vendredi 26 février 2010

Chapitre 8, versets 40 à 56 (2)

Outre les correspondances entre les deux histoires, le récit met en relief plusieurs détails et vérités sur lesquels il vaut la peine de s’arrêter :

a. 1ère vérité est celle qui conduit et oblige Jaïrus, le chef de la synagogue, à faire fi de sa position et de son image auprès de ceux qui l’entourent pour venir et se prosterner publiquement devant Jésus. Nous ne le savons pas, mais il est envisageable qu’en d’autres circonstances on ait trouvé Jaïrus, non dans cette position à l’égard de Jésus, mais dans celle de ses coreligionnaires souvent opposés et hostiles à Sa personne et Son message. On peut, quand tout va bien et que l’on est confortablement installé dans son monde, afficher à l’égard de Jésus une certaine hauteur et distance, le tout de plus enrobé par de nombreuses raisons et arguments philosophiques ou religieux. Qu’en est-il cependant au jour où, frappé par l’épreuve dans sa chair ou son âme, ce beau monde dans lequel on se sentait à l’aise s’écroule et qu’il ne reste devant soi que le témoignage rendu à Jésus par ceux qui ont expérimenté Son salut ? Ce que la force de persuasion verbale ne peut faire, l’épreuve l’accomplit. Dieu a mille moyens pour nous faire descendre du piédestal sur lequel nous nous pavanons et nous amener à nous prosterner devant Jésus !

b. Bien que Jésus soit entouré d’une foule nombreuses qui le presse et le touche, Il a senti en lui-même le geste de foi de la femme malade par lequel elle s’appropriait un peu de Sa force. Récit sans nul doute étrange pour nous qui ne sommes pas dans la peau du Fils de Dieu, mais qui souligne cependant pour chacun de nous une vérité des plus réconfortantes. Beaucoup d’êtres et de personnes peuvent être proches de Jésus au point de Le toucher. Mais une seule partie d’entre eux fait l’expérience effective d’une communication de puissance de Sa vie dans les leurs : ce sont ceux qui, conscients de leur impuissance, s’approchent de Lui avec foi pour s’approprier ce qu’ils savent qu’Il possède et qui leur fait tant défaut. Puissions-nous être comme cette femme qui, bien qu’ayant voulu agir avec discrétion, fit honneur à Jésus par sa foi justement récompensée ! Notons que c’est cette même foi que Jésus demandera à Jaïrus d’avoir pour obtenir ce qu’il souhaitait de Sa part !

c. Bien que le problème pour lequel Jaïrus a sollicité Jésus ait été exposé publiquement, c’est en présence d’un groupe très restreint que Jésus le solutionnera. La façon avec laquelle Jésus travaille n’aura jamais rien à voir avec l’esprit publicitaire. Ses miracles, dit Jean, sont des signes, des moyens de mettre en valeur certaines vérités qui le concernent. Ils ne sont faits, ni pour satisfaire le voyeurisme malsain des foules (ce n’est pas de la télé-réalité), ni en vue de se mettre en spectacle : Jean 7,4 ; Luc 23,8-9 ; 4,9-10. Dans la circonstance, il y avait une raison précise pour laquelle Jésus permettra que les personnes présentes avec Lui soient spectatrices du miracle qu’Il allait produire :

- Pierre, Jacques et Jean, parce qu’ils étaient Ses plus proches et les futurs piliers de Son œuvre. Jésus voulait qu’ils soient témoins de ce qui pouvait être fait en Son nom, par Son autorité, témoins de Sa toute-puissance pour que soit de plus en plus enracinée en eux la certitude qu’Il était bien le Fils de Dieu !

- Les parents de la jeune fille, parce que c’était eux les initiateurs de la démarche et que le sujet de celle-ci était leur fille unique. Jésus voulait d’une certaine façon les faire participer à l’exaucement de leur demande !

Que Dieu nous donne de retenir ici, dans notre façon d’annoncer l’Evangile, la leçon importante que Jésus nous donne !

jeudi 25 février 2010

Chapitre 8, versets 40 à 56 (1)


Double délivrance

Si toute l’Ecriture est inspirée de Dieu, il ne faut pas seulement voir dans cette affirmation le fait que les vérités qu’elle affirme le sont. Ce qui l’est également, c’est la façon avec laquelle il a paru bon au Saint-Esprit de nous les délivrer. Ainsi, ce ne sont pas seulement les vérités que la Bible révèle qui sont inspirées, mais aussi l’agencement par lequel le Saint-Esprit a procédé dans l’Ecriture pour nous les révéler.

S’il en est ainsi pour la Parole écrite, il en est de même pour la Parole faite chair. Rien de ce que vivait Jésus dans l’agencement des circonstances, n’était le seul fait du hasard. Telle cette double histoire qui nous est relatée ici, dans laquelle le vécu des personnages, étrangers jusqu’alors l’un à l’autre, va se trouver pour un temps, à l’approche de Jésus, si imbriqué l’un dans l’autre que, pour toujours, dans les Evangiles, ils sont présentés indissociables. Telle est la « magie » qu’opère Jésus qui, d’étrangers que nous étions, fait de nous, par le pouvoir qui est le Sien, des êtres liés en un seul corps, unis par une même histoire : l’histoire de l’œuvre de Sa grâce dans nos vies.

Points communs, ressemblances, divergences entre les deux vécus associés ici en un seul témoignage à la gloire de Christ et enseignements conséquents :

1. Les personnages :

- Jaïrus , chef de la synagogue, homme faisant partie de la classe sociale la plus élevée

- Une femme, anonyme, pauvre, puisqu’ayant dépensé tout son argent en vain dans la recherche de la guérison.

