mercredi 30 décembre 2009

Chapitre 6, versets 6 à 11


Seconde polémique sur le sabbat :


Alors que, jusqu’à présent, les scribes et les pharisiens avaient la main dans les discussions polémiques qu’ils initiaient avec Jésus, le courant ici va s’inverser. Adepte du principe selon lequel la meilleure défense est encore l’attaque, Jésus profite de Sa présence un jour de sabbat dans une synagogue pour défier Ses adversaires sur leur propre terrain. Nulle question en effet pour Jésus d’être, face à Ses opposants, dans une position de défense permanente. Quelle que soit la nature de l’erreur ou du mensonge, il est impossible à long terme que ceux-ci prévalent sur la vérité. La vérité est, en tout lieu et en tout temps, la réalité la plus élevée. Aussi est-il impossible, pour celui qui en est armé, d’être battu en brèche ou à plate couture par les tenants de la fausseté ou de l’erreur.

Les scribes et les pharisiens se font forts d’obéir à Dieu et de chercher par-dessus tout Son honneur et Sa gloire par l’obéissance à Sa loi ! Fort bien ! Puisqu’il en est ainsi, Jésus va les placer devant un dilemme simple. Il a devant lui un homme malade. Selon la loi et le commandement qui, en elle, est premier, celui qui exige que l’on aime son prochain comme soi-même, il est du devoir de Jésus de le guérir. Mais voilà ! On est jour de sabbat, jour consacré à Dieu où il est interdit de travailler. A quel choix doit, dans une telle situation, se rallier le disciple de Dieu ? Se doit-il d’obéir à l’exigence supérieure, qui est d’aimer, ou à celle qui est seconde, qui prescrit de mettre à part un jour pour se consacrer au culte de Dieu ?

En reliant la question qui pose polémique à un problème pratique, Jésus montre ici plusieurs choses :

1) Aucune réflexion d’ordre théorique ou philosophique n’a de sens si elle ne se rattache pas immédiatement à la réalité concrète, celle qui est connectée à la vie. De grands penseurs ont émaillé l’histoire de leurs idéologies ou de leurs doctrines. Mais le défaut de la plupart d’entre eux a été que le laboratoire de leurs idées s’est cantonné aux quatre murs de leur bureau. C’est en connexion directe avec la vie que les grands principes qui guideront les actes doivent être élaborés.

2) Confronté à l’exigence du devoir, le vrai disciple de Dieu agira automatiquement selon l’esprit plutôt que la lettre de la loi. Suivre la lettre sans l’esprit tue. Suivre l’esprit conduit par contre immédiatement à agir selon la priorité énoncée par la lettre.

Que le Seigneur renouvelle, par l’amour, notre intelligence de manière à ce que, confrontés aux exigences du devoir, nous soyons en mesure d’agir en pratique comme Il l’attend de nous !

mardi 29 décembre 2009

Chapitre 6, versets 1 à 5


Première polémique sur le sabbat


Décidément, il apparaît que le comportement « libéré » des disciples ne cesse de poser problème. La polémique sur leurs fréquentations à peine close qu’une autre se lève : pourquoi donc les disciples de Jésus se permettent-ils de faire ce qu’il n’est pas permis le jour du sabbat ? Dans la même ligne que la question posée sur le jeûne, nous sommes de nouveau ici confrontés, dans la dispute nouvelle qui se lève, à un cas d’appréciation de ce qui est juste ou pas, un cas de conscience. Pour les adversaires de Jésus, c’est ce que dit la loi de Dieu donnée à Moïse qui décide pour chacun de ce qui est bien et mal. Certes ! Mais est-ce là ici le vrai problème ? Jésus va y répondre, en mettant en valeur 3 aspects non pris en compte par ses adversaires dans la question qui les oppose.

1er aspect : Oui ! La loi est la règle absolue du bien et du mal. Mais il y a la loi et la façon avec laquelle les hommes l’interprètent. Jésus relèvera à plusieurs reprises la contradiction flagrante dont feront preuve les pharisiens à ce sujet. S’il n’y avait pas en Israël plus pointilleux qu’eux lorsqu’il s’agissait de mettre en pratique les ordonnances secondaires, les pharisiens ne se gênaient pour transgresser allégrement les principales : Matthieu 23,23-24. Le fait d’apparaître plus royaliste que le roi sur des points de détails ne nous justifie pas pour nos lacunes sur ce qui est l’essentiel de la loi de Dieu.

Il se peut que, sur un point de polémique particulier dans ce qui pourrait nous opposer à des frères dans la foi, nous ayons raison. Nous avons cependant tort aux yeux de Dieu et du Christ si nous nous servons de ces points là pour mettre en avant notre justice ou notre supériorité sur eux.

Pour le moins, dans la question qui occupe ici Jésus et les Siens, il est certain que celle-ci relevait davantage d’une question d’interprétation que de lecture, même littérale, du texte. Ce que la loi prescrivait formellement était le travail le jour du sabbat. Or, le travail inclut l’effort fourni en vue d’un gain. Mettre le geste des disciples au même rang que le travail était une exagération flagrante dans l’interprétation du texte. Jésus reviendra d’ailleurs sur ce point dans le passage suivant.

2ème aspect : Jésus cite l’Ecriture et prend pour appui, dans la défense qu’Il apporte à Ses disciples contre leurs accusateurs, l’exemple d’une figure reconnue par ceux-ci comme un modèle : le roi David. Or, il n’y a aucune comparaison entre la liberté dont a usé David dans l’exemple cité et celle dont ont fait preuve les disciples. David, au moment où il prend des pains consacrés à Dieu pour se nourrir, est en fuite. C’est, de plus, par l’effet d’un mensonge qu’il trompe le sacrificateur qui les lui donne, mensonge qui coûtera la vie à 85 prêtres de Dieu : 1 Sam 21,2 à 5 ; 22,18. Dieu, dans la circonstance, n’a pas condamné David pour avoir mangé les pains consacrés. Il ne condamne pas non plus les disciples de Jésus dont le geste répond à une simple nécessité physique.

