mardi 2 février 2010

Chapitre 8, versets 1 à 3

Compagnons et compagnes de Jésus

A l’heure où beaucoup s’interrogent sur la stratégie à adopter pour faire connaître l’Evangile à nos contemporains, le texte de Luc nous place ici face à celle adoptée par Jésus :

1. Jésus se déplace. Il va de ville en ville et de village en village. Sa stratégie m’encourage sur deux points :

- le 1er est que, comme Jésus nous le montre, c’est à nous, en tant qu’envoyés, que revient la démarche d’aller vers ceux qui ne connaissent pas le salut. Trop souvent, nous, chrétiens, sommes passifs, attendant que ce soit ceux qui nous entourent qui nous interrogent ou viennent vers nous. Ce n'est pas ainsi que Jésus concevait la mission. Ce qui pousse le témoin de Christ est, non simplement le devoir, mais, comme Paul l’exprime, le sentiment de dette qu’il ressent à l’égard de ceux qui ignorent le message qui pourrait les sauver : Rom 1,14-15. Car, ajoute-t-il, comment les hommes pourraient-ils croire s’ils n’entendent pas ? Et comment pourraient-ils entendre s’il n’y a personne qui est envoyé ? Rom 10,14-15.

- le second point est que dans la stratégie adoptée, Jésus n’oublie aucun lieu. Nous n’avons pas annoncé l’Evangile à tous si nous ne cherchons pas à atteindre tous : cf Col 1,28. Quels que soient les moyens utilisés, notre stratégie ne peut se passer de l’élément systématique. Jésus, rappellera Luc dans les Actes, allait de lieu en lieu, faisant du bien à tous et guérissant tous ceux qui étaient sous l’emprise du diable : Actes 10,38.

2. Jésus ne se déplace pas seul, mais en équipe. L’objectif de Jésus en prenant les douze avec Lui est double. Le 1er est sans aucun doute, tout en cheminant avec eux, de les former et de les instruire. L’Evangile nous le montre : c’est pendant qu’Il faisait route avec eux que Jésus instruira Ses disciples et leur communiquera Ses meilleurs enseignements, soit par l’exemple, soit par l’illustration.. Le second objectif de Jésus est d’ancrer dans l’esprit des disciples que l’Evangile ne doit pas être l’affaire d’hommes seuls, mais d’une équipe unie pour le même objectif. C’est pourquoi, toujours, Jésus veillera à envoyer Ses disciples, non par unité, mais au moins par paires, ce qui constitue l’équipe minimale : Marc 6,7. Les avantages de l’équipe par rapport à l’unité sont évidents :

- deux est, selon Jésus, le chiffre minimum pour que Sa présence nous soit garantie : Mat 18,19-20. La force de deux cœurs unis ensemble pour demander une même chose au Seigneur est infiniment plus grande que celle qui ne vient que d’un cœur.

- deux, selon l’Ecclésiaste, valent mieux qu’un pour au moins deux raisons : Ecclés 4,9

 ils retirent un meilleur salaire de leur travail : c’est une question d’efficacité. Si une personne seule en un après-midi peut couvrir un village par une distribution de tracts, deux peuvent en faire deux. C’est logique, simple et mathématique…

 deux est le chiffre minimal pour s’encourager. L’évangélisation, nous devons toujours en être conscient, n’est pas une partie de rigolade. C’est un combat, car il ne saurait plaire à Satan que la bonne nouvelle du Royaume de Dieu soit annoncée. Aussi être à deux n’est pas de trop pour nous soutenir mutuellement face à l’opposition, la lassitude, le découragement.

3. Jésus ne se déplaçait pas qu’avec des hommes, mais plusieurs femmes faisaient aussi partie du cercle proche des compagnons de Jésus. Qu’est ce que la présence de ces femmes nous enseigne :

- d’abord le fait que Jésus ouvre le partenariat qu’il met en place à tous. En Christ, il n’y a plus, dira Paul, ni grec, ni juif, ni esclave, ni homme libre, ni homme, ni femme : Gal 3,28 : tous peuvent accéder au statut de compagnons de Jésus, quels que soient leur sexe, leur origine ou leur statut social.

