jeudi 29 avril 2010

Chapitre 11, versets 14 à 23


Soupçons aberrants

C’est au nom d’un principe fondé sur la logique et démontrable par les faits que Jésus répondra aux soupçons émis par ses adversaires contre Lui au sujet d’une éventuelle collaboration entre Lui et le prince des démons dans Ses actes d’exorcisme. Ce principe, qui vaut pour tous les royaumes et tous les organismes, affirme que seule une unité intérieure solide et infaillible peut assurer la pérennité et la survie d’une entité. Tout royaume, au contraire, déchiré et divisé en son sein ne peut, par l’effet domino que les tiraillements intérieurs produisent, que finir par s’écrouler sur lui-même. Satan serait donc un bien piètre stratège si, pour affermir son règne, il faisait déloger, à l’aide de Jésus, les esprits mauvais des places fortes qu’ils tiennent.

Au principe de base fondant Sa réponse aux soupçons aberrants portés sur Lui, Jésus va ajouter plusieurs autres éléments destinés à nourrir la réflexion de Ses contradicteurs :

1. Si Lui, Jésus, qui guérit les malades, opère des délivrances, ressuscite même des morts, chasse les démons par une association avec un pouvoir occulte, à qui sont alors associés ceux qui, parmi les juifs, sans égaler Jésus dans Ses œuvres, chassent aussi des démons ? Il est impossible de croire d’un côté que Satan obéirait à des exorcistes juifs sur la base de l’autorité de leurs paroles, et serait en même temps un collaborateur de Jésus dans le cas de délivrances combien plus puissantes. Jésus rappelle ici que la Vérité est une, sans quoi elle n’existe plus. La vérité est fondée sur une logique établie par des faits. Si l’on peut émettre des hypothèses, ce sont les faits qui sont la pierre d’angle du fondement de la construction de la vérité.

2. Si, par contre, l’éventualité que Ses opposants refusent de considérer, à savoir que c’est par le doigt de Dieu que s’opèrent les prodiges que Jésus accomplit, est réelle, alors ceux-ci doivent en tirer la conclusion qui s’impose. Avec la venue de Jésus sonne le glas du développement du royaume des ténèbres et la venue, l’intrusion ici-bas du Royaume de Dieu.

La suite de l’histoire, avec tout ce qu’aura apporté en termes de liberté, de délivrances et de transformations le christianisme, donnera largement raison à Jésus. Aujourd’hui encore, partout où le nom de Jésus est cru et reçu, cette avancée s’accompagne d’un recul de l’ignorance, de pratiques barbares, de comportements destructeurs, d’aliénations de toutes sortes. Il n’y a pas d’autre nom donné dans le monde que celui de Jésus par lequel il ait été fait la preuve qu’y être relié, c’est être relié à une puissance de régénération divine : cf Actes 4,12. Tous ceux qui l’ont expérimenté en témoignent : vivre avec Jésus, c’est vivre mieux avec soi-même, sa conscience, les autres, avec Dieu ! C’est sortir d’un royaume, d’une sphère spirituelle pour entrer dans une autre où l’atmosphère qui y règne est exempte de toute souillure

3. La seule explication qui tienne aux délivrances qu’opère Jésus est celle que chacun qui est honnête peut observer. Les actes libérateurs de Jésus témoignent de la supériorité incontestable de Jésus sur les puissances des ténèbres. Si forte soit-elle, celle-ci ne peut, face à Jésus, que rendre les armes, capituler, quitter la place et Le laisser libérer les captifs qui étaient sous leur coupe.