2. la démarche :

- Jaïrus : il vient de façon directe vers Jésus, se place devant Lui, se prosterne à Ses pieds. La démarche est publique, vue et sue de tous

- La femme s’approche par derrière. Elle ne veut pas être vue, elle ne souhaite pas exposer aux autres la souffrance dont elle est atteinte. Elle souhaite être au bénéfice de la puissance de Jésus dans la plus grande discrétion possible, à Son insu

- Si différente soit la démarche des deux protagonistes, le lien qui les lie est celui de la foi en la capacité de Jésus de résoudre leur problème.

3. Le sujet de leur démarche :

- Jaïrus : il vient pour sa fille âgée de 12 ans, qui est sur le point de mourir. 12 ans d’une vie en pleine santé qui risque de s’arrêter d’un coup brutalement.

- la femme : elle vient pour elle, pour une souffrance qui, depuis 12 ans également, la mène vers une mort lente. Le jour où Jaïrus reçut un grand bonheur fut celui où le malheur de la femme commença.

4. L’expérience de chacun avec Jésus :

- Jaïrus : il se présente à Jésus et lui fait part ouvertement de sa requête. Il ne demande pas à Jésus d’intervenir sur le champ, mais de l’accompagner jusque chez lui. Jaïrus n’a pas la foi du centurion romain : Luc 7,1 à 10. Jésus répond à ce que Jaïrus lui demande.

- La femme ne demande rien oralement à Jésus. Elle entreprend une démarche qui a pour objet un exaucement direct, sur le champ, de son attente. Là aussi, Jésus répond à la demande, certes secrète, non formulée, de la femme. La femme reçoit immédiatement de Jésus ce qu’elle espère, Jaïrus doit attendre, sa demande n’incluant pas un exaucement sur le champ.

5. La façon d’agir de Jésus :

- Jésus agit envers Jaïrus selon le désir qu’il a formulé. En cours de route, face à la mauvaise nouvelle qui aurait pu l’anéantir, Jésus soutient par Sa Parole la foi de Jaïrus. Si le délai du déplacement a fait que la situation s’est empirée et que Jésus semble arriver trop tard, elle est finalement l’occasion pour Jésus d’opérer un plus grand miracle encore. Tout est bien qui finit bien à la gloire de Dieu.

- Jésus répond à la foi muette de la femme. Il refuse que le prodige opéré reste dans l’anonymat et oblige la femme à se dévoiler et à témoigner de ce qu’elle vient de vivre. Se faisant, même si elle cause un retard supplémentaire au déplacement de Jésus et dessert, en apparence, les intérêts de Jaïrus, elle lui donne aussi une raison concrète de faire confiance à Jésus. Là aussi, tout est bien qui finit bien à la gloire de Dieu.

6. Enseignements :

Ils sont multiples :

- les démarches de chacun pour s’approcher de Jésus peuvent être aux antipodes l’une de l’autre. Ce que Jésus prend en compte est la foi qui les anime.

- Les façons d’agir de Jésus ne sont pas enfermées dans un moule. Jésus répond à notre attente et reste souverain dans Sa façon d’opérer. Les contrariétés, obstacles, mauvaise nouvelles qui peuvent se trouver sur le chemin ne sont pas pour Lui un empêchement à l’exaucement de notre attente.

- Les délais de Dieu pour une affaire sont des occasions de dénouement pour une autre.

Qu’Il soit béni et loué pour sa grande puissance qui n’a d’égale que Sa grande compassion !



mardi 16 février 2010

Chapitre 8, versets 26 à 39 (3)


La délivrance spectaculaire qu’opéra ici Jésus suscita une double réaction paradoxale. De bonne nouvelle qu’elle aurait du être, la guérison du possédé se transforma pour les habitants de la région en mauvaise. Au lieu de fixer leurs regards sur les effets de la puissance de Jésus dans la vie de l’homme autrefois enchaîné, c’est sur la perte de leurs troupeaux de cochons qu’ils les arrêtèrent. Ainsi en est-il encore aujourd’hui ! Alors que Jésus change, transforme, libère des vies, au lieu de s’en réjouir, ceux qui en sont spectateurs ne regardent qu’au prix qu’une telle transformation risque de coûter. Certes, ceux que Jésus affranchit vont mieux ! Mais face à la perte d’un troupeau de cochons, cela ne fait pas le poids ! Ce ne sont pas toujours de grandes choses à abandonner qui font peur à ceux qui refusent de recevoir Jésus dans leurs vies. Il ne s’agit parfois que de simples « cochonneries », des choses qui aux yeux de Dieu, portent déjà, de toutes manières, la marque de l’impureté !

Repoussé, Jésus n’insiste pas. Il aurait pu, s’il l’avait voulu, comme Jacques et Jean le lui demanderont plus tard à l’égard des Samaritains : Luc 9,54, utiliser Son pouvoir pour se venger. Mais, contrairement au diable, Jésus ne mettra jamais Sa puissance au service du mal ou de la colère. Il n’est pas venu pour perdre et nuire, mais pour sauver et guérir. Alors qu’il n’aurait rien demandé de mieux, comme Il le fera avec la samaritaine : Jean 4,39 à 42, d’entrer dans cette région où il venait de poser le pied, Jésus, indésirable, se soumet à la volonté des gens du lieu. A l’autre bout, Luc nous rapporte le désir du démoniaque de rester avec Jésus, désir non exaucé. Car Jésus a mieux, et plus utile, comme mission à lui confier. Si Jésus n’est pas reçu, dans ce territoire, lui en est originaire. Il ne peut donc être refusé par la population. Jésus l’envoie donc à Sa place, pour être Son témoin, là où Il ne peut entrer à cause de la crainte qu’Il suscite. Les termes de la mission donnée à l’ex-démoniaque sont clairs : il doit retourner chez lui pour dire à tous ce que Dieu a fait pour lui. Il s’en acquittera à merveille, témoignant sans s’embarrasser des distinctions théologiques qui allaient secouer l’Occident des siècles plus tard, de ce que Jésus – Dieu avait accompli dans sa vie.