Il y a toujours danger pour nous d’enfermer les autres dans les limites étroites de certaines règles et de juger leurs actes sans nous enquérir de leurs motivations. S’il y a des choses qui, clairement, ne peuvent et ne doivent pas se faire parmi les disciples du Christ, il y en a d’autres où nous devons apprendre à examiner et interroger avant de juger. Si le combat pour la justice nous demande d’être ferme et rigoureux, celui mené pour l’amour nous invite à considérer les personnes avant les actes qu’elles commettent, actes pour lesquels il y a toujours risque de mauvaise interprétation.

3ème aspect : c’est celui que Jésus donne en conclusion de sa réponse. Dans le cas des disciples, la règle qui prévaut est, non ce que dicte la loi, mais ce qu’approuve ou non le Maître de cette loi. Or, Lui, Jésus, est le maître du sabbat. Il se peut qu’il ne soit pas toujours facile, à nous disciples de Christ, de savoir ce qui est bien et mal de faire dans ce monde. Nous pouvons tenir pour règle que tout ce que, dans notre communion avec Lui, nous ne Le voyons pas désapprouver, est approuvé. C’est notre relation avec Lui qui, au fil du temps, est appelée à régler et à ajuster notre comportement, non à de simples ordonnances, mais à Son caractère. Car le but de Dieu n’est pas seulement que nous accomplissions en tout temps ce qui est bien, mais que nous Lui ressemblions !

Que Dieu nous pardonne pour toutes les fois où, comme ici les pharisiens, nous nous faisons le devoir d’ôter la paille dans l’œil de notre frère alors qu’une poutre se trouve encore dans le nôtre : Luc 6,41-42.

lundi 28 décembre 2009

Chapitre 5, versets 33 à 39

Autour du jeûne

Dans la même ligne d’accusation, celle de la soi-disant légèreté de comportement dont feraient preuve les disciples de Jésus, les scribes et les pharisiens firent part à Jésus de leur étonnement au sujet, chez eux, de l’absence de cette discipline spirituelle pratiquée par tous ceux qui, à leurs yeux, prennent un tant soit peu les questions spirituelles au sérieux : la discipline du jeûne.

Avant d’aborder la double réponse de Jésus à la question formulée par les scribes et les pharisiens, deux remarques d’ordre général s’imposent :

- la première touche à la concentration de remarques faites par les adversaires de Jésus à propos du comportement de Ses disciples. Sans doute, derrière les disciples de Jésus, c’est à Lui-même qu’indirectement on s’attaque. Il apparaît cependant ici que si Christ est ce que l’on pourrait appeler ce qui fait la beauté du christianisme, son point fort, son point faible, le diable le sait bien, se trouve sans nul doute dans la façon d’être et de se comporter de ceux qui disent Le suivre. C’est, suggèrent les adversaires de Jésus, en quelque sorte par les disciples que l’on connaît le Maître, Sa doctrine, Sa pensée. Aussi la question se pose pour nous : quelle image, portrait de Jésus transmettons-nous par notre conduite au monde ?

- la seconde touche, malgré les efforts fournis par les disciples pour ne rien faire qui soit un sujet de honte ou de déshonneur pour leur maître, au risque de mauvaise interprétation à laquelle la lecture de leurs actes peut malgré tout aboutir. Sachons que, si l’apparence n’est pas la réalité, elle est souvent perçue, par ceux qui ne peuvent lire dans les cœurs, comme telle. Le disciple de Jésus veillera donc, comme le Maître l’enseigne ici, à avoir un comportement bien adapté aux circonstances, compatible à la foi qu’il professe et à l’état d’esprit dans lequel il se trouve dans sa relation avec Dieu, et donc défendable avec les arguments de la vérité. Même s’il ne peut empêcher les critiques et les mauvaises interprétations, le disciple de Jésus, pour l’honneur de son Maître, se doit de viser au moins ce niveau-là.

La double réponse de Jésus à la question posée par les scribes et les pharisiens sur le jeûne :

1ère réponse : la pratique du jeûne est une discipline qui, pour être valable, est lié à un état d’esprit qui l’explique. Jeûner pour jeûner ou pour démontrer simplement aux autres sa religiosité n’a ni sens ni valeur devant Dieu. Oui ! Les disciples du Christ jeûneront ! Mais tant que leur Maître est avec eux et au milieu d’eux, comme Il l’était à ce moment-là, jeûner n’avait pas lieu d’être. Les disciples n’avaient pas besoin de Le chercher puisqu’Il était là !

2ème réponse sous forme de parabole : bien que le jeûne ne soit pas à négliger, ce qui est prioritaire chez l’homme n’est pas les exercices spirituels auxquels il peut s’adonner, mais le changement d’être qui doit s’opérer en lui. Pratiquer des exercices spirituels est, pour un homme non régénéré, du même ordre que le fait de prendre une partie d’un habit neuf et la raccommoder sur un vieil habit. C’est à la fois gâcher l’habit neuf et créer un arrangement mal assorti avec le vieux. Le vin nouveau doit être dans des outres neuves, ajoute encore Jésus. Ce qui se fait par l’homme extérieur doit correspondre à l’état de l’homme intérieur, sans quoi ce qui est visible est un mensonge par rapport à ce qui ne l’est pas. Un mensonge d’ailleurs, dit Jésus, qui ne saurait perdurer, l’intérieur finissant toujours par faire éclater l’extérieur s’il ne lui est pas adapté. Un vrai chrétien, s’il l’est vraiment, ne saurait poursuivre indéfiniment dans la pratique du péché : 2 Tim 2,19. Un faux chrétien ne saurait indéfiniment simuler de l’être par les apparences, le péché finissant toujours par gagner dans la bataille qu’il livre contre la volonté.

