jeudi 30 septembre 2010

Chapitre 21, versets 5 à 27 (2)

2ème signe : guerres, désordres et catastrophes : v 9 à 11

Après le domaine religieux et spirituel, Jésus aborde la sphère du politique et du séculier pour dire ce qui le caractérisera dans les temps qu’il décrit. De tout temps, certes, il y eut dans l’histoire, et sur le plan international, des tensions et des conflits qui dressaient nations et royaumes les uns contre les autres pour aboutir à une guerre froide ou déclarée. Le fait que Jésus cite ce climat de guerre comme signe de l’époque précédant Sa venue en gloire souligne le caractère excessif de cette réalité dans les temps troublés qu’il décrit. De plus, la vision de cet état de fait, dans la pensée de Jésus, ne touche pas à de simples conflits régionaux provoqués par l’ambition de quelques roitelets. C’est d’une manière générale que la tension et l’état de guerre seront palpables, ce qui présuppose une configuration dans laquelle les états et les royaumes ne seront plus autonomes, mais rattachés les uns aux autres par de forts liens dans une réalité devenue globale.

Les guerres entreprises par les hommes ne seront pas le seul élément provocateur de troubles. Outre le domaine politique, les perturbations seront aussi d’ordre sanitaire, écologique et cosmique. Des épidémies, des pestes, la famine et de puissants tremblements de terre décimeront les populations, tandis que des phénomènes inexpliquées se produiront dans le ciel (Jésus fait-il allusion ici à ce que nous appelons « les colères du ciel » : tempêtes, ouragans dévastateurs, cyclones, climat déréglé ou évoque-t-Il autre chose que nous n’avons encore pas trop vu…).

Incontestablement, les temps que Jésus décrit ici seront des temps de vie terrestre très agités. Si l’agitation est la norme permanente de la vie des peuples dans l’histoire, l’époque dont Jésus parle se distinguera des autres périodes sur deux points :

- par la globalisation et l’intensité des faits relatés et des facteurs qui en sont l’origine

- par le caractère simultané des signes évoqués par Jésus.

Alors que dans le passé, et à certaines périodes, il manquait soit l’un, soit l’autre, ils se produiront ici tous ensemble.

mardi 28 septembre 2010

Chapitre 21, versets 5 à 27 (1)

Discours sur la fin

Le discours prophétique prononcé ici par Jésus, suite à la remarque admirative de quelques personnes de Son entourage sur le temple, entre dans la droite ligne de ce que, saisi de tristesse, Il avait annoncé sur le sort de Jérusalem à son approche : Luc 18,41 à 44. Jésus connaissait le principe de cause à effet. Il savait qu’inévitablement le rejet de Sa personne et le refus par le peuple de Dieu du salut qu’Il était venu apporter conduirait au jugement et au rejet de la nation par Dieu. Porté par Son regard visionnaire à la fin des choses, Jésus, à la demande des disciples, déroule le scénario des événements qui, du présent dans lequel ils se trouvent, va jalonner l’histoire de la nation jusqu’à la venue du Fils de l’homme en gloire : v 27.

Le discours de Jésus étant construit sur le principe de la double référence (il répond à la fois à la question de l’immédiat et du futur), il n’est pas aisé de dire avec exactitude à quelle époque précise se rapporte chaque signe donné par le Seigneur. Cela d’autant plus qu’il se peut fort bien que les signes donnés aient une double portée et s’accomplissent aussi bien dans la génération des disciples que dans celle qui précèdent Sa venue en gloire. Comme toujours avec la Parole de Dieu, mais peut-être de manière encore plus prononcée ici, il nous faut donc agir avec sagesse et prudence dans l’interprétation des paroles du Seigneur. Certaines de ces paroles s’appliquent sans ambiguïté à ce qui va se passer dans l’immédiat : elles ont pour but de répondre à la question posée par les disciples : la question du temps de la destruction du temple. D’autres, de manière évidente, concernent des temps plus éloignés, les temps de la fin, avant que Jésus ne revienne. Toutes se réfèrent cependant à Israël qui, comme il a été justement dit, est, dans la prophétie, l’horloge de Dieu. Listons les signes donnés par le Seigneur, la sphère dans laquelle ils se déroulent et essayons de comprendre à quelle période ils se réfèrent :

1er signe : un temps de séduction spirituelle : v 8

A toute époque, les temps de crise ont été favorables à la montée en puissance de la séduction spirituelle. Plongées dans l’incertitude, les foules sont à la recherche de paroles sûres, inspirées, de visionnaires qui sauront leur donner une perspective fiable pour l’avenir. C’est un temps propice à l’éclosion de multiples faux christs et faux prophètes dont notre époque, aussi incertaine que celle des disciples, regorgent. Jésus nous avertit, ainsi que Ses proches du moment : tout ce qui porte Son nom ou se réclame de Lui ne vient pas forcément de Lui. Soyons donc sur nos gardes et ne prêtons pas rapidement foi à toute vision, parole, annonce, prophétie que l’on dirait inspirée et venir de Lui. L’incertitude du temps n’est jamais une raison spirituelle pour perdre son sang froid et quitter le principe fondamental de l’épreuve par la sagesse et l’Ecriture de ce qui est annoncé : Actes 17,11 ; 1 Cor 14,29.

lundi 27 septembre 2010

Chapitre 21,1 à 4

L’offrande de la veuve :

Toujours dans le temple, Jésus observa les personnes qui s’approchaient du tronc pour y mettre leurs offrandes. Il vit d’abord plusieurs riches, puis, à leur suite, une pauvre veuve dont le don, en proportion, des sommes versées par les riches ne pouvait paraître que méprisable. A contrario de la valeur numérique de la somme versée par chacun, Jésus loua la richesse de l’offrande de la veuve, richesse qui, à Ses yeux, ne se mesure pas au montant de la somme du don fait, mais au prix, au sacrifice, au pourcentage que cette somme représente pour elle au regard du capital qu’elle possède. De la remarque de Jésus, on peut tirer plusieurs applications qui, près de vingt siècles plus tard, ont toujours valeur de directives pour nous :

1. la 1ère est que l’exercice de la piété est inséparable du don, et, en particulier, de l’offrande de notre richesse ou, du moins, d’une partie de notre capital pour Dieu et Ses causes. De même que, dans le monde, les incroyants investissent avec naturel dans ce pour quoi ils vivent et croient, il devrait être de la même logique et évidence de voir les croyants investir leur argent pour la cause de Celui qui est, à leur yeux, au-delà de tout. La joie ou la réticence que nous montrons à donner à la cause de Dieu est un révélateur du degré de valeur et de préciosité qu’a Dieu pour notre cœur.