Prenons acte de l’esprit dans lequel Jésus a donné à l’ex-démoniaque la mission d’être témoin pour Lui dans sa région. Il se peut que, comme lui, nous vivions dans un pays, une région, une famille dans laquelle Jésus est indésirable. Quoi qu’on raconte sur Lui, on ne veut pas de Lui ! Si bon soit-il, Jésus, malgré tout, dans un premier temps, fait peur, parfois plus encore, de manière incompréhensible, que les démons ! Peu importe ! Pour autant, Dieu n’est pas à court de moyens ! Si Jésus fait peur, nous, qui avons été touchés par Sa grâce, nous ne le faisons pas ! Aussi, pour ôter cette peur qui n’est pas fondée, Jésus nous envoie vivre au milieu de ceux qu’Il effraie. Le but est alors clair : par notre vie, notre témoignage, Dieu nous appelle à être les outils par lesquels la peur des autres à l’égard de Jésus pourra être dépassée. Comme Jean, mais d’une autre manière, nous sommes envoyés pour préparer et aplanir Son chemin dans les cœurs. Que Dieu, par cette compréhension de notre mission, renouvelle notre enthousiasme de témoin de Christ dans ce monde !


lundi 15 février 2010

Chapitre 8, versets 26 à 39 (2)



Après celui sur les caractéristiques d’une emprise démoniaque sur un être, le second enseignement que nous donne le récit de Luc porte sur la manière d’agir qui fut celle de Jésus face à de pareils cas. Il nous faut le savoir : rien ne nous est plus inconnu, à nous humains, que le monde spirituel. Si, dans les domaines de la science et de la physique, il nous est nécessaire de nous soumettre à certaines lois et principes pour y entrer, combien davantage cette précaution nous est nécessaire pour ce qui concerne cet autre monde, ce monde parallèle des esprits que nous connaissons si peu. Car nous n’avons pas à faire ici à de la matière, mais, comme le dit Paul, à toute une organisation spirituelle d’esprits méchants et puissants contre lesquels, sans la protection et l’autorité du Seigneur, nous n’avons aucune force : Ephés 6,12. Comme pour tout ce qui touche à la vie chrétienne, regardons à Jésus et suivons-le : car Lui seul est qualifié pour nous dire ici comment agir ! Les leçons que nous enseigne la rencontre du démoniaque avec Jésus sur la marche à suivre dans de telles situations :

1. Ce n’est pas Jésus qui identifie la présence du démon chez le démoniaque, mais les démons qui, d’eux-mêmes, se manifestent en présence de Jésus. Il n’est point nécessaire de spéculer ou de soupçonner la présence des démons dans des vies. Des signes concrets de cette réalité se manifesteront d’eux-mêmes lorsque ceux-ci sont confrontés à la présence de Jésus.

2. Jésus ne cherche ni à toucher, ni à imposer les mains au démoniaque. Il n’agit pas ici comme dans le cas d’une maladie. La présence des démons dévoilée, Il ordonne. C’est en vertu de la puissance de Sa parole et de Son autorité que les démons sont contraints de se soumettre à Christ. Comme dans le cas précédent (la tempête) et le suivant (la résurrection de la fille de Jaïrus), c’est par Sa parole que se manifeste la puissance de Jésus.

3. Notons ici que les démons n’obéissent pas immédiatement à l’ordre de Jésus. Leur résistance n’est due qu’à une seule chose : négocier leur sortie et leur avenir. Car les démons ne craignent qu’une chose : celle qui est déjà le sort de certains d’entre eux : leur enchaînement dans l’abîme : Jude 6 ; Apoc 9,1 à 3, dans l’attente du jugement final qui les précipitera dans l’étang de feu et de souffre spécialement préparé à leur intention : Mat 25,41. Nous nous trouvons donc ici dans la situation la plus pathétique qui soit. Occupés habituellement à ne concevoir que de mauvais desseins contre Dieu et l’homme, la créature qu’Il a destiné à partager Sa royauté, les démons sont ici réunis en une fervente supplication auprès de Jésus pour leur propre et éphémère salut. Pour une fois, combien devrions nous, pécheurs, apprendre d’eux. Car si Jésus a accédé à leur demande suppliante, eux qui furent les premiers rebelles, nul doute qu’il exaucera aussi la nôtre.

L’exaucement de la prière des démons par Jésus, et le drame qui s’ensuivit pose inévitablement question. Croyons cependant que si Jésus l’a permis, il n’y a de Sa part manifestation d’aucune grâce envers les esprits mauvais. Sans doute voulait-il donner ici quelques leçons en rapport avec Sa puissance et la nature des esprits avec lesquels, pour leur malheur, les hommes s’accoquinent. La 1ère leçon est que, bien qu’animaux considérés impurs, les porcs dans lesquels les démons sont entrés ont trouvé leur présence si insupportable qu’ils ont immédiatement préféré la mort plutôt que cette cohabitation. Un comportement qui en dit long sur le caractère de ces esprits. La seconde porte sur le témoignage que les conditions de la libération du démoniaque apportent à la gloire du nom de Jésus. Si les disciples après la tempête apaisée se demandaient qui est Celui à qui obéissent les vents et la mer, il n’y a plus ici d’ambiguïté. Jésus est sans conteste le Fils de Dieu, car devant Dieu seul les démons tremblent et, sur la base de Son ordre seul, ils doivent se soumettre.

jeudi 11 février 2010

Chapitre 8, versets 26 à 39 (1)

Libération d’un démoniaque

A peine arrivé à l’autre bord, Jésus, après avoir fait taire le vent et la mer, est confronté à une autre forme de tourmente. Si Jésus est capable de maîtriser les éléments extérieurs déchaînés, combien est plus précieuse l’œuvre par laquelle il met fin aux agitations, au trouble et aux déchirements d’une âme en proie à la méchanceté des démons. C’est pour donner ce type de paix que, d’abord, Jésus est venu : cf 1 Jean 3,8, paix, ô combien plus vitale que l’autre.