Attention donc à ne pas nous mentir à nous-mêmes. Car, il peut arriver, dit enfin Jésus, que nous nous habituions tellement à vivre dans le mensonge que nous ne voulions plus de la vérité lorsque son offre se présente à nous !

(Notons que d’autres explications des paraboles données ici par Jésus sont possibles).

lundi 21 décembre 2009

Chapitre 5, versets 29 à 32


2. Banquet chez Lévi : v 29 à 32


Plein de la joie de faire partie de l’équipe de Jésus, Lévi eut la bonne idée d’organiser un banquet pour mettre en relation ses anciens et ses nouveaux amis. Pour Lévi, connaître Jésus, non seulement cela se fête, mais c’est quelque chose que l’on ne peut garder pour soi. Habitué à vivre en lui-même dans une atmosphère constante de sainteté, le Seigneur ne refusa pas pour autant l’invitation de son nouveau disciple. Au contraire ! Entrer dans une vie, c’est, pour Jésus, entrer dans le milieu dans lequel cette vie a évolué jusque là. Ce milieu peut être malsain, mais Jésus pense que la meilleure manière de le sanctifier n’est pas de le fuir, mais d’y entrer. Par l’exemple de sa démarche, Jésus nous enseigne aussi une autre vérité qui touche à notre relation au monde. C’est que le monde nous affecte dans la mesure où, intérieurement, nous lui ouvrons les portes de notre cœur. Là où le monde rencontre fermeté, fidélité, intégrité dans l’attachement à Dieu, aucun lieu, aucune compagnie dans lesquels nous pourrions nous trouver ne peut constituer un réel danger pour nous. Dieu nous appelle comme Jésus à aller dans le monde ! Sachons cependant que nous ne pourrons l’imiter, et être l’ami des pécheurs qu’il a été, que si nous faisons preuve intérieurement des mêmes dispositions que lui à l’égard de Dieu et du péché ! C’est avec Jésus, et non sans Lui, que nous devons nous rendre dans tous les lieux où, dans ce monde, des portes nous sont ouvertes.

La présence de Jésus et de Ses disciples au milieu de personnes réputées pour leur mauvaise vie ne manqua pas, comme l’on pouvait s’y attendre, à provoquer l’attitude scandalisée des scribes et des pharisiens. Pour ces hommes, un homme saint ne pouvait se trouver que dans des lieux saints. Le lieu dans lequel se trouvait Jésus, et surtout la compagnie dans laquelle il était, contredisait de manière flagrante ses prétentions. Malgré le bruit environnant, la remarque des scribes et des pharisiens, faite à l’adresse des disciples, ne tomba pas dans une oreille sourde chez Jésus. Peut-être les scribes cherchaient-ils à mettre mal à l’aise les disciples, leur montrer les contradictions évidentes entre le comportement de leur maître et Ses affirmations. Jésus leur répondit par une métaphore.

« Oui ! Les scribes et les pharisiens avaient raison. Le milieu dans lequel Jésus se trouvait avec Ses disciples, était un milieu malsain, infecté par le péché. Mais c’était pour ce milieu là qu’Il était venu ! Sa position dans ce monde est la même que celle du médecin lorsqu’il visite des patients. Le médecin est en bonne santé. Il n’est pas affecté par la maladie de ceux qu’ils visitent. Seulement, pour leur délivrer le remède qui va les guérir, il faut qu’il entre dans leur maison, qu’il ait un contact avec eux, qu’il établisse un diagnostic et qu’il leur préconise le traitement adapté à leur situation. C’est ce que Jésus faisait en étant chez Lévi, au milieu de ses amis. Il n’était pas venu appeler des justes à la repentance, mais des pécheurs. »

Se faisant, de manière induite, Jésus communiquait deux messages à Ses contradicteurs :

- 1er message : ne fais-je pas ce que vous vous auriez dû faire, vous qui vous prétendez justes ?

- 2ème message : si vous n’avez rien pu faire pour sortir les injustes de leur situation, n’est-ce pas parce que, au-delà des apparences, vous aussi l’êtes ?

Que Dieu soit béni pour l’exemple d’amour extraordinaire, et si simple à la fois, que Jésus est pour nous dans les relations humaines !

vendredi 18 décembre 2009

Chapitre 5, versets 27-28

Jésus et les pécheurs


1. Appel de Lévi : v 27-28

Nous ne savons rien sur les raisons pour lesquelles Jésus, voyant Lévi, le publicain ou collecteur de taxes, assis à son bureau et travaillant pour le compte de Rome, décida de l’appeler pour Le suivre et faire de lui, après les 4 premiers, un de Ses proches disciples. Ce dont nous pouvons être sûr est que, en tant que Seigneur, Jésus n’a pas besoin d’être longtemps au contact d’une personne pour savoir ce qui s’y trouve. Derrière le publicain, Jésus a vu l’homme et tout le potentiel qu’Il pouvait en tirer en investissant en lui. La suite de l’histoire montre que Jésus ne s’est pas trompé, Lévi devenant l’un des évangélistes lu et aimé dans le monde entier sous le nom de Matthieu, celui à qui reviendrait le privilège d’ouvrir les écrits rattachés à la Nouvelle Alliance.