2. La seconde est que, plus que devant les hommes, c’est d’abord devant Dieu que nous faisons notre don. Comme Jésus observa ceux qui donnaient, Dieu voit, regarde et soupèse la valeur, le poids qu’a le don que chacun fait. Nous pouvons, comme tentèrent de le faire Ananias et Saphira : Actes 5,1 à 11, tromper les hommes par l’apparence. Mais nous ne pouvons tromper Dieu qui évalue à leur juste mesure nos intentions. C’est à Lui seul que Dieu veut que nous donnions. Toute autre motivation ne peut que nous condamner face à Son jugement

3. Dieu aime celui qui donne sans contrainte et avec joie : 2 Cor 9,7. Non seulement le don que nous faisons pour la cause de Dieu est sans valeur s’il n’est pas l’expression d’une juste motivation, mais, il l’est également s’il est fait à contrecœur. Le don réel ne peut être que l’expression de l’amour, l’exemple nous ayant été donné par Dieu Lui-même en Jésus-Christ : Jean 3,16 ; 1 Jean 3,16.

4. C’est à la mesure de ce qu’il nous coûte réellement que s’estime la valeur d’un don, non à sa valeur numérique. Même 95% de la richesse d’un homme peut encore être du domaine du superflu pour lui. Par contre un rien peut parfois représenter le tout de ce que quelqu’un possède !

Que Dieu nous donne dans ce domaine, comme en d’autres qui nous semblent peut-être bien terre à terre, de faire œuvre réellement spirituelle : 1 Cor 10,31.

samedi 25 septembre 2010

Chapitre 20, versets 45 à 47

Mise en garde contre les scribes


En conclusion des moments de confrontation qu’Il vient de vivre, Jésus met en garde Ses disciples à l’égard des scribes. La mise en garde de Jésus s’entend, non d’abord au sujet du contact que les disciples pourraient avoir avec eux, mais de la conduite et du comportement dont ils font preuve. Car plus que les arguties théologiques qui opposent les scribes à Jésus, c’est toute leur attitude profonde qui est contraire à la Sienne. S’il y a donc un modèle que les disciples ne doivent pas imiter, un type de personnes auxquelles ils ne doivent jamais ressembler, ce sont les scribes.

Qu’est-ce qui, dans ce modèle, apparaît aux yeux de Jésus, non seulement comme incompatible, mais totalement antinomique avec le fait d’être Son disciple :

1er point : la recherche de l’apparat

Ce qui doit faire le prestige et la beauté d’un disciple ne doit en rien se situer dans l’apparence. Plus notre force est dans le paraître, moins elle l’est dans l’être. Si le disciple de Christ doit briller, ce n’est pas dans la tenue ou les habits qu’il porte que cela doit se voir, mais dans l’être qu’il est devant et pour les autres. Etre disciple de Christ est totalement contraire à l’amour du clinquant et du brillant. Retenons la leçon : la façon dont nous apparaissons aux autres n’est pas neutre. Elle transmet un message qui, soit attire vers Christ, soit repousse de Lui ceux qui nous côtoient. Plus que tout, soit elle rend compte justement de l’image de l’homme qu’était Jésus soit elle la déforme de façon outrancière.

2ème point : la recherche des honneurs mondains

Jamais le souci d’être à la première et à la meilleure place, la plus en vue, ne devrait habiter le cœur du disciple de Christ. S’il veut être fidèle à l’esprit qui animait son Maître, le disciple de Christ doit chercher, non à être servi, mais à servir : Marc 10,45. Etre serviteur est le modèle concret et parlant que Jésus a clairement voulu laisser à Ses disciples avant Son départ : Jean 13,1 à 15, le seul modèle qu’Il nous a ordonné de suivre en exemple.

3ème point : l’hypocrisie, la dichotomie entre les actes et les attitudes

Inévitablement, Jésus le montre ici, la recherche du paraître aboutit à l’hypocrisie, cette division flagrante entre l’image que l’on présente de soi et la réalité. Or, s’il y a bien un domaine dans lequel le disciple de Christ doit faire preuve d’unité, c’est entre les actes « religieux » qu’il exprime et les motivations qui en sont à l’origine. Rien n’est plus nuisible à la cause de Dieu et au témoignage de Christ qu’un chrétien qui se sert des actes de piété dont il fait preuve pour exploiter les autres, ces autres étant souvent les personnes les plus faibles et les plus vulnérables (veuves, orphelins…).

On aurait aimé que les avertissements de Jésus ne tombent pas dans l’oreille de sourds. Malheureusement, dès le début de l’Eglise, certains des comportements dont Jésus met en garde les disciples pointent le bout de leur nez : Actes 5,1 à 14 ; 8,18 à 20. Les disciples, en leur temps, ont tenu ferme pour ne pas les laisser s’introduire dans l’Eglise. Il n’en sera plus de même plus tard, la vanité, la pompe et l’appétit de pouvoir prenant le dessus sur la vérité, l’humilité et l’esprit de service.

Que Dieu, constamment, nous donne de revenir au modèle qu’était Jésus pour nous y aligner !

vendredi 24 septembre 2010

Chapitre 20, versets 41 à 44

Le Christ, fils et Seigneur de David

Les sadducéens affectionnant ce qui est biblique et explicable par la raison, Jésus va à Son tour leur poser une question en forme de dilemme qui va dans ce sens. Le but de Jésus par la question posée est d’aller au-delà du jeu en lui-même. Si, jamais, Jésus ne sera pris en défaut par les subtilités humaines, Son objectif n’est pas, dans la sorte de concours au plus malin dans lequel veulent L’entraîner Ses adversaires, d’être Celui qui marque le plus de points. Jésus poursuit d’autres buts. Il a comme objet, d’enseigner, d’éclairer, de manifester le fait que Sa parole est Parole de Dieu, que les vérités constitutives de Ses affirmations sur Lui-même sont celles de Dieu.

Son identité étant, au fond des choses, au cœur de la polémique entre Lui et Ses détracteurs, le meilleur sujet de réflexion auquel les inviter à cogiter n’était-il pas celui qui porte sur celle du Messie, telle que l’Ecriture en parle. Citant le verset 1 du psaume 110, Jésus demanda donc aux sadducéens, si préoccupés de faire concorder foi et raison, comment ils pensaient résoudre par ce moyen l’antinomie qui apparaissait dans ce texte quant à la double nature, humaine et divine, du Messie. Car, l’Ecriture le montre clairement : le Christ sera à la fois le fils et le Seigneur de David !