Pour ce qui nous concerne, chrétiens, on pourrait penser que ce que Jésus enseigne ici nous est utile de manière générale. Il n’en est rien. Dans l’explicatif détaillé de ce qu’Il décrit au sujet de la victoire prépondérante qu’il y a en Lui sur les forces des ténèbres, Jésus mentionne plusieurs éléments distincts à considérer pour que nous en ayons la vue la plus exacte et la plus entière :

- Jésus, non seulement, entre dans la maison occupée par l’esprit mauvais, mais Il lui enlève toutes les armes dans lesquelles il se confiait pour asservir et effrayer sa victime. Le pouvoir de Satan n’est pas imaginaire, il est coercitif et s’opère par quantité de mensonges qui, traduits, en craintes, accusations, asservissent les âmes. Jésus est venu, non seulement pour nous libérer du pouvoir de l’ennemi, mais pour rendre désormais inopérantes les armes qu’il utilisait pour faire de nous ses captifs.

- Jésus est venu pour distribuer le butin qu’Il a pris à l’ennemi. Il est possible que, sous la coupe de l’ennemi, nous ayons été les auteurs de beaucoup de méfaits. Prisonniers de Satan, nous étions pour lui comme une sorte de magasin dans lequel il entreposait ses œuvres mauvaises, tout ce qu’il avait volé. Jésus, non seulement nous délivre de Satan, mais Il nous donne, par Sa force, la capacité de restituer ce que nous avons volé : reconstruire des relations fondés sur la grâce et le pardon, rendre des objets matériels, faire du bien à la place du mal… ; cf Ephés 4,20 à 32

Que, par Sa grâce aujourd’hui, ma vie démontre la réalité et les effets de la présence du Royaume de Dieu dans le monde !





mardi 27 avril 2010

Chapitre 11, versets 5 à 13


L’esprit de la prière

Après avoir établi les priorités des préoccupations qui doivent être les nôtres dans la prière, Jésus complète la réponse qu’Il a donné à Son disciple qui L’interrogeait sur le sujet en racontant une parabole de laquelle il tire un enseignement sur l’esprit qui doit animer celui qui prie.

Comme il le fait souvent dans les paraboles qu’Il raconte, Jésus, pour appuyer l’enseignement qu’Il veut faire passer, place Ses auditeurs dans une situation extrême et improbable. :

1. Extrême et improbable quant au moment où elle se produit. Nous sommes au milieu de la nuit. Qui, qui soit animé d’un tant soit peu de bienséance, ferait ce que cet homme fait : aller frapper à la porte d’un ami pour lui demander un service ? N’est-ce pas là la meilleure manière de se fâcher avec lui ?

2. Extrême et improbable aussi quant à la raison de la demande. La seule raison qui vaille pour réveiller quelqu’un au milieu de la nuit tient, peut-on penser, à un cas de force majeure. Même si l’hospitalité est une qualité orientale, justifiait-elle une telle audace à cette heure indue ?

Il faut cependant noter dans l’histoire que Jésus raconte deux points dignes d’attention pour le sujet de la prière qui nous occupe :

1. le 1er est la confiance que, malgré l’heure tardive et la gêne qu’il sait qu’il va occasionner, l’homme qui frappe à la porte de son ami, a en lui. Certes, l’heure et les motifs pour lesquels il vient ne justifient pas sa démarche. Cependant, il pense que l’amitié qui le lie à celui qu’il va solliciter est suffisamment forte pour résister à cette contrariété. Il aura raison.

2. Notons ensuite que ce n’est pas pour lui-même, pour ses propres besoins qu’il dérange son ami, mais pour répondre à un devoir envers autrui pour lequel il n’a pas les ressources chez lui. Or, il sait que ce qu’il n’a pas, son ami l’aura et sera prêt à les lui donner. Pour la seconde fois, il ne se trompera pas

Suite à cette parabole extrême et improbable, dans laquelle le donateur qui cède à la demande importune paraît le faire à contre-cœur, Jésus invite Ses disciples à ne pas avoir de crainte de frapper avec insistance et persévérance à la porte du Royaume de Dieu pour Lui adresser leur demande. Il se peut que, lors de la première démarche, nous ne recevions pas immédiatement ce que nous espérions. Ne nous décourageons. Il n’y a pas ici de la part du Père un signe de mauvaise volonté. Si la demande n’est pas reçue, si la porte ne s’est pas ouverte, alors cherchons quelles en sont les causes. Nos motivations sont-elles justes ? Sont-elles trop centrées sur nous ? Visent-elles seulement pour fin la satisfaction de nos seuls intérêts ?