L’appel de Lévi nous rappelle, à nous qui, à la suite de Jésus, sommes envoyés dans ce monde comme pécheurs d’hommes, que nous ne devons préjuger de personne. Il se peut, qu’en apparence, quelqu’un, peut-être comme Lévi, ne nous apparaisse pas comme un candidat possible pour le service de Christ. Il se peut de même, en croisant une autre personne, que nous pensions qu’elle serait un élément très utile à la cause de Christ, si elle Lui appartenait. Nous pouvons totalement nous tromper. Ce qui compte dans les êtres que Dieu place devant nous est non l’apparence, mais les dispositions de cœur. A ce sujet, Lévi fit preuve d’une spontanéité et d’une rapidité dans l’obéissance à l’appel reçu qui est proprement stupéfiante. Plus que cela, il se révélera être pour Jésus, dès sa mise à disposition pour Son service, un homme clé lui ouvrant la porte d’accès à tout un nouveau réseau de relations.

Que Dieu nous donne, non le regard de la chair, mais celui de Christ sur les hommes et les femmes qui nous entourent ou qu’Il met sur notre chemin !



jeudi 17 décembre 2009

Chapitre 5, versets 17 à 28


Guérison d’un paralytique


Si la guérison du lépreux mettait en valeur ce qui doit se rencontrer en l’homme et en Dieu pour que l’œuvre de grâce, voulue par Dieu en notre faveur et dont Jésus est l’agent, puisse s’opérer, celle du paralytique a un autre objet. Cet objet se révèle, non seulement dans ce qui va se produire ici et qui amplifiera encore le sentiment d’admiration des foules à l’égard de Jésus, mais surtout dans le lien qu’il établit clairement entre Jésus et les éléments particuliers du public, désignés par Luc comme la cible à laquelle le message est destiné : les pharisiens et les maîtres de la loi. Si la guérison du lépreux, qui s’est produite devant la foule, avait pour objet de révéler la nature du lien que Dieu veut établir avec tout homme, un lien bâti sur la grâce seule, celle du paralytique a pour objectif de témoigner auprès de ceux qui constituaient l’élite religieuse, les enseignants de la loi, qui était vraiment Celui qui opérait tous Ses prodiges sous leurs yeux.

Pour se faire, au-delà de la guérison qui, en elle-même, devrait constituer un signe suffisant pour reconnaître qui est véritablement Jésus, Celui-ci va user d’une prérogative qui, hors de Dieu, ne peut paraître, pour celui qui, parmi les hommes, oserait s’en prévaloir, que comme un blasphème absolu : le pouvoir de pardonner les péchés. Car s’il est une affaire qui concerne Dieu et Dieu seul, c’est bien le péché. Nos péchés ont, certes, tous, à plus ou moins forte dose, des effets indésirables dans nos relations humaines. Mais, comme le confessera David suite à son adultère avec Bath-Shéba, suivi du meurtre de son mari Urie, quoi que ce soit que nous commettions comme mal contre autrui, c’est d’abord contre Dieu que nous péchons : Psaume 51,6. Seul Dieu donc, le premier offensé, peut prendre la décision souveraine, en vertu de ce qu’Il est, de pardonner les péchés. Or, c’est de cette prérogative, dont il démontre l’autorité par la guérison du paralytique, que Jésus, en toute liberté, use ici devant les représentants de la loi.

Outre ce fait, la guérison du paralytique met en valeur d’autres vérités d’ordre didactique :

- Elle souligne l’autorité de la parole de Jésus qui est Parole de Dieu : ce que Jésus dit s’accomplit à la lettre comme il en est aussi pour Dieu : Psaume 33,9.

- Elle souligne l’importance de la foi personnelle ou communautaire dans le processus qui conduit à l’obtention de la bénédiction souhaitée

- Elle met en évidence la priorité première de Dieu dans la résolution de ce qui nous sépare de Lui : non la maladie, quelle qu’en soit la gravité, mais le péché.

- Elle souligne aussi le fait que, même si les preuves abondent quant à la justesse et la véracité du témoignage rendu à Jésus, elles ne seront jamais suffisantes à l’incrédule pour l’amener à changer d’avis : ce que démontre l’attitude scandalisée des scribes et des pharisiens, opposée à celle de la foule admirative.


Que dans nos vies, nous puissions être de ceux qui ne cessent d’être subjugués d’enthousiasme par Jésus !


mardi 15 décembre 2009

Chapitre 5, versets 12 à 16


Guérison d’un lépreux


La guérison étant le moyen privilégié choisi par Jésus pour manifester qui Il était, il n’est pas étonnant que partout où Il allait des malades en grand nombre se déplaçaient pour venir à Sa rencontre. Les évangélistes auraient pu, s’ils l’avaient voulu, relater dans le détail toutes les œuvres de puissance accomplies par Jésus dans ce domaine. Tel n’a pas été leur choix. Ils ont préféré, dans les rencontres que Jésus a eu, sélectionner celles qui, comme ici avec le lépreux, étaient les plus à même d’être porteuses des enseignements dont nous, qui sommes leurs lecteurs, aurions besoin pour comprendre de quelle façon et sous quelles conditions nous pourrions nous aussi faire l’expérience de Sa grâce.

La guérison du lépreux est la parfaite illustration de ce qui doit se rencontrer, à la fois en l’homme et en Dieu, pour que l’homme reçoive de Dieu ce qu’Il a à cœur de lui donner. Chez l’homme, le lépreux, nous rencontrons deux choses :

- la 1ère est une conscience aiguë de l’état misérable, incurable, dans lequel il se trouve. Le lépreux, nous le voyons, a perdu tout espoir quelconque de guérison ou d’amélioration de son état. D’après le témoignage de Luc, la lèpre dont il est atteint n’en est pas à ses débuts, mais c’est tout le corps qui est atteint et couvert par la maladie. Le lépreux sait que, si les choses continuent dans le même sens qu’elles ont commencé, la seule issue envisageable est la mort.