Les sadducéens eurent la bouche fermée : aucune espèce de justification raisonnable ne peut expliquer le Christ. Celui-ci ne peut être pris tel qu’Il est et se présente ou rejeter. Il n’est possible de L’accommoder d’aucune manière pour Le présenter au monde en une formule acceptable par la raison. Que Dieu nous donne de nous en souvenir aussi, nous qui, plus que partout ailleurs peut-être, devons être Ses témoins dans une société si cartésienne !

jeudi 23 septembre 2010

Chapitre 20, versets 27 à 40

Question sur la résurrection

Connus comme les cartésiens de l’époque : Actes 23,8, les sadducéens se présentèrent à leur tour à Jésus pour L’interroger et chercher à Le placer en échec ou en défaut dans Sa propre théologie. Sa basant sur un précepte scripturaire donné par Moïse, ils proposèrent à Jésus, sur la base d’une histoire fictive, de résoudre une question qui, à leurs yeux, paraissait insoluble : qui, de sept frères ayant eu la même femme sans enfant, serait le mari de celle-ci au jour de la résurrection, résurrection à laquelle les sadducéens ne croyaient pas.

La réponse de Jésus tient en deux points :

1er point : il révèle l’ignorance des sadducéens quant à la nature qu’auront, au jour de la résurrection, ceux qui seront trouvés dignes de la vie éternelle. L’impossibilité liée au cas que les sadducéens avait soumis à Jésus ne tenait qu’à une seule chose : le fait que leur réflexion se déroulait dans le cadre étroit de leur conception de la réalité : une conception enfermée dans les limites de leur vécu terrestre. Jésus l’affirme : la réalité qui attend ceux qui entreront dans le monde nouveau que Dieu leur a préparé est totalement différente. Cette réalité est affranchie des limites et des contingences attachées à la vie physique et humaine telle que nous la connaissons aujourd’hui. Si les sadducéens se trouvent dans une impasse quant à leur raisonnement, ce n’est pas que ce que Jésus pense est impossible. C’est que le cadre dans lequel eux-mêmes pensent n’est pas le bon. L’étude de cas proposée par les sadducéens à Jésus est l’exemple même de la difficulté que rencontrent ceux qui veulent faire passer la compréhension des réalités spirituelles par le filtre de la raison. Jésus le dit clairement : les limites et les contingences que nous connaissons dans notre état d’homme dans cette vie ne seront plus d’actualité dans la vie qui vient. Aussi disparaîtront avec elles les impossibilités qui y sont attachées.

La question se pose pour nous : lorsque je doute de quelque chose au sujet de Dieu, ne serait-ce pas d’abord parce que le cadre dans lequel se situe ma réflexion est trop étroit ?

2ème point : contrairement à ce que pensent sans doute Ses détracteurs, la question de la résurrection n’est pas une nouveauté introduite par Jésus. Le nom même sous lequel Dieu s’est révélé à Moïse, sur lequel les sadducéens s’appuient, en est un témoignage implicite. Déclinant Son identité, fondement de Son autorité, « Je suis, dit Dieu à Moïse, le Dieu d’Abrahm, d’Isaac, et de Jacob » : Exode 3,16, personnages, sur le plan humain, tous morts à l’époque, mais pourtant vivants pour Lui, le Dieu de la Vie ne pouvant s’identifier qu’à des vivants.

Notons une fois de plus ici la sagesse de Jésus, qui, se plaçant sur le même terrain que Ses adversaires, utilisent leurs armes pour les retourner contre eux. Que Dieu, par Sa sagesse, nous enseigne l’art apologétique qui était le Sien !

vendredi 17 septembre 2010

Chapitre 20, versets 20 à 26

L’impôt dû à César

N’ayant pas obtenu satisfaction avec la première question posée, les adversaires de Jésus redoublèrent de ruse. L’objectif clairement affiché des questions posées n’est pas d’entendre pour apprendre, mais pour piéger Jésus. Toujours dans le domaine de l’autorité, la seconde question qui Lui est posée aborde l’un des points les plus délicats à trancher pour les Juifs de cette époque. Commençant par des flatteries qui faisait l’éloge du souci de Jésus d’être impartial et d’enseigner le plus exactement possible la voie de Dieu, Ses adversaires lui demandèrent sans transition si, oui ou non, en tant que Juifs, ils devaient payer l’impôt ordonné par César. Les intentions qui se trouvent derrière la question sont évidentes. Si Jésus répond par l’affirmative, Il apparaîtra pour tous les juifs pieux comme un collaborateur. Dans le cas inverse, Il pourra être dénoncé auprès des autorités occupantes comme un séditieux.

On n’apprend pas, dit le proverbe, à un vieux singe à faire des grimaces. Si la sagesse de ses adversaires a comme but de Le prendre dans leurs filets, c’est Lui, dit l’Ecriture, qui prendra les sages dans leur propre ruse : Job 5,13 ; 1 Cor 3,19. Demandant à voir un denier, monnaie de l’époque, Jésus, à son tour, comme Il le fait souvent, interrogea Ses opposants. « Le denier que j’ai en main, de qui porte-t-il l’effigie et l’inscription ? » La réponse à la question posée ne pouvait être qu’unique : les adversaires de Jésus ne peuvent faire autrement que d’entrer dans Son jeu ! « De César ! » fut la réponse obligée ! Toujours partiellement citée, la répartie de Jésus est devenue proverbiale : Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu !

D’un seul tenant avec ses deux propositions, la réponse de Jésus va au-delà de la justification du paiement à César de l’impôt réclamé. De manière fine, elle renvoie à la façon avec laquelle Ses ennemis L’ont abordé. N’ont-il pas eux-mêmes témoigné en L’abordant qu’ils voyaient en Lui l’image et la marque d’un homme de Dieu authentique ? Si tel est le cas, leur réponse unanime à la question posée par Jésus les condamne. Car, de même que ce qui porte la marque de César doit être rendu à César, ce qui porte la marque de Dieu doit aussi Lui être rendu. Et, comme le fait de spolier César de ce qui lui revient de juste droit fait encourir à ses voleurs sa juste colère, c’est aussi, pour les adversaires de Jésus, aller au-devant de la colère de Dieu de refuser de Lui rendre ce qui Lui est dû par Jésus.