C’est dans un but didactique que Luc nous rapporte le cas extrême que Jésus rencontre ici. Par lui, pour notre enseignement, il nous révèle par quels signes se manifeste une emprise démoniaque dans une vie. L’âme humaine peut être tourmentée de bien des manières. Mais des différences fondamentales existent entre des tourments d’ordre psychologique et ceux dont Satan et ses sbires sont l’origine. Les traits particuliers de comportement du démoniaque nous les révèlent :

. le démoniaque se fait remarquer d’abord par sa conduite, à la fois extravagante aux yeux des autres et déshonorante pour lui-même. De manière évidente, sa raison et son bon sens sont altérés par la puissance des esprits qui le dominent. Contre lui-même, sa conduite fait de lui un être marginal et isolé des autres. Là réside une des grandes différences entre les effets de l’œuvre de Dieu dans la vie d’un homme et celle du Malin, différence conforme à la nature et aux intentions de chacune des parties pour l’homme. Tandis que le but de Satan est de détruire et d’avilir, celui de Dieu est de sauver et d’ennoblir. Le comportement que nous avons est le témoin fidèle de l’esprit qui nous anime.

. le démoniaque montre, par ses réactions, qu’il ne supporte pas la présence de Jésus et qu’il en a crainte. Comme le confirmera plus tard l’esprit qui dominait un autre homme, tous les démons savent qui est Jésus : Actes 19,15. C’est confronté à la Personne du Fils de Dieu que se révèle, dans les êtres qui en sont sujets, la réalité de l’emprise démoniaque. Remarquons ici la précision et l’exactitude de la confession des démons à l’égard de Christ. Non seulement, les démons savent qui est Jésus, mais ils savent aussi que leur sort éternel et leur châtiment sont liés à Sa décision et Son jugement envers eux. Si seulement, un tant soit peu, les hommes rebelles à Dieu le comprenaient aussi ! S’il y a bien une vérité que le diable cache à leurs yeux, c’est celle-ci !

. le démoniaque paraît indomptable. Il possède une force qui n’a pas d’explication humaine. Satan, comme le Christ, communique quelque part à ceux qu’ils habitent, une force surnaturelle. La distinction entre les deux puissances est manifeste dans les effets qu’elles produisent dans la vie de ceux qui en sont les objets. Tandis que l’une est prodiguée pour le mal, l’autre l’est toujours pour le bien. C’est aux fruits que l’arbre porte que l’on reconnaît son identité : Mat 7,15 à 17.

. la présence d’esprits mauvais se révèle par le fait que, notoirement, la personne qu’ils contrôlent n’est plus maître de ses facultés. Ce n’est pas le démoniaque qui parle ici, mais les esprits qui s’expriment à travers lui. Comme ils utilisaient ses muscles pour rompre les chaînes par lesquelles on le liait, ils se servent ici de sa langue pour répondre à Jésus. Comme l’esprit de Dieu peut nous inspirer, soyons conscients qu’autour de nous, certains peuvent être à tel point soumis à Satan que c’est lui qui parle et s’exprime à travers eux !

mardi 9 février 2010

Chapitre 8, versets 22 à 25

La tempête apaisée :

Au-delà des signes par lesquels Jésus manifestait Sa divinité, ce qui fait la différence entre le fait d’être avec Lui et celui de partager la compagnie de quiconque d’autre, est le relief et la dimension rapides que prend, à cause de Lui, le moindre événement. Telle cette traversée du lac que Jésus fait avec Ses disciples. Plusieurs éléments, porteurs d’enseignement riches et didactiques au sujet du témoignage que Luc veut rendre à Jésus, font de cette histoire un récit digne d’être inséré dans l’Evangile :

1. Notons d’abord que tout commence par une initiative prise par Jésus. Alors qu’ils sont loin de se douter de ce qui va leur arriver, les disciples auraient dû se rappeler, au moment le plus fort de la tourmente, de ce point. Il se peut que, comme les disciples, ce que nous pensions être un voyage paisible se transforme soudain en tempête et en cauchemar. La première question que nous devons nous poser alors est de savoir par la volonté de qui nous nous trouvons embarqués dans la situation dans laquelle nous nous trouvons. Si c’est celle de Jésus, nous pouvons être assurés que, quoique les éléments extérieurs puissent nous faire croire, c’est Dieu qui est au contrôle de ce qui se passe. Même s’il peut occasionner quelque dégât, ce n’est pas le mal qui sera le grand gagnant de ce qui se passe. Si, comme Jonas, c’est notre désobéissance qui nous a entraîné là, nous n’avons plus qu’à reconnaître notre péché et invoquer Sa grâce pour notre salut : Jonas 1 et 2.

2. Pour une rare fois dans l’Evangile, nous trouvons Jésus endormi. Un sommeil qui peut vouloir dire plusieurs choses. La première est que Jésus, comme tout homme, a des limites. Il a donc besoin comme nous de sommeil réparateur. Mais le sommeil de Jésus à ce moment-là peut aussi signifier autre chose. D’abord que Jésus estimait que, pour cette traversée, Sa vie n’était absolument pas en danger. Autre chose en sera-t-il dans le jardin de Gethsémané au moment où la croix se profilait avec précision sur Son chemin. Là, point de tempête visible, mais une, non moins réelle, dans le cœur de Jésus. Là, contrairement à ce qui se passe ici, les disciples dorment, bien qu’Il les ait avertis de ne pas le faire, et Jésus est le seul à veiller : Mat 26,36 à 46. Les moments si différents du sommeil de Jésus et des disciples témoignent du fait que, souvent, là où nous nous inquiétons, Jésus est dans le repos complet, et là où Il est vigilant, nous dormons. Le fait que Jésus dorme ici était peut-être aussi le moyen pratique de leur apprendre cette leçon pour l’avenir. Les vrais combats ne sont pas contre la chair, le sang, ou les éléments extérieurs, mais contre les puissances spirituelles de ce monde. Il est notoire qu’ici les disciples pensent être perdus, alors qu’il n’en est rien. A Gethsémané, par contre, ils se comportent comme s’ils n’étaient pas en danger, alors que, là, se joue leur salut éternel.