- la seconde est l’attitude de dépendance, de soumission, et d’abandon, mais aussi de foi complète dans laquelle il adresse sa demande à Jésus. Bien qu’il soit persuadé du pouvoir de Jésus de le guérir, on ne sent en lui ni exigence, ni revendication. Jésus fera à son égard ce qu’il décidera.

Les deux attitudes du lépreux sont celles que Dieu aime et désire voir en chacun de nous lorsque nous nous approchons de Lui. Car qui sommes-nous pour oser ou prétendre exiger de lui quoi que ce soit ? Sur quelle base de mérites, pourrions-nous réclamer comme un dû une œuvre de sa part ? Tout est grâce librement consentie et en-dehors de cette conscience et de cet état d’esprit, il n’y a aucune attitude convenante envers Lui : cf Rom 4,4-5.


Le lépreux remplissant les conditions requises pour être au bénéfice de la grâce de Dieu, Jésus va s’empresser d’agir dans le sens de ce que, dans la foi, il espère de Lui. A la double recommandation dont le lépreux a fait preuve, Jésus répondra d’une double manière :

- Par un acte volontaire, librement décidé, Il guérit totalement le lépreux de son état. La parole à peine prononcée, le miracle se produit.

- Le lépreux à peine guéri, Il l’envoie pour être un témoin de la grâce qu’il a reçue vers des personnes précises : le sacrificateur en place par lequel Moïse, dans la loi, a demandé de passer pour que la guérison de la lèpre soit constatée. Une recommandation que, d’après Marc, le lépreux n’a pas suivie ; ce qui, par la suite, occasionnera à Jésus plus de torts que de bien : Marc 1,40 à 45.

La guérison instantanée du lépreux nous rappelle que lorsque Jésus libère quelqu’un d’un mal qui l’a atteint, Il le fait totalement et immédiatement. Nul n’est besoin d’étapes et de longues procédures. Une guérison est, par nature, un affranchissement. Nous avons tort lorsque nous pensons que, même avec l’aide de Jésus, il nous faudra des années pour nous débarrasser de nos lèpres intérieures. Si nous le voulons, et s’Il le veut, rien ne s’oppose à ce que, dans l’heure ou la minute qui suive, nous soyons des hommes nouveaux !

Guéri par Jésus, nous Lui sommes d’une certaine manière redevables. Bien que nous ne pourrons jamais rembourser la dette que nous Lui devons, la moindre des choses serait que nous nous mettions dans l’heure à Son service pour être Ses témoins à la manière qu’Il choisira pour nous. « Me voici, envoie-Moi vers qui Tu souhaites que je parle de Toi ! », devrait être, comme Esaïe l’a dit en son temps, notre réponse immédiate à l’amour et la grâce dont nous avons été l’objet de Sa part : Esaïe 6,6 à 8.

lundi 14 décembre 2009

Chapitre 5, versets 1 à 11


Les 4 premiers disciples de Jésus

Après

- le baptême, par lequel, déjà, Il se mettait au rang des hommes pécheurs qui se repentaient, quoi qu’Il n’ait en rien jamais eu besoin

- la tentation dans le désert, par laquelle le nouvel Adam est confronté au même choix que le premier, celui de la fidélité ou de l’infidélité à l’égard de Dieu

- la déclaration publique de la mission qui était la Sienne, mission qui relève du seul Messie

Jésus entre, avec la formation du noyau de Ses premiers disciples, dans l’un des aspects principaux du projet de Dieu pour Lui. Si, en effet, le premier but de la venue de Jésus ici-bas était d’être l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde : Jean 1,29, le second, qui lui est intimement lié, est de bâtir l’Eglise : Mat 16,18, la communauté rassemblée des enfants de Dieu dispersés dans le monde, l’humanité nouvelle : Jean 11,52. Si grand soit ce projet, il ne pouvait que se réaliser par l’adhésion personnelle une à une de ceux qui devaient y entrer. Nous avons ici, dans le choix que font Pierre et ses amis de suivre Jésus, le noyau fondateur de l’Eglise, faible commencement à partir duquel des millions d’homme vont, jusqu’à nos jours et la fin des temps, s’ajouter.


Plusieurs éléments apparaissent comme décisifs dans le récit de la rencontre cruciale que fait ici Jésus avec Ses premiers disciples :

1er élément : c’est par un service demandé que Jésus entame la future relation de maître à disciple qu’il va construire avec Simon et ses amis. Simon savait-il déjà qui était Jésus ? Une première rencontre s’était-elle déjà produite avant celle-ci, comme semble le relater Jean : Jean 1,45 à 51 ? Quoi qu’il en soit, le fait que Jésus, d’autorité, demande à Pierre d’arrêter sur le champ ce qu’il fait pour se mettre à Sa disposition, n’est pas vain. Dieu nous connaît bien avant que nous le connaissions. Il sait qui, parmi tous ceux qui se trouvent devant Lui, est, sans L’avoir encore réellement connu et sans avoir encore rien reçu de Lui (quoique dans l’absolu cela soit impossible), disposé, déjà prêt à servir ou non. Pierre aurait pu faire le choix de refuser à Jésus ce premier service. Il ne l’a pas fait. En se soumettant à Jésus pour une chose simple, Il s’est ouverte toutes grandes les portes d’un des ministères les plus grands qu’un homme puisse recevoir de Dieu !