Que Dieu nous donne de ne jamais oublier de rendre grâces à Dieu pour la grâce dont nous avons été, de Sa part, l’objet en Christ !

jeudi 16 septembre 2010

Chapitre 20, versets 9 à 19

Parabole des vignerons

S’il est un art dans lequel Jésus excelle, c’est bien dans celui de ramasser en peu de mots des vérités qui ont mis, pourtant , des siècles à s’incarner. Car Jésus le montre ici : la révélation est une histoire, l’histoire des relations difficiles de Dieu avec Son peuple et, plus particulièrement avec ceux qui, parmi Son peuple, ont reçu la charge d’être à la fois les dépositaires et les gérants de Ses richesses. Nul doute que la parabole que Jésus raconte ici ne rend pas compte de tous les aspects du dessein entier de Dieu. Dieu l’a fait savoir dès le début à Abraham : la décision qui L’a amené à porter son choix sur lui, pour faire de lui et de sa descendance un peuple choisi, ne s’arrête pas à lui mais a comme fin ultime la bénédiction du monde entier : Genèse 12,1 à 3. Dès le commencement, la fin est mentionnée. La parabole, cependant, résume bien le vécu réel de Dieu avec Israël, Son peuple, et plus particulièrement ses responsables à qui Jésus s’adresse et, ils l’auront vite compris, à qui Il la destine.

Que dit cette parabole ? Elle a pour objet de révéler, aux yeux des scribes, des prêtres et des anciens réunis autour de Jésus, une constante de l’histoire qui, à elle seule, suffit à expliquer la raison à la fois de leur incrédulité et de leur hostilité présentes envers Lui. Cette constante est que, quels que soient les temps et les époques, Dieu, malgré le fait qu’Il était le propriétaire légitime des biens spirituels qu’Il a confié à Son peuple : cf Rom 9,4, dut toujours faire face à la même attitude de la part de ceux à qui Il en avait confié l’exploitation. Non seulement, Il ne put récolter aucun fruit de la vigne qu’Il avait remis à leur intendance : cf Esaïe 5,1 à 4, mais, de plus, tous ceux (les prophètes) qu’Il envoya vers les intendants revinrent les mains vides, après avoir subi maints violences et outrages, quand ils ne revinrent pas du tout : cf Matthieu 23,29 à 33.

Maintenant cependant, Jésus le précise, l’heure est beaucoup plus grave. Car, si le maître de la vigne, jusqu’à ce jour, a envoyé des serviteurs, c’est un personnage d’une autre importance qu’Il a décidé d’envoyer vers eux, espérant, d’une part qu’ils le reconnaissent, d’autre part, qu’ils le respectent. Pour ce qui est du premier souhait du propriétaire, pas de souci : les intendants ont bien compris à qui ils ont à faire. C’est sans ambiguïté que Jésus place dans leurs bouches la formulation exacte de son identité : celui (lui-même) qui, de la part du propriétaire, a été cette fois-ci envoyé vers eux, est l’héritier, le fils ! Pour autant, et malgré le rang et la dignité du personnage, leur attitude ne changera pas ! Comme pour les derniers serviteurs envoyés, le même sort lui sera réservé. Un complot est ourdi contre lui, le fils est fait prisonnier, puis exécuté hors de la vigne (symbolique ici de Jérusalem, épicentre de la vie spirituelle du pays). La venue du fils auprès des intendants n’aura servi qu’à une chose : entériner et fixer de manière définitive et irréversible l’attitude d’hostilité et de refus qui a été celle des intendants des biens de Dieu en Israël de tout temps envers Lui.

Le point de non-retour étant atteint ici avec le rejet et l’exécution du fils, Jésus conclut la parabole en révélant ce que sera la suite de l’histoire. Les premiers intendants s’étant montré totalement indignes de la grâce et des privilèges qui faisaient l’objet de leur vocation, le propriétaire, à la suite de la disparition de son fils, les fera à son tour disparaître. Puis, Il confiera sa vigne à d’autres.

Les paroles prophétiques de Jésus s’accompliront à la lettre. Elles sont et restent, des siècles plus tard, la clé de la compréhension de l’histoire à la fois singulière, mystérieuse et dramatique d’Israël. Une génération à peine après le rejet et l’exécution de Jésus à Jérusalem, le pays sera conquis, le temple détruit et le peuple exilé. Pour autant, loin de là, ce ne sera pas la fin de l’œuvre et du témoignage de Dieu dans le monde. Des mains d’Israël, l’exploitation des biens de Dieu, leur gérance passeront à l’Eglise. Du judaïsme mourant naîtra le christianisme triomphant… jusqu’au jour, selon Paul, du rétablissement final d’Israël : Rom 11,11 à 16. Car un seul et même dessein lie toutes les parties de la Révélation ensemble.

A nous qui sommes les intendants en seconde main des biens de Dieu, Paul le dit : Israël est un avertissement pour nous. Si eux qui avaient été les premiers choisis ont connu la disgrâce de Dieu, nous pouvons aussi, si nous ne manifestons pas de meilleures dispositions de coeur qu’eux, la connaître aussi : Rom 11,17 à 22. La grâce dont nous sommes l’objet ne nous affranchit pas de la crainte et du respect qui ont tant fait défaut à nos prédécesseurs juifs au cœurs des siècles. Que Dieu nous donne d’être les intendants dignes et fidèles de ces biens si précieux qu’Il nous a confié, qu’Il attend que nous soyons : 1 Cor 4,1 à 5 !

mardi 14 septembre 2010

Chapitre 20, versets 1 à 8

L’autorité de Jésus


Entré dans les murs de Jérusalem pour ce qu’on pourrait appeler la dernière ligne droite de Son parcours, Jésus, tel le condamné dans l’arène, fait l’expérience que, désormais, le plus dur est arrivé. Si l’heure est venue pour Lui d’accomplir ce pour quoi Il a été envoyé par le Père dans le monde, c’est aussi, en préambule, celle de la vérité qui sonne ici. Comme Il vient de le dire, Jésus se trouve, à Jérusalem et dans le temple, dans le repaire même de Ses ennemis les plus farouches. Si, dans le passé, de nombreuses escarmouches ont ponctué Ses rencontres avec l’élite religieuse du pays, l’heure de la confrontation directe et de la bataille finale a sonné. En effet, pour les responsables religieux du peuple, les choses n’ont que trop duré. Il faut en avoir le cœur net : au plus vite, la question Jésus doit être tranchée. Le « poisson » est dans le filet, et pas question qu’il ne s’en échappe. Le moment est donc venu de réunir les preuves qui permettront, au jour de Son procès, de Le confondre. La première question, au fond la principale, est posée : « Dis-nous, Jésus, par quelle autorité fais-tu tout ce que tu fais. Qui te L’a donné ? »