3. L’arrivée subite et inattendue de la bourrasque témoigne peut-être du fait que nous avons ici à faire à une tentative diabolique d’attentat à la vie de Jésus. Deux éléments peuvent corroborer cette thèse. Le premier est que, suite à la tentation, il nous est dit que le diable s’est retiré attendant une occasion favorable : Luc 4,13. La seconde est que, dans le passé, Satan s’est déjà servi d’un tel pouvoir contre un juste : Job 1,18-19. Il y a un précédent biblique à l’affaire. un autre point est le fait que, comme Il le fera pour les démons, Jésus a menacé le vent et ordonné aux flots déchaînés de se calmer : cf récit suivant : v 29.

4. L’épisode de la tempête apaisée est un témoignage puissant à la Divinité de Christ, témoignage qui va être confirmé et validé par ceux qui vont le suivre. Plus les disciples cheminent avec Jésus, plus se dessine à traits forts l’identité de Celui qui est avec eux.

Puissions-nous nous rappeler, pour notre bien le plus grand, qui est Celui qui, aujourd’hui aussi, est avec nous et nous accompagne dans notre service !

lundi 8 février 2010

Chapitre 8, versets 19 à 21


La vraie parenté de Jésus

Alors qu’Il enseigne, Jésus est, dans Sa réalité humaine, confronté ici à l’une des facettes qui la composent. Si cette facette se manifeste ici de la manière la plus aiguë, c’est tout au long de Sa vie que Jésus, comme par une obligation due à l’incarnation, aura dû la gérer. A l’âge de 12 ans déjà, Luc fait apparaître dans le récit détaillé qu’il a voulu nous laisser du vécu de Jésus, la tension que la double identité que possédait Jésus lui posait : Luc 2,49-50. Avec à la clé, cette question prépondérante, à laquelle ici, Jésus, dans la douleur, répond : laquelle, de cette double composante qui définit qui Il est, Fils de Dieu et fils de Marie, doit avoir la prépondérance sur l’autre ?

La question ici n’est pas secondaire, ni pour Jésus, ni pour Ses disciples, auxquels, plus tard, Il demandera de Le suivre sur ce point : Luc 14,28. Car la relation qui le lie à Sa famille proche comme à Son Père céleste est une relation bâtie sur les liens d’amour. Ce serait mal comprendre Jésus de penser que, obligatoirement et dans tous les cas, comme ont pu l’exiger certaines sectes à leurs membres, l’une ne peut exister que dans le renoncement total de l’autre. Là où un problème se pose, ce n’est que, comme dans le cas présent, lorsque, au nom des liens du sang, les proches sur le plan naturel veulent empiéter ou conditionner la relation qui nous lie, de manière plus profonde et plus élevée, à Celui de qui nous dépendons pour toutes choses et à qui nous appartenons en premier lieu : Dieu. En termes d’espace, Jésus ici tranche : aucun être qui nous est lié sur la plan horizontal n’a de droit d’autorité ou d’ingérence sur ce qui nous lie à Dieu, au Père céleste, sur le plan vertical. Les liens spirituels qui nous lient à Dieu et à Sa famille, en l’occurrence tous ceux qui, comme Jésus, Lui ont prêté totale allégeance, priment sur les liens du sang et les devoirs qui y sont attachés. Aussi fort que soit l’accent mis dans l’Ecriture sur la nécessité de l’affection, la considération, le respect et l’honneur que l’on doit aux siens, jamais celui-ci ne doit s’interposer, dans les mêmes choses, entre nous et Dieu.

Partant de ce sujet que l’on peut considérer être au sommet de la hiérarchie des affections humaines, il est possible d’énoncer ici un principe : chaque chose dans notre vie ne trouve sa juste place que lorsqu’elle est subordonnée à la primauté que nous accordons à Dieu. Le service même que nous voulons Lui rendre ne doit pas, comme, plus tard, l’exemple de Marthe et Marie le montrera : Luc 10,38 à 41, nous absorber au point de nous amener à négliger les moments d’écoute de Sa Parole et de relation intime dans la prière avec Lui

Que Dieu nous donne la sagesse de trouver pour nos vies la bonne mesure comme le crédit que valent toutes choses !

vendredi 5 février 2010

Chapitre 8, versets 14 à 16


La parabole de la lampe

Enoncée après celle du semeur, la parabole de la lampe prolonge l’enseignement qui s’y trouve en mettant un point d’insistance sur la responsabilité qui est la nôtre face au message reçu. Parce qu’il est la Parole de Dieu, le message que nous recevons ne peut se contenter d’être écouté. Il doit devenir partie intégrante de notre vie, ceci à tel point que ceux qui nous côtoient et entrent dans notre maison y soient de manière immédiate confrontés. Comme il ne viendrait à l’idée d’aucun mari, qui, publiquement, s’est engagé par alliance à partager la vie de sa femme, de la cacher dans un placard ou sous le lit lorsque des personnes extérieures à la maison le visitent, celui qui a reçu la Parole de Dieu dans sa vie le manifeste en la laissant naturellement rayonner à la vue de tous.

Dans le fil d’idée qu’il avance, Jésus poursuit en affirmant que se trouve ici, pour qui veut entendre, un principe spirituel fondamental. C’est en partageant ce que l’on a reçu de la part de Dieu par Sa Parole que se met en route dans nos vies le processus de l’enrichissement permanent. Jésus, dans la parenthèse qu’il avait brièvement ouverte entre le récit de la parabole du semeur et son explication : v 9 et 10, l’avait, en justifiant la raison pour laquelle il s’exprimait de la sorte, déjà formulé. Faisant appel à l’évidence, Il le dira ailleurs par d’autres mots : Mat 7,6. Seuls ceux qui reçoivent et transmettent la Parole de Dieu sont dans la condition spirituelle adéquate pour recevoir encore plus et transmettre.


