques !



jeudi 5 novembre 2009

Chapitre 2, versets 21 à 24


Présentation de Jésus au temple



Selon la coutume, les parents de Jésus firent pour lui ce que la loi prescrivait pour tout enfant mâle. Au bout de huit jours, ils le circoncirent et se mirent en route pour Jérusalem afin d’offrir à L’Eternel en signe de purification pour Marie qui venait d’accoucher : Lévitique 12, le sacrifice exigé par la loi pour les pauvres de la nation : une paire de tourterelles ou deux colombes à la place de brebis ou de chèvre.

Les premiers pas de Jésus dans la nation juive ne diffèrent pas de ceux d’un autre enfant. Bien que Fils de Dieu, Jésus, par le sang, est juif, fils d’Abraham. Jamais, tout au long de son parcours, on ne trouvera en lui une attitude ou des paroles par lesquels Il renierait cette identité. Au contraire, d’une certaine manière, Jésus voudra être pour les juifs l’exemple de ce que doit être un vrai juif selon le cœur de Dieu : un juif qui ne se contente pas de garder la forme extérieure de la loi, mais qui en adopte l’esprit : Matthieu 23,16 à 24. Entré dans la nation en tant que juif, c’est en juif aussi qu’il en sortira, condamné sous le titre même de Roi des juifs, ce qu’Il était en vérité dans tous les sens du terme : Luc 23,38. C’est aussi comme tel que, selon les prophètes, Il doit être reçu par Sa nation dans la fin des temps : Zacharie 12,10. Ce n’est que lorsque cette reconnaissance aura lieu qu’Israël pourra être dans le monde ce que Dieu voulait qu’il soit et que la paix, enfin, régnera parmi les nations : Esaïe 2,1 à 5.

mardi 3 novembre 2009

Chapitre 2, versets 15 à 20


Visite des bergers à Jésus



Leur mission achevée, les anges quittèrent la compagnie des bergers pour retourner dans ce qui est leur sphère de vie habituelle : le ciel. Combien, s’il était possible, aimerions-nous les imiter. Mais tel n’est pas le choix immédiat de Dieu pour nous. Si les anges reçoivent de la part de Dieu des missions qui, du ciel, les propulsent sur la terre, nous avons, nous qui, comme eux, sommes des témoins du Christ, un mandat qui nous a aussi été confié pour ce monde. Bien que différents des anges, Paul nous révèle que, sous un certain aspect, nous leur ressemblons quand même. Nés de nouveau, devenus citoyens du ciel, nous bénéficions d’une double appartenance. Notre ministère, certes, s’exerce sur la terre, mais nous appartenons déjà au ciel qui, pour un temps, nous prête à la terre pour le bien de l’Eglise, corps de Christ, comme pour l’avancement de l’Evangile dans le monde : Ephés 4,8. Nous ne faisons pas comme les anges des allers et retours incessants du ciel vers la terre, mais, sur le plan spirituel, nous bénéficions déjà du même statut qu’eux, notre raison d’être ici-bas ne tenant qu’au dessein que Dieu a en vue de réaliser pour le bien du monde à travers nous !

La révélation donnée, les anges partis, l’heure est venue pour les bergers de se positionner face à ce qu’ils ont entendu et appris. Dieu l’a toujours voulu ainsi. Si une révélation, une parole de connaissance nous est donnée de la part de Dieu, elle n’a pas pour objet d’augmenter notre savoir ou de satisfaire notre curiosité. Elle a toujours pour but de nous pousser à l’action. Toute révélation qui n’aboutit pas à une décision qui conduit à l’action perd sa raison d’être. Et dans ce domaine, comme les bergers le font, le plus tôt est toujours le mieux.

Rendus à Bethléem, les bergers ne sont pas déçus. Ils trouvent exactement les choses comme les anges le leur ont dit. C’est à ceux qui agissent que revient la joie de faire l’expérience que ce que Dieu dit est vrai. Bénis par leur prise de position conséquente, les bergers, s’en retournant, sont les premiers évangélistes du Christ. Qu’est ce qu’être témoin du Christ, si ce n’est de dire et de partager aux autres ce que, par l’expérience issue de notre sujétion à la révélation reçue, nous avons vu, reçu, vécu ou compris ! Révélation, prise de position, expérience, témoignage sont les étapes chronologiques incontournables du processus qui fait que ce qui vient du ciel, et qui au départ, est en Dieu seul, se répand sur la terre et devient su et connu par tous les hommes. Que Dieu me donne que, dans ce processus dans lequel Il m’a inclus, je fasse ma part et joue en mon temps le rôle qui me revient !

Frappée par ce qu’elle voit et entend, Marie ne peut qu’être poussée à la méditation. La méditation est l’activité qui naît de la succession des révélations. Elle consiste en une réflexion dans laquelle le cœur et l’esprit cherchent à établir les liens qui unissent toutes les révélations qui nous parviennent en une construction ordonnée, cohérente de notre compréhension du mystère du Christ. Que, par la lecture et la méditation des Ecritures, Dieu nous en donne l’image de plus en plus juste : 2 Cor 4,4.