La question est centrale. En effet, seule l’autorité que l’on possède peut permettre de faire avec légitimité aux yeux des autres ce que l’on fait dans la position que l’on occupe. Je ne peux, par exemple, agir en tant que père à l’égard de mes enfants que parce que, dans les faits, je le suis effectivement. Toute autre personne qui se comporterait comme je le fais envers eux serait un usurpateur. L’autorité ne se décrète, ni ne s’invente. Soit elle nous est donnée de fait à cause de ce que l’on est (l’exemple du père), soit elle nous est conférée par mandat (l’exemple du gérant). Pour ce qui concerne Jésus, en train de chasser les vendeurs du temple, la maison de Dieu, la question est cruciale. Si Jésus n’a pas l’autorité requise pour agir comme il le fait, malgré toutes les qualités que, par ailleurs, Il pourrait posséder, Il est un usurpateur. Si par contre, il peut être établi que c’est de Dieu qu’Il a reçu Son mandat, Ses actes sont légitimes.

Jésus ne répondra pas directement à la question. Pour deux raisons essentielles : la première est qu’Il sait que ce n’est pas à celui qui est mis en cause dans le domaine de l’autorité de fournir lui-même les pièces servant à sa justification ; la seconde est que, quoi que ce soit comme preuves qu’Il puisse avancer, de toutes manières, Il ne sera pas cru. La manière directe n’étant pas la bonne, Jésus va utiliser deux procédés pour répondre à Ses interlocuteurs : le questionnement, pour les placer face à leurs propres contradictions, et la parabole, pour les amener eux-mêmes par la déduction à recevoir la réponse à leur question ?

En ce qui concerne le domaine spirituel ou religieux, Jésus le sait : la légitimité pour l’exercice d’un ministère, quel qu’il soit, ne peut venir que d’une seule source : du ciel. Si ce n’est Dieu Lui-même qui nous appelle et nous qualifie pour agir en Son nom, nous ne sommes que des faussaires. Plutôt donc que de répondre pour Lui-même, Jésus va interroger Ses quêteurs sur celui qui l’a précédé : Jean-Baptiste. Les deux ministères étant liés l’un à l’autre, la conclusion est simple et logique : si Jean a reçu son mandat de Dieu, alors Jésus aussi. Si Jean agissait de son propre chef, alors rien n’autorise à penser que Jésus est bien un envoyé de Dieu. L’embarras des chefs religieux fut grand. Car la conviction de tous en Israël est que Jean était un véritable prophète. Le contester serait s’attirer les foudres du peuple. Le reconnaître serait se mettre soi-même en porte-à-faux, les chefs étant peut-être les seuls à n’avoir pas cru en lui. Le choix fut fait de ne pas répondre, choix auquel Jésus joignit le Sien en ce qui Le concerne. Pour autant, le dialogue ne se termine pas ici. La parabole qui suit va donner aux chefs religieux l’occasion d’entendre très clairement la vérité de Dieu au sujet de Jésus.

jeudi 9 septembre 2010

Chapitre 19, versets 45 à 48

Colère de Jésus dans le temple

Si les causes de la tristesse qu’éprouve Jésus en voyant Jérusalem sont multiples, nul doute que ce qui se passait dans le temple y est pour une bonne part. Aussi, après les pleurs vient la colère. Autant que la bonté et la miséricorde, la colère, souligne la Bible, fait partie des éléments de la personnalité de Dieu. Elle en est même, par le caractère entier de l’amour que Dieu porte sur les choses et sur les êtres, une nécessité, comme son verso obligé.

Bien que violente dans son expression, la colère de Jésus (comme celle de Dieu) ne dépasse pas le cadre de Son amour. Après la parole, les prophètes, les nombreux avertissements donnés, elle peut être le moyen que Dieu utilise, en dernier recours, pour que le peuple de Dieu prenne la mesure de ce qui Lui déplaît et juge, éjecte hors des murs de Son temple ce qui n’a pas à s’y trouver. Comprenons bien que notre Dieu est un Dieu entier : entier dans Son amour pour nous, dans l’offre et l’application de Son pardon, mais entier aussi dans la place qu’Il désire occuper dans Sa maison, Son temple. Or, cette maison qui est ici à Jérusalem, est aussi l’Eglise ou notre propre être : 1 Cor 6,19 ; Ephés 2,19 à 21. Dieu, montre Jésus, ne laissera pas indéfiniment se développer dans Son temple des pratiques contraires à Sa nature. Vient le moment où, après avoir patienté, Il agira, certes avec amour dans un objectif salutaire, mais aussi avec fermeté, sans concession, exigeant que des mesures entières et radicales soient prises à l’encontre de ce qui L’attriste et Le fâche au milieu de nous !

Si la colère de Jésus est un puissant témoignage du caractère entier de Dieu, elle l’est aussi de l’insensibilité dans laquelle le compromis plonge ses victimes. La colère de Dieu est le dernier recours salutaire qu’Il utilise alors pour nous réveiller, c’est-à-dire nous ramener à Sa raison. En effet, bien qu’au service de Dieu, notre conscience n’est pas un indicateur fiable de ce qui est juste et approuvé ou non par Lui : 1 Cor 4,4. Gagnée par les arguments de la chair qui, au sujet du compromis, prêchent en faveur « de la voie de l’équilibre et de la raison », le tranchant de la conscience finit par s’émousser. Elle perd alors, par les reproches qu’elle fait et la douleur qu’elle occasionne à l’âme, son rôle vital. Ne pouvant plus remplir cette mission de garde-fou, la conscience devenue muette oblige Dieu à l’utilisation du dernier moyen par lequel Sa parole se fera de nouveau entendre : le fouet de la colère.

Malheureusement, la réaction espérée ici par Jésus n’aura pas lieu. Au lieu d’être repris et saisi par la colère de Jésus, les responsables spirituels du peuple, à l’image du Pharaon face à Moïse : cf Exode 8,15, s’endurcissent. A la place de se repentir, ils prennent la décision la plus insensée et la plus grave qui soit : éliminer Jésus. Se faisant, leur hostilité envers Jésus atteint un point de non-retour.