Que Dieu nous donne d’être dans nos vies en adéquation avec ce que nous vivons dans l’amour avec Lui !

jeudi 4 février 2010

Chapitre 8, versets 4 à 15


La parabole du semeur

Si la majeure partie du temps employé par Jésus était occupée à l’annonce et la proclamation de la bonne nouvelle du Royaume, Jésus n’était pas dupe quant à la proportion de la population réellement réceptive à son message. Si l’évangéliste doit annoncer l’Evangile à tous, les dispositions de cœur de tous ne sont pas les mêmes à son écoute. C’est pour illustrer cette réalité que Jésus raconte ici, à l’usage des disciples, la parabole du semeur et des 4 terrains, dans laquelle il fait apparaître les vérités suivantes :

1. le semeur sortit pour semer. Cela paraît évident. Combien de fois cependant, dans nos esprits, ne nous arrive-t-il pas de sortir et d’aller, habités par d’autres buts. En place de semer, nous voulons moissonner ou, à l’inverse, nous sommes si précautionneux à l’idée d’être bien compris, reçu par ceux vers qui nous allons que nous en venons à mettre de côté ou reporter à un plus tard indéfini l’objectif de départ pourtant clairement énoncé.

2. Il sortit pour semer sa semence. Sortir pour semer est une bonne chose, à condition que ce que nous semons corresponde bien à la semence qui était celle dont Jésus parlait. La semence que nous devons semer est, dit Jésus, la Parole de Dieu. Le principe de la semence, montre la genèse, est qu’elle porte en elle-même la nature du fruit qu’elle va faire naître. Si l’Evangile que nous apportons n’est pas celui que Jésus prêchait, Evangile de la royauté de Dieu dans les vies, nous ne devons pas nous étonner si ce qu’il engendre ne porte pas la marque de la transformation des vies. Le type de chrétiens que notre prédication engendre témoigne de la nature de l’Evangile que nous avons semé.

3. Il y a, selon Jésus, 4 types de terrain sur lequel la bonne semence de la Parole de Dieu peut tomber. En divisant en 4 parties les terrains possibles, Jésus ne sous-entend pas qu’il y ait égalité de proportions entre les terrains. Si, à une certaine époque de l’histoire, le 4ème terrain peut représenter un fort pourcentage, dans d’autres, c’est le premier qui est largement majoritaire. Nous devons absolument veiller, dans notre évaluation de la pertinence et de l'efficacité de notre action, à ne pas en juger sur la seule base des résultats positifs. De manière claire, Jésus attribue la stérilité de l’action menée, non au semeur, ni à la semence, mais à la nature seule du terrain. Notons déjà que, dans son esprit, sur les 4 terrains cités, seul un permet à la semence de porter un fruit réel et, encore, dans des proportions différentes selon le cas.

4. Jésus dénonce 3 causes possibles d’échec ou d’avortement de l’action d’ensemencement menée :

- 1ère cause : le diable lui-même. Jésus qualifie ici le terrain de chemin, c’est-à-dire, de lieu de passage incessant et piétiné. Le cœur est alors si dur que la semence est incapable de pénétrer : Satan n’a ici aucune peine à faire disparaître la semence aussitôt jetée.

- La seconde cause est due à ce que l’on pourrait appeler un manque d’épaisseur. Il y a bien un peu de terreau pour recevoir la semence, mais en quantité si faible qu’il lui est impossible de prendre racine. Ceux qui sont dans ce cas donnent l’impression dans un premier temps, dit Jésus, de recevoir la Parole avec joie. Ils y voient tous les avantages et les bienfaits qu’ils peuvent en tirer. Mais rapidement la semence se heurte à de fortes résistances cachées, souterraines. Elle finit alors par dessécher et mourir.

Par cette image, Jésus nous prévient : une adhésion rapide à l’Evangile ne signifie pas une adhésion profonde. Le temps seul, et la réaction des cœurs aux difficultés et épreuves de la vie, va révéler à quel point l’enracinement a eu lieu.

- La 3ème cause est due à ce que l’on pourrait appeler le manque d’espace. Là aussi, la semence est bien tombée en terre. Mais elle cohabite avec tant d’autres choses secondaires et nuisibles qu’elle finit par s’étioler et mourir. Jésus ici nous avertit : un des tests qui révèle le mieux quelle place un cœur donne à Son message est celui du rang qu’il occupe dans les priorités que ce cœur donne aux choses de sa vie. Si l’Evangile n’occupe pas la place centrale des préoccupations du cœur, il se trouve à long terme, comme les autres terrains, incapable de porter du fruit.

Seul un terrain présente aux yeux de Jésus toutes les caractéristiques propres à répondre à l’attente du semeur : le 4ème, le terrain du cœur honnête et bon. C’est le cœur de ceux qui, quelque part, sont habités, même de façon inconsciente, par la crainte de Dieu, l’amour de la vérité, le désir d’une vie propre ou d’un amour vrai. Sachons-le, seul le Saint-Esprit peut créer ces dispositions qui rendent fertile la semence jetée.