2ème élément : assis à côté de Jésus pendant qu’il enseignait la foule, Simon, plus que n’importe qui d’autre, a pu se faire une idée du type d’homme que Jésus était. Contrairement à la foule qui était distante, Pierre, déjà, était proche de Lui. D’une certaine manière, déjà, il s’affichait avec Lui. Mieux que quiconque, il a pu entendre l’enseignement que Jésus prodiguait et apprécier l’autorité avec laquelle Il parlait. Etre proche de Jésus pour entendre Sa parole est le second élément qui mit Simon sur la route du discipulat.

3ème élément : il est dans le pas de foi que Jésus sollicita de la part de Simon pour que, de manière personnelle, intime, dans la chose qui touchait le plus à son métier, il ait la preuve et la démonstration effective de qui Il était. Même si Dieu trouve chez les uns des dispositions plus propices à un enrôlement pou Lui que chez les autres, c’est en raison de ce qu’Il fait pour nous que l’œuvre véritable de la foi s’opère dans notre vie. Tant qu’il n’y a pas dans notre vie ce moment, cette heure, qui marque d’une pierre blanche la rencontre personnelle que nous avons eue avec Lui, il n’y a en nos cœurs ni certitude, ni conviction suffisamment forte pour engendrer un engagement. Connaître Jésus pour ce qu’Il est, c’est avoir connu, fait l’expérience dans sa vie d’une œuvre que, venant de Lui, nous ne pouvons reconnaître que comme provenant de Dieu. Pour Simon et ses amis, cette expérience décisive fut cette pêche instantanée et miraculeuse qui faisait suite à l’une des nuits de travail peut-être les plus décourageantes de leur carrière.

4ème élément : il est dans la conviction de péché qui saisit Simon, puis ses amis, suite à l’expérience vécue. Si toutes les étapes précédentes sont importantes, celle-ci, dans le processus, qui nous amène à devenir disciple de Jésus est à la fois décisive et capitale. Seuls des pécheurs, convaincus de leur péché et de leur indignité sont en état de devenir des serviteurs qualifiés de Jésus. La conscience de notre disqualification naturelle est la condition essentielle à remplir pour que nous recevions de Lui les qualifications nécessaires au service.

Paradoxalement, ce fut le jour où Pierre et ses amis, réussirent le mieux dans leur affaire qu’ils la quittèrent. Ils comprirent en ce jour que, Jésus, le secret ponctuel de leur réussite, valait mieux que tous les profits que leur entreprise pourrait générer tout au long de leurs vies. Sommes-nous pour notre part arrivés à la même conclusion qu’eux ? Suivre Jésus est-Il préférable pour nous à la poursuite de tout autre gain ?

jeudi 10 décembre 2009

Chapitre 4, versets 42 à 44


Jésus missionnaire


Après les multiples guérisons que Jésus opéra, ce qui devait arriver arriva. La foule, tel un essaim d’abeilles ayant découvert une source d’approvisionnement riche et abondante, se mit dès le matin à Le rechercher. Dans leur quête pour le trouver, elles ne le précéda cependant pas. Jésus, en effet, soucieux de passer les premières heures du jour seul, dans la présence de Son Père, s’était levé avant elle. De ces moments de solitude, qui n’appartiennent qu’à Lui et à Dieu, mise à part leur existence, nous ne savons rien. Nous pouvons juste en déduire qu’il Lui étaient indispensables, Jésus ne pouvant concevoir de commencer une journée sans eux.

Si la force de Jésus était dans le fait qu’Il était le Fils de Dieu, elle l’était aussi dans ce qui, peut-être, nous manque le plus : la discipline et le fait d’avoir une vie modelée par des principes intangibles. Jésus savait ce qui était bon, primordial pour Lui sur le plan spirituel. Il avait la vision claire des objectifs qui étaient les Siens, dans la mission pour laquelle le Père L’avait envoyé. Aussi les rendez-vous matinaux de Jésus dans la prière solitaire avec Son Père étaient-ils à Ses yeux décisifs, incontournables. Il était impensable pour Jésus de rencontrer dès le matin un homme avant d’avoir rencontré le Père.

Tous les vrais hommes de Dieu qui ont succédé à Jésus ont aussi adopté ce principe. A la lumière du modèle qu’était Jésus, nous pouvons déduire que notre manque d’inclination à la prière tient à deux choses :

- la 1ère est due à l’absence d’objectifs. Les temps matinaux de prière de Jésus sont indissociables de la conscience qu’Il avait de Sa mission. C’est le fait d’avoir ou de retrouver les objectifs que le Père a pour nous qui provoque en nous la nécessité de la prière.

- La seconde est due à l’absence de discipline. Nous pouvons dès le matin nous intéresser à tant de choses futiles que les temps de prière solitaires s’en trouvent si raccourcis qu’ils n’ont plus d’influence sur nous. Le Père devient alors juste Celui que nous invoquons rapidement pour qu’Il puisse, s’Il le veut bien, bénir nos projets.

Tout autre était l’intention de Jésus qui se présentait à Lui dès le matin, non pas pour quémander une bénédiction, mais pour recevoir de Lui la claire vision de ce qu’Il attendait de Lui. Que Dieu rétablisse en moi cette conscience du sérieux de la mission pour laquelle Il m’a appelé et de l’impérieuse nécessité de la prière qui l’accompagne.