Que Dieu nous garde de les imiter dans notre folie. Que nos cœurs soient attentifs à la tristesse qu’éprouve Son Esprit dans nos cœurs à cause du péché de peur que, faisant la sourde oreille aujourd’hui, nous soyons l’objet de Son châtiment demain !

mardi 7 septembre 2010

Chapitre 19, versets 41 à 44

Jésus pleure sur Jérusalem :


Jérusalem ! Nulle autre ville, c’est certain, n’occupe et ne préoccupe autant le cœur et les pensées de Dieu qu’elle ! Dieu, certes, dit la Bible, est présent partout et n’habite pas dans des maisons faites de main d’homme : cf 1 Rois 8,27, ni ne se tient à un endroit géographique précis. Pourtant, lorsqu’Il voulut se faire ici-bas un lieu de résidence, Ses yeux, dit la même Bible, se portèrent sur Sion, la colline de Jérusalem : Psaume 48,2 ; Exode 15,17. Aussi les hommes pieux et les pèlerins qui voulaient rencontre Dieu et Lui rendre le culte, l’honneur et la gloire qui Lui sont dûs, n’avaient qu’un désir : se rendre à Jérusalem : Ps 116,17 à 19 ; 122,1 à 5. C’est là aussi qu’un jour Dieu entendra et exaucera la prière de tous les peuples qui, à Jérusalem, se tiendront devant Lui pour Le servir : Ps 102,20 à 23. L’importance qu’a Jérusalem au cœur de Dieu se retrouve dans les paroles de Jésus à son sujet. Pour exemple fortuit, une parole de son célèbre sermon sur la montagne : condamnant le serment comme moyen d’attester la vérité, Jésus interdit à Ses disciples de jurer sur le ciel, la terre, les plus grandes œuvres de la création de Dieu, ou, 3ème exemple, Jérusalem, la ville du grand Roi : Matthieu 5,33 à 37. Seule cité citée, Jérusalem est ici le témoin de la haute importance qu’elle a aux yeux du Fils de Dieu !

Pour l’heure, tel n’est pas le cas ! Et si, plus que tout autre, Jésus aime Jérusalem, c’est avec larmes que, contemplant la ville au détour d’un chemin, Il s’apprête à en franchir l’entrée. Deux sujets, montrent les Evangiles, provoquèrent la tristesse de Jésus au point de Le faire pleurer. Le premier est la mort de son ami Lazare : Jean 13,35, le second sera ici la vue de la ville sainte, capitale d’Israël ! La même émotion qui saisit Jésus face au cadavre de Son ami Le saisit ici face à vue de la ville de Dieu, objet de tant d’affection et de promesses de Sa part ! Les deux émotions se ressemblent, mais se distinguent aussi. Car si les pleurs de Jésus pour Lazare étaient dûs à un état physique visible, palpable (le cadavre de Lazare),  les pleurs sur Jérusalem avaient pour cause, l'état spirituel moribond de la nation, un état que seuls les yeux du coeur et de l'esprit de Jésus voyaient.
Car Jésus le dit : ce qui attend Jérusalem dans un proche avenir est la même chose que ce qui frappa subitement Son ami : la mort. Ce qui rend cependant Jésus si triste est que, contrairement à Lazare qui ne pouvait éviter ce qui lui arriva, Jérusalem avait entre ses mains la paix et le bonheur qui, depuis, lui fait tant défaut. En rejetant Jésus au lieu de L’accueillir comme Son Messie, en le mettant sur une croix hors de sa porte : Hébr 13,11 à 13, Jérusalem a laissé passer son heure. Une génération suffira pour que, conformément à la prophétie de Jésus, elle en récolte les conséquences tragiques et douloureuses. Conquise par les romains, le temple et la ville seront détruits et le peuple emporté dans un long exil qui ne s’achèvera que près de 19 siècles plus tard.

Les pleurs de Jésus sur Jérusalem nous enseignent qu’il y a pour chaque ville, chaque pays, mais aussi pour chaque être, des heures cruciales au cours desquelles se décide l’avenir. La Réforme en fut une pour la France qui, l’ayant rejeté au prix du sang de nombreux martyrs de la foi, s’est ensuite enfoncée dans un cycle de conflits et de guerres continuelles. La question se pose pour chacun de nous : quels sont les sentiments qui agitent le cœur de Jésus en nous voyant ? Pleure-t-Il, comme Il le fait ici, la perte des nombreuses occasions offertes par la grâce de Dieu pour notre paix ? Ou peut-Il se réjouir de l’accueil empressé qu’Il trouve pour Lui dans nos cœurs ? De la réponse à ces questions dépend de quoi sera fait notre avenir !

Pour conclure, notons que les pleurs de Jésus peuvent avoir deux suites : une heureuse, comme celle de Lazare, une terrible comme celle de Jérusalem. Les pleurs de Jésus sont ont une portée incomparable. Pour ceux qui en sont l’objet, ils seront synonymes de pleurs de joie ou de larmes de désolation. Pardon, ô Dieu, pour tout ce qui peut être source de tristesse pour Toi dans ma vie !

samedi 4 septembre 2010

Chapitre 19, versets 28 à 40

Entrée de Jésus à Jérusalem


S’approchant de Jérusalem, Jésus délégua deux de Ses disciples pour une mission singulière : se rendre dans le village en face duquel ils se trouvaient pour leur amener un petit ânon qu’il trouverait attaché. Derrière la singularité de la demande, et son caractère apparemment anodin, Jésus révèle en plusieurs éclats, pour qui sait y regarder, le scintillement de Sa divinité :

1er éclat : avant même que les disciples se rendent sur place, Jésus décrit avec détail ce qu’ils vont y trouver. Les détails donnés par Jésus ne concernent pas qu’une partie des faits. C’est toute la situation, telle qu’ils vont la vivre, que Jésus dépeint. L’ânon qu’il trouve est bien attaché et, comme Jésus l’a dit, les propriétaires, à l’annonce du fait que leur emprunt de l’animal est pour les besoins du Seigneur, le laisseront aller.

2ème éclat : Jésus réalise de manière intentionnelle la prophétie dite par le prophète Zacharie : Zach 9,9, annonçant à Jérusalem que son roi viendrait de manière humble, assis sur un ânon. L’initiative prise ici par Jésus de se présenter à Jérusalem comme il était annoncé par le prophète a fait couler beaucoup d’encre. Jésus connaissant la prophétie, certains détracteurs de Sa messianité L’ont accusé de se mettre lui-même en scène pour être reçu et acclamé comme tel par la populace. L’accusation ne fait pas long feu pour au moins trois raisons :

- Jésus aurait eu beau vouloir entrer à Jérusalem sur un ânon, Il n’aurait pu faire que les choses se passent comme elles se sont passées s’Il n’était Dieu. Jésus savait où était l’ânon, Il savait aussi qui en étaient les propriétaires et quelles étaient les dispositions de leur cœur envers Dieu. Au passage, nous pouvons nous poser la question de savoir si, sur la base d’une telle parole, nous aurions agi comme eux !