Que le Seigneur nous donne, quant à nous, d’être les semeurs inlassables de Sa Parole !

mardi 2 février 2010

Chapitre 8, versets 1 à 3

Compagnons et compagnes de Jésus

A l’heure où beaucoup s’interrogent sur la stratégie à adopter pour faire connaître l’Evangile à nos contemporains, le texte de Luc nous place ici face à celle adoptée par Jésus :

1. Jésus se déplace. Il va de ville en ville et de village en village. Sa stratégie m’encourage sur deux points :

- le 1er est que, comme Jésus nous le montre, c’est à nous, en tant qu’envoyés, que revient la démarche d’aller vers ceux qui ne connaissent pas le salut. Trop souvent, nous, chrétiens, sommes passifs, attendant que ce soit ceux qui nous entourent qui nous interrogent ou viennent vers nous. Ce n'est pas ainsi que Jésus concevait la mission. Ce qui pousse le témoin de Christ est, non simplement le devoir, mais, comme Paul l’exprime, le sentiment de dette qu’il ressent à l’égard de ceux qui ignorent le message qui pourrait les sauver : Rom 1,14-15. Car, ajoute-t-il, comment les hommes pourraient-ils croire s’ils n’entendent pas ? Et comment pourraient-ils entendre s’il n’y a personne qui est envoyé ? Rom 10,14-15.

- le second point est que dans la stratégie adoptée, Jésus n’oublie aucun lieu. Nous n’avons pas annoncé l’Evangile à tous si nous ne cherchons pas à atteindre tous : cf Col 1,28. Quels que soient les moyens utilisés, notre stratégie ne peut se passer de l’élément systématique. Jésus, rappellera Luc dans les Actes, allait de lieu en lieu, faisant du bien à tous et guérissant tous ceux qui étaient sous l’emprise du diable : Actes 10,38.

2. Jésus ne se déplace pas seul, mais en équipe. L’objectif de Jésus en prenant les douze avec Lui est double. Le 1er est sans aucun doute, tout en cheminant avec eux, de les former et de les instruire. L’Evangile nous le montre : c’est pendant qu’Il faisait route avec eux que Jésus instruira Ses disciples et leur communiquera Ses meilleurs enseignements, soit par l’exemple, soit par l’illustration.. Le second objectif de Jésus est d’ancrer dans l’esprit des disciples que l’Evangile ne doit pas être l’affaire d’hommes seuls, mais d’une équipe unie pour le même objectif. C’est pourquoi, toujours, Jésus veillera à envoyer Ses disciples, non par unité, mais au moins par paires, ce qui constitue l’équipe minimale : Marc 6,7. Les avantages de l’équipe par rapport à l’unité sont évidents :

- deux est, selon Jésus, le chiffre minimum pour que Sa présence nous soit garantie : Mat 18,19-20. La force de deux cœurs unis ensemble pour demander une même chose au Seigneur est infiniment plus grande que celle qui ne vient que d’un cœur.

- deux, selon l’Ecclésiaste, valent mieux qu’un pour au moins deux raisons : Ecclés 4,9

 ils retirent un meilleur salaire de leur travail : c’est une question d’efficacité. Si une personne seule en un après-midi peut couvrir un village par une distribution de tracts, deux peuvent en faire deux. C’est logique, simple et mathématique…

 deux est le chiffre minimal pour s’encourager. L’évangélisation, nous devons toujours en être conscient, n’est pas une partie de rigolade. C’est un combat, car il ne saurait plaire à Satan que la bonne nouvelle du Royaume de Dieu soit annoncée. Aussi être à deux n’est pas de trop pour nous soutenir mutuellement face à l’opposition, la lassitude, le découragement.

3. Jésus ne se déplaçait pas qu’avec des hommes, mais plusieurs femmes faisaient aussi partie du cercle proche des compagnons de Jésus. Qu’est ce que la présence de ces femmes nous enseigne :

- d’abord le fait que Jésus ouvre le partenariat qu’il met en place à tous. En Christ, il n’y a plus, dira Paul, ni grec, ni juif, ni esclave, ni homme libre, ni homme, ni femme : Gal 3,28 : tous peuvent accéder au statut de compagnons de Jésus, quels que soient leur sexe, leur origine ou leur statut social.

- Même si tous ne sont pas évangélistes, tous peuvent apporter, d’une manière ou d’une autre, leur contribution au projet de l’évangélisation. Pour certains, comme il en est ici pour Jeanne et Suzanne, celle-ci sera matérielle ou financière. Pour d’autres, elle se manifestera par un autre service : intendance, cuisine, etc. Sachons qu’aux yeux de Dieu, il n’y a pas de différence de valeur entre les services : tous se valent : cf 1 Sam 30,10.21 à 24.

- La présence des femmes qui accompagnaient Jésus était utile en ce qu’elle était une démonstration vivante du résultat concret de sa puissance dans les vies : Marie-Madeleine et les autres femmes guéries et libérées. Bien que notre message reste toujours le même, personne, de par son vécu ou son expérience, ne peut à lui seul, représenter tout le monde. C’est pourquoi la diversité de témoignages et de témoins est si nécessaire dans l’église. Elle permet à ceux qui entendent l’Evangile de trouver dans le groupe de témoins au moins une personne avec qui elle peut s’identifier.

Un des plus grands dangers que court l’église avec le temps est d’avoir un message et un témoignage si formatés que ceux qui y entrent ou qui sont à son contact ne puissent plus toucher la vie. Si l’évangélisation est une affaire de paroles, elle est aussi, d’une certaine manière, une question tactile : 1 Jean 1,1 à 3. Autrement dit, ce que nos contemporains ont besoin pour croire en Christ, ce n’est pas seulement d’entendre un message justement formulé à Son sujet, mais de voir, palper, toucher du doigt l’effet concret de ce message dans les vies qu’il a transformé. Autant que par nos actions destinées à le faire connaître, c’est par ce que le Christ a fait et continue à faire dans nos vies que nous sommes ses témoins dans ce monde : Matthieu 5,13-14.

Notons enfin ce qui constituait le contenu de la prédication du Christ. Il annonçait, dit Luc, la bonne nouvelle du règne de Dieu. Le message de Jésus avait à la fois une dimension présente et future. Présente par le fait qu’Il disait qu’avec Lui, maintenant, le règne de Dieu commençait : Luc 17,20-21. Jésus venu, les hommes n’étaient plus contraints, obligés de vivre sous le règne du péché, des ténèbres ou de la mort : ils pouvaient changer de royauté : Actes 26,18-19.