Désireuse de retenir Jésus pour elle-même, la foule reçut de Jésus une fin de non recevoir. Jésus ne saurait être la propriété exclusive d’un groupe ou d’une personne. Il n’est pas à nous en particulier, mais à Dieu qui a le désir de Le donner à tous. Ayant connu la grâce de Jésus, la foule se devait maintenant de laisser partir Jésus pour qu’Il soit donné à d’autres. Si, si peu de personnes sont atteintes par l’Evangile dans le monde, n’est-ce pas d’abord parce que ceux qui ont reçu Jésus dans leurs vies Le gardent trop pour eux-mêmes et profitent égoïstement de la grâce et des bienfaits qu’ils ont reçu de Lui ? Que, comme pour Jésus, aller reste l’ordre de mission qui oriente chaque jour nos priorités !

mardi 8 décembre 2009

Chapitre 4, versets 38 à 41


Guérisons diverses


Si l’épisode de la synagogue manifesta l’autorité de Jésus sur les démons, c’est en fait sur tous les maux, introduits par le péché, qui affligent les hommes que celle-ci allait montrer son efficacité. Curieusement, alors que souvent Jésus imposait les mains pour guérir les malades, c’est sur un ordre précis, comme il le fit pour le démon dans le temple, qu’il chassa la fièvre du corps de la belle-mère de Simon, appelé aussi Pierre. Voyait-il en cette fièvre une cause différente de celle des autres malades ? De l’un à l’autre, les procédés variaient, mais le résultat final était toujours le même : c’était la guérison. Une guérison qui se traduisit immédiatement chez la belle-mère de Pierre par le service. Les maux qui nous accablent ne sont pas seulement préjudiciables à notre confort. Ils sont d’abord des entraves à notre liberté de service. C’est dans ce but premier que nous devrions désirer en être affranchis. Que Dieu nous rappelle constamment que nous ne sommes pas sauvés pour nous-mêmes, mais pour servir !

lundi 7 décembre 2009

Chapitre 4, versets 31 à 37


Exorcisme dans la synagogue de Capernaüm


Si les contemporains de Jésus ne pouvaient spontanément croire à ce qu’Il affirmait être, il y a une catégorie d’êtres qui, confrontés à Lui, le confessèrent immédiatement : ce sont les esprits mauvais. Le contraste entre ce texte et le texte précédent est, à ce sujet, significatif. Il souligne en même temps de manière forte d’où venait l’autorité que l’on reconnaissait à la parole de Jésus. Nul ne peut dans ce monde avoir d’autorité spirituelle si elle ne lui pas été donnée par Dieu. Si l’autorité spirituelle est ce qui donne force de conviction, poids, crédit à nos paroles, le témoignage qui nous est rendu ici rappelle que c’est en fonction d’elle que nous sommes également connus dans le monde invisible : cf Job 1,6 à 9. Bien des hommes, comme le firent plus tard les fils de Scéva, revendiquent au nom de Jésus une autorité spirituelle abusive. Ils ne trompent qu’eux-mêmes, Satan et les esprits n’étant pas dupes de leur prétention : Actes 19,14 à 17.

La réaction de l’esprit impur dans la synagogue de Capernaüm nous dit en quoi la venue de Jésus dérangeait les puissances des ténèbres. Jusqu’à sa venue, en effet, quand bien même il y eut des hommes remarquables dans le peuple de Dieu, aucun d’entre eux n’avait la puissance suffisante pour mettre en péril leur hégémonie. Satan pouvait, comme il le dit à Dieu dans le livre de Job, assez tranquillement se promener sur la terre pour y faire ses affaires macabres : Job 1,7. Avec Jésus, ce temps d’insouciance est terminé. Quelqu’un est là dans l’humanité que Satan et ses démons ne peuvent mettre sous contrôle. C’est, comme le confesse le démon à la gloire de Jésus, le Saint de Dieu, celui en qui ne se trouve pas l’ombre d’un seul péché, aucun endroit dans lequel l’adversaire puisse avoir prise : Jean 14,30. Le nom de Jésus de Nazareth seul fait trembler les puissances des ténèbres.

Si le démon présent à la synagogue fait une confession exacte, Jésus refuse la provenance de l’hommage qui est rendu à Sa Personne. Louer Dieu, le Christ, ce n’est pas seulement dire des choses justes à leur sujet. C’est le faire dans des sentiments, avec un cœur et une vie qui L’honorent. Que Dieu, par l’Esprit qu’Il nous a donné, reçoive favorablement les paroles de nos bouches et les pensées et sentiments de nos cœurs : Psaume 19,15.

vendredi 4 décembre 2009

Chapitre 4, versets 16 à 30


Jésus dans la synagogue de Nazareth



C’est dans la ville où Il fut élevé, Nazareth, que, pour la première fois, Jésus affirma, sur la base d’un texte d’Esaïe, qui Il était et quel était le mandat qui Lui avait été confié par l’autorité de Dieu. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le fait pour Jésus d’être en terrain connu n’était pas forcément un avantage. Par l’affirmation subite de ce qu’Il était, Jésus prenait à contre-pied l’image que ses concitoyens avaient jusqu’alors de lui et de son identité. Croire d’un coup que le fils de Joseph, le charpentier du village, que chacun côtoyait régulièrement à la synagogue, soit le Messie annoncé par les prophètes, relevait pour tous d’une prouesse de la foi qui leur semblait impossible. Il nous faut nous mettre à la place du peuple pour comprendre sa réaction. Nul doute que si, à ce moment-là, nous faisions partie du public qui écoutait Jésus lors de ce sabbat, nous n’aurions pas réagi différemment.

C’est le passage d’ Esaïe 61,1 et le début du verset 2 que Jésus choisit de lire pour affirmer, devant Ses concitoyens, qui Il était. Remarquons d’abord la précision de Jésus quant à l’extrait choisi. Alors que le texte original se poursuit par un autre aspect du mandat du Messie (proclamer un jour de colère de la part de Dieu), Jésus s’arrête volontairement à la mention du 1er aspect mentionné par le prophète (publier une année de grâce). Tandis que le second aspect touche à la seconde venue du Christ, le premier aspect seul définit l’objectif lié à sa première venue. Comme Jésus le dira plus tard à Nicodème, le Fils de l’homme n’est pas venu pour juger, mais pour sauver : Jean 3,17. Le jugement par Lui viendra aussi, mais ce sera après que toutes les ressources de la patience et de la grâce de Dieu auront été épuisées : Rom 2 ;18.