- Tous les Evangiles témoignent qu’Il n’est absolument pas dans le caractère de Jésus de se mettre Lui-même en avant, d’organiser en quelque sorte la louange qu’on Lui rend : cf Jean 7,4 ; 6,15. Jésus sait ce qui L’attend à Jérusalem : Luc 18,31 à 34. L’initiative prise ici par Jésus est là pour montrer qu’aucun détail de ce qui a été dit au sujet du Messie ne manquera dans Son parcours.

- Si Jésus a pu organiser ici d’une certaine manière l’accomplissement de la prophétie, dans quantité d’autres domaines, Il n’a fait qu’être l’objet passif de la réalisation de ce qui avait été annoncé. Jésus n’a choisi ni de naître d’une vierge, ni de mourir crucifié, ni d’être trahi par un ami pour trente pièces d’argent, ni d’être enseveli dans le sépulcre d’un riche ou de mourir entre deux brigands. Ce n’est pas Jésus qui a décidé qu’aucun de ses os ne serait brisé ou qu’Il ressusciterait le 3ème jour… Le pourcentage de prophéties que Jésus a Lui-même choisi d’accomplir est infime face à celui des actes prédits qui se sont faits indépendamment de Sa volonté.

Comme les pharisiens mécontents qui, au bord de la route, assistent au triomphe qui est fait à Jésus, il y aura toujours des esprits chagrins qui trouveront à redire à ce qui se passe ici. Pour nous, joignons nous à la foule des disciples, à la fois dociles, prêts à répondre à toutes les missions qu’Il nous donne, aussi singulières puissent elles paraître, et transportés de joie ! Oui ! Celui qui entre ici à Jérusalem, si humble, est notre Dieu, pourtant si grand, si fort, si puissant ! Quel bonheur est le nôtre d’être l’ami et le disciple d’un tel Dieu !

vendredi 3 septembre 2010

Chapitre 19, versets 11 à 27

La parabole des mines :


En route vers Jérusalem avec Ses disciples, Jésus, pressentant qu’ils avaient une vision fausse de ce qui allait se produire (cf Luc 18,34), eut à cœur de la corriger. Dans une parabole qui réunissait tous les acteurs impliqués dans l’intrigue dont Il était le centre, Jésus situa chacun des événements de Son parcours dans la juste perspective chronologique dans laquelle ils étaient inclus :

1er événement imminent :

Jésus tient à détromper Ses disciples. L’événement majeur imminent qui était devant eux n’est pas l’instauration du royaume de Dieu, mais le retour de Jésus auprès du Père pour Son investiture royale. En effet, bien qu’ayant acquis par Sa mort la libération de l’humanité de la domination du malin, la procédure divine exige que ce ne soit pas de Lui-même qu’Il exerce la royauté, mais par un acte significatif de la volonté du Père. C’est pourquoi, après Sa mort, Dieu ressuscitera le Fils et L’élèvera dans les cieux pour le faire asseoir à sa droite jusqu’à ce que tous Ses ennemis soient devenus Son marchepied : Actes 2,32 à 36. Dieu seul pouvait faire Christ et Seigneur l’homme Jésus qui fut crucifié.

Pour l’heure, tout le détail de ce processus qui attend Jésus est caché aux yeux des disciples. Mais Jésus tient à les rendre conscient de son esquisse : ce qui est devant eux n’est pas l’ère du règne, mais de l’investiture. Si donc les choses sont ainsi, qu’est ce qui attend les disciples ? Plusieurs choses :

a. la 1ère est l’équipement personnel de chacun pour le service de Son nom et de Sa cause dans ce monde. Bien que différents, chacun des disciples, dit la parabole, est au départ gratifié du même capital qu’il est appelé à faire fructifier. Jésus ne précise pas ici à quoi correspond ce capital commun reçu par les disciples. Mais on peut penser, en lisant le livre des actes qui nous fait entrer dans la suite de l’histoire, qu’Il fait ici allusion au Saint-Esprit donné et au rôle de témoin du Christ qui en découle pour chacun qui le reçoit : Actes 1,8.

b. Après l’équipement, viendra le temps du travail, c’est-à-dire, de l’engagement au service des intérêts du futur Roi du capital reçu. Ce temps correspond au temps de l’absence visible du Roi. C’est un temps dans lequel nous sommes appelés à travailler de mieux en mieux au service du Seigneur, sachant, dit Paul, que notre travail ne sera pas vain : 1 Cor 15,58.

Le second événement : le retour du Roi

Si long que soit le temps de l’absence, il se terminera. Vient le moment où, couronné et investi de l’autorité royale, le Roi revient pour entrer en possession effective de Son règne : cf Psaume 2,7-9 ; Apoc 11,15. Suit alors pour chacun le temps du jugement et du compte-rendu de son attitude et du comportement dont il a fait preuve au temps de l’absence :

a. pour les serviteurs, la récompense est proportionnelle au degré d’engagement, degré mesuré par les profits acquis pour le Roi dans le temps du service. Jésus avertit : aucune excuse, ni circonstance atténuante ne sera prise en compte justifiant les serviteurs négligents. Chacun, à son niveau, d’une manière ou d’une autre, a les moyens de faire fructifier un tant soit peu ce qu’il a reçu de Dieu ! La stérilité dans le service de Dieu ne peut avoir qu’une seule explication : l’ingratitude et la paresse. Pour qui est dans ce cas, non seulement aucune récompense ne sera donné, mais il se verra même dépouillé de la richesse initiale reçue au profit de celui qui aura le plus travaillé. On ne se moque pas de Dieu, qui sait rendre à celui qui est ingrat selon son ingratitude et à celui qui Lui est dévoué selon sa dévotion : cf Ps 18,26-27.

b. Pour ceux qui, au temps de l’absence, auront démontré par leurs actes qu’ils Le haîssaient et ne voulaient pas de Sa royauté sur eux, le Roi décidera d’un seul arrêt pour tous : la mort, l’exécution en Sa présence !