Dans notre annonce de l’Evangile, nous devons ainsi veiller à ne jamais séparer l’idée du pardon des péchés de celle de la nécessaire soumission à la royauté de Dieu dans nos vies. Si le péché a pris autorité sur les hommes, c’est d’abord parce qu’à l’origine celle de Dieu a été rejetée. Aussi l’objectif de l’Evangile est-il double :

- d’une part, il est de communiquer aux homme la bonne nouvelle de la possibilité ouverte par le Christ de la réconciliation avec Dieu par le pardon de nos péchés : 2 Cor 5,19 à 21

- d’autre part, il est de rétablir entre Dieu et les hommes l’ordre spirituel qui présidait à la création. Notre relation nouvelle avec Dieu n’a de sens que si celui-ci occupe dans nos vies la place légitime qui est la Sienne : celle de Roi. C’est pourquoi, comme le disent Jésus et Paul, foi et obéissance à Dieu sont indissociables : Mat 7,21-22 ; Rom 1,5.

La bonne nouvelle a enfin une dimension liée au futur. Car si le royaume de Dieu est déjà là, présent dans le cœur de ceux qui ont le Christ comme Sauveur et Seigneur, il ne sera pleinement réalisé qu’au jour de Son retour et lorsque sera concrètement mis fin à celui de Satan sur le monde : Apoc 5,10 11,15, 12,10 ; 20,4 à 6…

lundi 1 février 2010

Chapitre 7, versets 36 à 50 (2)

La femme au parfum

Intéressons-nous maintenant de plus près à l’intruse, l’imprévue du scénario devenant soudain l’actrice principale de la scène, la femme au parfum. Etant l’inattendue, celle, pourrait-on dire, que Dieu impose au milieu de ce que les adversaires de Jésus se proposaient de faire, tous ses actes, ses gestes revêtent soudain une dimension spirituelle tels qu’ils en deviennent, et Jésus Lui-même le dira, la parole, le message qu’à cette heure, toutes les personnes présentes doivent recevoir du Père.

Oui, réellement rien ne s’est passé comme prévu ! Les pharisiens passaient leur temps à s’opposer à Jésus, à contester ce que les signes qu’Il accomplissait démontraient au sujet de Son identité. Sans doute, une fois de plus, avait-Il été invité dans cet esprit. Jésus n’aura pas Lui-même à se justifier, à prendre Sa défense. C’est le Père, au travers de cette femme de mauvaise vie, qui va leur faire Lui-même la leçon. Il peut nous arriver, comme le pharisien, de nous irriter, d’être contrarié par un élément perturbateur qui met par terre tous nos plans. Arrêtons-nous plutôt et demandons-nous si, à travers le grain de sable qui grippe la belle mécanique de nos projets, il n’y a pas de la part de Dieu un message, une parole qu’il nous faut entendre.

Quel est ce message que, au travers de la femme au parfum, Dieu a voulu faire entendre ici ? Pour illustrer le scandale que représente l’assortiment de la beauté et de la stupidité, le roi Salomon n’a pas hésité à écrire le proverbe suivant : Un anneau d‘or au groin d’un pourceau, c’est une femme belle et privée de bon sens : Prov 11,22. Un lien étroit existe entre le choc que représente l’illustration utilisée par Salomon et la situation dans laquelle l’Evangile nous place ici. Ce lien est celui du choc que représente pour Salomon le mauvais assemblage de la beauté et de la stupidité et, pour les pharisiens, celui de la dévotion que manifeste l’intruse, dont la réputation n’est pas à faire, envers Jésus qui se dit prophète, voire le Saint de Dieu. Dieu peut-il apprécier l’odeur d’un parfum que l’on a jeté sur un tas de fumier ? Telle est, en substance, la question que se posent les personnes présentes autour de Jésus !

Sans complexe, Jésus répondra par l’affirmative. Oui ! Quel que soit l’endroit ou le cœur duquel il sort, Dieu apprécie, aime le parfum des larmes de la contrition et de la repentance. Car c’est ce parfum seul qui lui rend possible de déverser sur celui qui en est la source, le Sien, celui de Sa grâce. Jésus le dit ici avec d’autres mots. Mais Sa pensée est claire : la seule personne qui, dans cette pièce, sentait bon aux yeux de Dieu était la femme pécheresse ; car, au-delà de la puanteur de sa vie mauvaise, elle a su faire monter jusqu’à Dieu, au travers de ses larmes, le parfum de l’amour, parfum né du pardon reçu. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que la femme, inspirée, a versé larmes et parfum sur les pieds de Jésus. De manière prophétique, elle annonce que ce sera de Ses pieds-là, percés pour elle, que jaillira la source du pardon et de la purification de son cœur. Sans qu'elle s'en rende compte, elle valide du même coup les affirmations de Jésus selon lesquelles Il est bien l'Envoyé de Dieu, le Messie annoncé par les prophètes. Elle communique d'autre part sans parole le message qui sera à la source de la distinction pour tous les siècles entre la vraie et la fausse piété. Ce principe est que c'est par le coeur d'abord, et non par la raison, que l'on connaît Dieu et le Christ. Seul le coeur réchauffé par l'amour de Dieu peut L'aimer et Le connaître comme le reconnaître !

Du passage de l’intruse, Jésus énoncera donc le principe qui est le secret de toute vraie piété et dévotion : un principe que, malgré toute leur connaissance et leurs œuvres, les pharisiens n’avaient pas acquis. Ce principe est que l’amour donné vient de l’amour reçu. Plus nous sommes conscient de notre indignité et de la grâce dont nous sommes l’objet de la part de Dieu, plus nous sommes en mesure de faire les gestes qui démontrent notre amour pour Lui et les autres. Que ce principe soit, par ta grâce renouvelée, celui qui nous anime de plus en plus.