lundi 30 novembre 2009

Chapitre 4, versets 1 à 12

Jésus tenté par le diable

Du Jourdain où Il fut baptisé, Jésus , poussé par l’Esprit, passa directement au désert où, pendant 40 jours, Il fut mis à l’épreuve par le diable. Si le lieu où Jésus est conduit par l’Esprit est celui où le diable le tente, Luc prend soin, dans l’attribution des rôles qu’il donne à chaque acteur du scénario qui se trame ici, de bien séparer les choses. Jésus ne va pas de lui-même au-devant de la tentation. Il ne fait qu’obéir, se soumettre aux directives que l’Esprit, qui Le remplit, Lui communique. L’Esprit conduit Jésus dans le désert, mais Il ne Le tente pas. Il place Jésus dans une situation de mise à l’épreuve, comme le fut aussi autrefois Adam, afin que soit manifesté que c’est de son total plein gré qu’Il va rester attaché à Dieu. Ce n’est ni sur Jésus, ni sur l’Esprit que repose la responsabilité de la tentation. Le tentateur est bien le diable, et le diable seul, comme c’est encore et toujours le cas aujourd’hui.

Une différence notoire sépare cependant les tentations auxquelles nous pouvons être exposés et celle que connut Jésus. Jacques nous le précise. Il affirme ainsi que personne d’entre nous ne peut, au sujet de la tentation, prétendre y avoir été exposé par le même processus que Lui. En effet, si l’Esprit dut conduire Jésus au désert pour être tenté, c’est qu’il n’y avait pas d’autre moyen possible pour cela. Lorsque le diable tente un homme, il peut, dit Jacques, compter sur un solide allié qui se trouve en lui : sa propre corruption éveillée par la convoitise : Jac 1,13 à 15. Or un tel état ne se trouvait pas en Jésus. Il n’y avait en lui rien que Satan ne puisse éveiller, exciter pour le perdre. Aussi fallait-il que ce soit l’Esprit qui mette Jésus en situation d’être tenté car, de Lui-même, Il ne l’aurait jamais été. Un fait attesté de plus par la nature des tentations auxquelles Jésus sera exposé. On ne trouve ici rien qui ait directement affaire aux penchants d’une nature mauvaise. C’est sur la base de ce que Jésus est, le Fils de Dieu, que le Malin fera ses propositions, la seule marge de manœuvre qu’il possède étant d’amener Jésus à faire un mauvaise usage des prérogatives qui Lui sont données, en tant que Fils, par le Père

Analyse des trois propositions du Malin à Jésus, Fils de Dieu :

Contexte : une preuve supplémentaire de la difficulté qu’a Satan à tenter Jésus se voit dans le moment qu’il choisit pour le faire. Jésus, après 40 jours de jeûne, a faim. Il est en réel manque. Son corps souffre et réclame un approvisionnement rapide de nourriture. C’est donc lorsque Jésus est au plus bas de ses forces physiques que Satan choisit de Lui suggérer les choses les plus enviables. Si Satan aime choisir l’instant le plus propice pour nous tenter, nul n’est besoin pour lui d’attendre, en ce qui nous concerne, une telle extrémité pour le faire. Un peu de fatigue, de lassitude, de contrariétés suffira souvent pour que notre vigilance se relâche. Mais l’âme de Jésus paraît, pour le Malin, une forteresse si imprenable qu’il lui est impossible d’agir quand il le veut. Satan, qui n’est pas patient, doit donc attendre le moment le plus opportun.

1ère proposition : elle touche au besoin physique, immédiat, le plus pressant que connaît Jésus : le besoin de nourriture. Ce que Satan suggère à Jésus dans ce domaine est simple. Si Jésus est le Fils de Dieu, obligatoirement Il est doté des pouvoirs qui reviennent à la Divinité. Rien ne l’empêche dès lors d’utiliser ces pouvoirs pour se sortir de la situation extrême dans laquelle il se trouve ici sur le plan physique. Dans ce qu’il dit, soulignons que le Malin n’a pas tort. C’est une chose de se prétendre Fils de Dieu, c’en est une autre d’en montrer de manière irréfutable les preuves. Jésus lui-même, une fois ce test de l’épreuve passée, suivra la logique développée ici par l’Adversaire. Tous Ses miracles dans le domaine du physique ne poursuivront qu’un but : manifester les signes de Sa Divinité : Luc 7,22 ; Jean 2,24. Là où Satan tente Jésus, ce n’est donc pas dans le fait de faire sur le champ un miracle pour se tirer d’affaire. C’est bien plutôt dans la proposition qu’il Lui fait d’user de Ses pouvoirs de manière autonome, c’est-à-dire en dehors du cadre du projet et de la volonté du Père : Jean 4,34 ; 6,38.