Tous, nous faisons partie de l’une ou l’autre des catégories citées dans la parabole. La question se pose : à qui, de tous les personnages mentionnés hormis le Roi, pouvons-nous nous identifier ?

jeudi 2 septembre 2010

Chapitre 19, versets 1 à 10

Rencontre avec Zachée

Après Bartimée, que la foule voulait faire taire, Zachée, que la population méprisait, fut la 2ème personne qui bénéficia du passage de Jésus à Jéricho. Si Zachée ne connaissait Jésus que par ouï-dire, Celui-ci manifestement, sans l’avoir jamais rencontré, savait déjà tout de lui. Bien avant que nous Le connaissions, il apparaît que Jésus nous connaît. Nathanaël, sous son figuier : Jean 1,48, et Zachée sur son sycomore en sont la preuve. L’arrêt de Jésus à Jéricho dans la maison de Zachée, personnage abhorré à cause de sa fonction, nous rappelle également que nous devons veiller à ne pas juger d’après l’apparence pour reconnaître et trouver dans tous les lieux où le Seigneur passe, les enfants d’Abraham. Il se peut fort bien que tel personnage qui, aujourd’hui, ne fait que nous inspirer mépris et dégoût, soit demain le frère qui accueille Jésus et Ses disciples dans sa maison. Que Dieu nous donne, comme l’était Jésus, d’être sans préjugé envers tous les êtres qu’Il met sur notre chemin.

Si beaucoup se pressait autour de Jésus pour le voir, nul peut-être n’en avait plus envie à Jéricho que Zachée. Handicapé par sa petite taille, Zachée ne considéra pas l’obstacle insurmontable. Au mépris de son honneur et de sa personne, il choisit donc de se porter en avant sur la route où devait passer Jésus et, juché sur un sycomore, de l’attendre là. Nul doute que, assis dans son arbre, Zachée ne s’attendait pas à ce que Jésus s’arrête là où il se trouve pour l’interpeller et le convier à descendre pour Le recevoir dans sa maison. Qui était-il pour être digne d’un tel honneur ? C’est chez lui cependant, parmi tous les habitants de la ville, que Jésus avait choisi de s’arrêter.

Alors que les habitants ne connaissaient Zachée que du dehors, Jésus, à qui rien n’échappait, savait ce qui habitait le chef des publicains de la ville. Il connaissait l’intention qui l’animait lorsque, empêché de Le voir par la foule, il développa des trésors d’ingéniosité pour y parvenir quand même. Un tel zèle, qui faisait fi de toute considération pour soi, dénotait de façon manifeste la réalité d’un désir qui allait au-delà de la curiosité. Zachée avait besoin de voir Jésus, parce qu’il savait quelque part que Lui n’était pas comme les autres qui, rapidement, le jugeaient sans savoir ce qui, intérieurement, le rongeait. Jésus l’ayant assuré de Son amitié, la décision de Zachée fut immédiate. Il renoncerait à jamais à la façon avec laquelle, jusque là, il avait exercé son métier. Il ne serait plus jamais un voleur.

Apprenons ici de Jésus. Trop souvent, face aux pécheurs, nous nous comportons comme le faisait l’entourage de Zachée, en juges. Soit nous les méprisons, soit, sans leur montrer quoi que ce soit comme considération et intérêt pour leurs personnes, nous exigeons d’eux qu’ils changent. Nous mettons alors la charrue avant les bœufs. Avec Zachée, Jésus nous enseigne que seul l’amour, et la découverte de ce que Lui est, a le pouvoir d’amener un homme à se condamner lui-même et à se réformer véritablement. C’est, non la loi, mais la découverte de la grâce qui amène un homme à vivre dans la vérité : Jean 1,17. Que Dieu nous donne dans notre relation avec les hommes de ce monde de placer toujours les choses dans le bon ordre !

mercredi 1 septembre 2010

Chapitre 18, versets 35 à 43

Guérison d’un aveugle à Jéricho :


En route vers Jérusalem, où Il sait ce qui L’attend, Jésus a de nouveau l’occasion de manifester aux yeux de tous Sa messianité par la guérison d’un aveugle. Du récit qu’en fait Luc, deux leçons peuvent être retenues :

1. la 1ère est liée à l’aveugle. Si sa guérison est totalement l’œuvre de la puissance de Dieu à travers Jésus, le récit montre clairement qu’elle n’aurait jamais eu lieu sans l’insistance, contre vents et marées, de l’aveugle. Entendant que c’était Jésus qui passait sur le chemin au bord duquel il mendiait, l’aveugle comprit que passait aussi devant lui son ultime chance d’être guéri. Dès lors, rien ni personne ne put l’empêcher de crier à Jésus jusqu’à ce qu’il soit entendu et obtienne gain de cause.

Sans le chercher, l’aveugle, identifié par Marc sous le nom de Bartimée : Marc 10,46, nous enseigne par son attitude ce qui fait que Dieu entend et exauce notre prière. La 1ère chose est que, bien qu’aveugle et mendiant, Bartimée ne se plaisait ni ne se complaisait à son sort. De manière évidente, Bartimée aurait donné tout l’or du monde pour ne plus vivre la vie misérable qu’il vivait. La première question que nous pose Bartimée est donc la suivante : suis-je pour ma part suffisamment désespéré de mon état et désireux d’un changement pour solliciter avec force l’intervention puissante de Dieu dans ma vie ? La seconde chose que nous enseigne Bartimée est que, si les promesses d’exaucement à la prière sont données à tous, Dieu se plaît à répondre à ceux chez qui la demande qu’ils Lui adressent correspond à un réel fardeau. Jésus, certes, a guéri Bartimée, mais, peut-on dire, c’est l’insistance de Bartimée qui, aussi, lui a permis d’arracher cet exaucement au Seigneur qui ne faisait que passer et, pourrait-on dire, n’avait pas prévu de s’arrêter ici. De quelle teneur, nous interroge Bartimée, sont les prières que nous adressons à Dieu ? Sont-elles formalité, devoir, ou expriment elles un fardeau et une souffrance réels pesant sur nos cœurs ?

2. la seconde est dans le contraste entre les sentiments et la conscience qu’a Jésus de ce qui, bientôt, L’attend et ceux de la foule qui L’acclame et loue Dieu pour les œuvres qu’Il fait. Ce contraste témoigne à sa manière de la différence de pensées et de sentiments et de perception de la réalité qui, souvent, habitent les hommes de Dieu qui vivent dans ce monde d’avec leur entourage. De manière évidente, même s’Il est très entouré, Jésus marche seul vers le destin qui L’attend à Jérusalem. Ni Ses disciples, ni la foule versatile qui Le suit ne sont en mesure de communier au fardeau intérieur personnel qu’Il porte, fardeau qui, malgré tout, ne L’empêche pas de soulager en chemin celui des autres ! S’il y a bien un exemple d’abnégation qui existe, c’est ici que nous le rencontrons. Que Dieu nous rappelle chaque jour constamment de quel amour Son Fils a fait preuve pour nous !