- Même si tous ne sont pas évangélistes, tous peuvent apporter, d’une manière ou d’une autre, leur contribution au projet de l’évangélisation. Pour certains, comme il en est ici pour Jeanne et Suzanne, celle-ci sera matérielle ou financière. Pour d’autres, elle se manifestera par un autre service : intendance, cuisine, etc. Sachons qu’aux yeux de Dieu, il n’y a pas de différence de valeur entre les services : tous se valent : cf 1 Sam 30,10.21 à 24.

- La présence des femmes qui accompagnaient Jésus était utile en ce qu’elle était une démonstration vivante du résultat concret de sa puissance dans les vies : Marie-Madeleine et les autres femmes guéries et libérées. Bien que notre message reste toujours le même, personne, de par son vécu ou son expérience, ne peut à lui seul, représenter tout le monde. C’est pourquoi la diversité de témoignages et de témoins est si nécessaire dans l’église. Elle permet à ceux qui entendent l’Evangile de trouver dans le groupe de témoins au moins une personne avec qui elle peut s’identifier.

Un des plus grands dangers que court l’église avec le temps est d’avoir un message et un témoignage si formatés que ceux qui y entrent ou qui sont à son contact ne puissent plus toucher la vie. Si l’évangélisation est une affaire de paroles, elle est aussi, d’une certaine manière, une question tactile : 1 Jean 1,1 à 3. Autrement dit, ce que nos contemporains ont besoin pour croire en Christ, ce n’est pas seulement d’entendre un message justement formulé à Son sujet, mais de voir, palper, toucher du doigt l’effet concret de ce message dans les vies qu’il a transformé. Autant que par nos actions destinées à le faire connaître, c’est par ce que le Christ a fait et continue à faire dans nos vies que nous sommes ses témoins dans ce monde : Matthieu 5,13-14.

Notons enfin ce qui constituait le contenu de la prédication du Christ. Il annonçait, dit Luc, la bonne nouvelle du règne de Dieu. Le message de Jésus avait à la fois une dimension présente et future. Présente par le fait qu’Il disait qu’avec Lui, maintenant, le règne de Dieu commençait : Luc 17,20-21. Jésus venu, les hommes n’étaient plus contraints, obligés de vivre sous le règne du péché, des ténèbres ou de la mort : ils pouvaient changer de royauté : Actes 26,18-19.

Dans notre annonce de l’Evangile, nous devons ainsi veiller à ne jamais séparer l’idée du pardon des péchés de celle de la nécessaire soumission à la royauté de Dieu dans nos vies. Si le péché a pris autorité sur les hommes, c’est d’abord parce qu’à l’origine celle de Dieu a été rejetée. Aussi l’objectif de l’Evangile est-il double :

- d’une part, il est de communiquer aux homme la bonne nouvelle de la possibilité ouverte par le Christ de la réconciliation avec Dieu par le pardon de nos péchés : 2 Cor 5,19 à 21

- d’autre part, il est de rétablir entre Dieu et les hommes l’ordre spirituel qui présidait à la création. Notre relation nouvelle avec Dieu n’a de sens que si celui-ci occupe dans nos vies la place légitime qui est la Sienne : celle de Roi. C’est pourquoi, comme le disent Jésus et Paul, foi et obéissance à Dieu sont indissociables : Mat 7,21-22 ; Rom 1,5.

La bonne nouvelle a enfin une dimension liée au futur. Car si le royaume de Dieu est déjà là, présent dans le cœur de ceux qui ont le Christ comme Sauveur et Seigneur, il ne sera pleinement réalisé qu’au jour de Son retour et lorsque sera concrètement mis fin à celui de Satan sur le monde : Apoc 5,10 11,15, 12,10 ; 20,4 à 6…

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