2ème proposition : elle touche à la finalité de la raison de la venue du Christ ici-bas : la royauté sur le monde. Si Jésus est le Fils de Dieu, pense avec raison le Malin, il n’y a pour Lui dans ce monde qu’une seule place qui se justifie : la plus élevée. Satan, à qui, par la chute d’Adam, le monde appartient de façon légitime, Lui propose donc de la Lui donner à une condition : que Jésus se prosterne devant lui, manifestant par ce geste qu’il se soumet à l’ordre spirituel établi par la reconnaissance publique (si ce n’est face aux hommes, face aux anges et à Dieu) de la souveraineté du Malin sur lui. La proposition du Malin, pourrait-on dire, ne manque pas de culot. Elle présente pour Jésus un avantage certain au prix d’une terrible obligation. Cet avantage est d’accéder directement au but (la domination universelle) sans passer par l’étape douloureuse que le Père impose pour y parvenir : la croix. L’obligation qui demeure est que, au lieu de siéger effectivement sur la place la plus élevée, Jésus n’occupe en réalité que la place de second, Satan restant au-dessus de Lui. La tentation à laquelle Jésus est exposé ici révèle une vérité dont nous devons absolument, en toutes circonstances, prendre acte. Cette vérité est que, quoi que ce soit que Satan semble nous offrir, il y a toujours plus à perdre en acceptant son offre qu’à gagner. Pour Jésus, même si l’apparence semble dire le contraire, il y a plus à gagner à perdre Sa vie sur la croix dans le cadre de la volonté du Père qu’à hériter du monde entier au prix de son âme. Perdre la vie est le prix maximal que nous pouvons payer dans notre attachement à Dieu ; perdre son âme est le prix que réclame Satan à qui veut profiter de ses largesses.

3ème proposition : de toutes, elle est peut-être la plus subtile. En effet, ce à quoi le diable touche ici ne le concerne ni lui, ni directement Jésus, mais, audace insurpassable, ce qui relève de l’engagement et des promesses du Père à l’égard du Fils. Comme pour ce qu’il en est des offres précédentes, la tentation à laquelle Satan expose Jésus ne posséderait rien de dangereux si elle ne s’appuyait pas sur un fond de vérité. Si Jésus, en effet, est le Fils de Dieu, Il n’a en principe absolument rien à craindre en terme d’accidents dans ce monde. Rien ne peut Lui arriver qui ne passe d’abord par la sphère de contrôle absolue de Dieu. Si, la promesse faite par Dieu à Son oint dans le Psaume 91,11, citée par le Malin, est juste, là où le raisonnement est faux est que celle-ci ne s’applique pour Lui, comme Jésus l’expérimentera à plusieurs reprises : Luc 4,30, que dans le cadre précis des actions entreprises dans la soumission à la volonté du Père. Oui ! La protection efficace de Dieu s’étend bien sur tous les Siens, et aucun accident, aucune chute, dans le contexte de l’obéissance, ne peut leur arriver sans Son consentement. Mais, tout Fils de Dieu que Jésus est, elle ne Lui est pas plus garantie, comme pour ce qui nous concerne, si Celui-ci s’expose volontairement à un danger.

Remarquons pour finir que, face aux trois offres diaboliques auxquelles Il a dû faire face, Jésus a usé du même mode de défense : Il a cité l’Ecriture, s’en tenant ainsi aux affirmations de la Parole de Dieu. La Parole, dira Paul plus tard, est, dans l’équipement spirituel que Dieu nous a donné pour faire face aux attaques de l’adversaire, l’épée de l’Esprit : Ephés 6,17. Aussi, ses affirmations équivalent-elles aux positions de Dieu Lui-même face aux diverses questions auxquelles nous pouvons être confrontées. Bien que Fils de Dieu, Jésus, par la façon avec laquelle Il a fait face à la tentation, nous montre comment, en tant qu’homme, nous devons nous aussi répondre aux suggestions subtiles auxquelles nous pouvons être exposés de la part du Malin. Il ne s’agit pour nous, face à la tentation, ni de considérer ce que Satan nous dit, ni de discuter avec lui. Notre salut se trouve dans l’abri que nous trouvons dans le secret du Très-Haut, comme le dit le psaume 91,1, psaume cité par le diable. Dieu, nous montre Jésus, ne nous demande pas, face à la tentation, de nous battre contre Satan avec nos propres armes, mais avec les Siennes. C’est retranché derrière Lui, avec les réponses qui sont les Siennes, que nous pouvons seulement affronter l’Adversaire et le vaincre. Aucune de nos armes, mais seules les armes de Dieu sont efficaces dans ce combat, quand bien même il essaierait lui aussi de les utiliser contre nous (fait qui, en lui-même, nous donne une raison supplémentaire de leur faire pleinement confiance).

« L’Ecriture citée tout simplement, sans développement ni commentaire, voilà tout ce que Jésus oppose au grand adversaire ; dans cette journée mystérieuse et terrible, à l’issue de laquelle l’œuvre entière de notre rédemption était suspendue.


Il est écrit ! et le tentateur s’arrête

Il est écrit ! et il recule

Il est écrit ! et le voici qui a tourné le dos" (René Pache : Inspiration et autorité de la Bible)


Notons enfin que, dans l’utilisation qu’Il fit de la Parole, Jésus puisa dans un seule livre, le Deutéronome écrit par Moïse, les versets par lesquels Il répondit à l’ennemi : Deut 8,3 ; 6,13 ; 6,16. Par cela, comme Il le fera encore à de multiples occasions, Il valide la pleine inspiration et autorité de l’Ecriture. Que la foi qui L’animait soit aussi celle qui nous anime aujourd’hui !



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