Si Jésus choisit ce passage d’Esaïe, c’est aussi sans nul doute parce qu’il est peut-être celui qui, dans l’Ancien Testament, exprime le mieux les effets bénéfiques et libérateurs extraordinaires qu’aura pour le genre humain le seul fait de la présence physique du Messie en son sein. Se faisant, Jésus prenait, humainement vu, un risque incroyable. Plus, en effet, la barre des prétentions d’un homme est élevée, plus il élève en même temps pour lui la possibilité du désaveu et de la honte. Jésus le voulut cependant ici. C’est non à petits pas, par petites touches successives, qu’il entre publiquement dans Sa vocation, mais, pourrait-on dire, sans prudence et de plein pied. Il est le Messie annoncé par les prophètes, Il le dit et Il va le démontrer !

Sur la base du passage choisi, Jésus affirme à Nazareth plusieurs choses au sujet de sa vocation :

1. Il identifie clairement le Saint-Esprit, l’Esprit de Dieu, comme étant la source de Son autorité et de Ses actes présents et futurs.

2. Il cible clairement qui sont ceux qui seront les bénéficiaires de Son action : les pauvres, les captifs, les aveugles, les opprimés. Tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, sont les êtres les plus marqués par le règne du péché sur le monde. Les miséreux sont dans le cœur de Jésus la scène sur laquelle peut le mieux se déployer les ressources infinies de la grâce, dont Dieu l’a chargé, comme une bonne nouvelle, d’être le porteur pour tous.

3. Avec Sa venue, comme déjà dit, s’inaugure pour le monde l’année de la faveur de Dieu : une ère de la patience et de l’indulgence de Dieu d’une durée sans commune mesure avec le temps de la colère qui lui succédera.

Le temps de cette année, même s’il s’achève, est toujours le nôtre. Jusqu’à sa dernière minute, tout homme qui, dans sa servitude, crie à Lui, peut immédiatement faire l’expérience de Son secours et de Sa délivrance. Puisse en ce jour beaucoup en faire encore l’expérience !

Deux sentiments successifs habitèrent, semble-t-il, les auditeurs de Jésus présents, en ce jour de sabbat, dans la synagogue de Nazareth. A l’écoute de son message, ce fut d’abord l’étonnement, voire l’admiration. Qu’était-il donc arrivé au fils de Joseph, se demandait-on, pour que de telles paroles, si pleines des rayons de l’amour de Dieu, sortent de sa bouche ? Tant que la réflexion s’arrêtait là, les opinions des auditeurs de Jésus à Son égard lui restaient favorables. Tout changea cependant au moment où Jésus quitta le commentaire du texte pour appliquer son contenu à Sa personne. Immédiatement, la foule passa de l’admiration à l’hostilité, une hostilité telle que, dit Luc en fin de récit, Jésus faillit y laisser sa vie.

Si un tel revirement de situation peut nous surprendre, il ne surprit pas le Seigneur. Citant des antécédents bibliques, Jésus identifiera le rejet dont il fit l’objet de la part de Ses concitoyens à l’incrédulité récurrente dont nombre de Ses prédécesseurs prophètes ont été l’objet. Cette versatilité des sentiments de la foule à l’égard de la Parole de Dieu est un élément que tout prédicateur fidèle ferait bien de prendre en compte. Un prédicateur peut être tout à la fois admiré pour la façon avec laquelle il s’exprime et haï pour le message qu’il délivre. Notons que, tant que nous ne passons pas aux applications concrètes, il y a de fortes chances que le sentiment de la foule à notre égard soit le premier que Jésus connut. L’hostilité se lève lorsque le message a fait mouche et que les auditeurs saisissent l’implication concrète qu’il a pour eux.

Que Dieu nous donne cependant, à l’image de Jésus, de ne pas adapter notre message aux réactions prévisibles de notre auditoire, mais d’être fidèle à la mission reçue de Celui qui nous envoie dans ce monde pour être Ses porte-parole.


mardi 1 décembre 2009

Chapitre 4, versets 13 à 15


Commencement du ministère public de Jésus


Satan, ayant épuisé contre Jésus toutes les ressources de sa ruse sans parvenir à ses fins, dut se résoudre pour cette fois-ci à jeter l’éponge. Pour autant, dit Luc, il n’a pas abandonné la partie. Constamment, il va être à l’affût, le surveiller, guettant, comme le lion tapi dans la savane surveillant sa proie, l’occasion favorable pour L’amener à chuter. Celles-ci, par le concours des hommes, s’offriront à lui dans l’avenir de multiples manières : réaction charnelle d’un Pierre à l’annonce de la mort prochaine du Maître : Mat 16,23, pièges multiples tendus par Ses adversaires : Jean 8,1 à 12 ; Luc 20,20 à 26, proposition jusqu’à la croix de prouver par un autre moyen que celui prévu par le Père qu’Il est le Christ : Luc 23,35. Prenons acte de cette réalité pour nous-mêmes car, même si c’est dans une moindre mesure et pour un enjeu moins grand que celui qui était lié au Fils de Dieu, elle nous concerne aussi : 1 Pierre 5,8.



Si jusqu’alors Jésus passait inaperçu, tout changea dès Son retour du désert en Galilée. Rempli du Saint-Esprit, revêtu de Sa puissance, Jésus commença par manifester publiquement, par Ses paroles et par Ses œuvres, qui Il était vraiment. Dès lors que ce qu’Il était en secret apparut au grand jour, inévitablement Jésus vit à la fois Sa popularité grandir et l’opposition se lever.