Par la parabole, Jésus souligne que le but de Dieu est de nous équiper de ce qui nous manque pour être les intermédiaires par lesquels Il pourvoit aux besoins de ceux qu’Il met, dans leur dénuement, à notre contact. Alors qu’ils ne savent pas à qui s’adresser, ils viennent vers nous. Or, si nous n’avons pas non plus ce qu’il faut pour répondre à leur attente, nous avons quelqu’un vers qui nous tourner, à la porte de qui nous pouvons frapper, toujours prêt et disposer pour nous aider et nous donner, sur le plan spirituel, ce qui nous est nécessaire. La prière, selon Jésus, est le moyen par lequel, au travers du canal qu’est l’enfant de Dieu, ce qui est au ciel peut être donné aux nécessiteux de la terre. Si le demandeur de la parabole croyait à la force de l’amitié tissé avec l’ami qu’il sollicite, malgré l’heure indue, son caractère bougon et le caractère injustifié de la demande à être reçu et exaucé, à combien plus forte raison pouvons-nous nous attendre à être reçu, entendu et pourvu par notre Père si désireux de nous donner.

Alors que des hommes dans le besoin frappent à notre porte, n’hésitons pas à frapper à la porte du ciel pour dire à Dieu ce qu’il nous faut pour répondre à leur attente : subsistance, sagesse, patience, aide concrète…Que cete certitude d’être accueilli par le Père nous remplisse de foi, d’audace et de joie dans nos prières !



vendredi 23 avril 2010

Chapitre 11, versets 2 à 4


Comment prier selon Jésus

La réponse de Jésus à la demande de Son disciple d’apprendre à prier comporte deux volets :

1. le 1er volet consiste en une prière type que Jésus formulera, prière dans laquelle figure un ordre de priorités dans les choses à dire et à demander au Père. La prière que Jésus donne est une prière pour les enfants de Dieu seulement, car personne ne peut appeler Dieu Père s’il n’est devenu, par la foi en Christ, Son fils ou sa fille.

2. Le second volet touche à l’esprit, à la foi qui doit nous animer lorsque nous prions. Prier, ce n’est pas seulement dire des phrases belles et justes devant Dieu. C’est demander avec insistance, persévérance. Jésus illustrera Son propos par une parabole suivie d’une enseignement.

Le 1er volet : la prière type donnée par Jésus comme modèle

Réduite par rapport à celle traduite par Matthieu : Mat 6,9 à 13, la prière énoncée par Jésus suit un ordre de priorité identique et précis :

1ère priorité : ce qui touche aux intérêts de Dieu : v 2

On pourrait penser que lorsque l’homme prie et s’adresse à Dieu, c’est en premier lieu pour lui faire part de ses désirs ou de ses besoins. Telle n’est pas la pensée de Jésus. Dieu, notre Père, a d’autres ambitions pour Ses enfants que de les voir graviter, dans leurs intérêts et leurs préoccupations, autour d’eux-mêmes, de leur petite personne ou de leur petit monde. Dans bien des situations, il se trouve que le simple fait de suivre l’ordre fixé par Jésus dans la prière contribue déjà en partie à la solution ou, tout au moins, à l’allégement du fardeau pour lequel nous avions décidé de venir devant Dieu.

Si Dieu ne néglige pas le fait que nous Lui fassions part de nos besoins, qu’ils soient d’ordre physique, psychologique ou spirituel, en nous demandant de fixer notre regard et nos préoccupations dans la prière en priorité sur ce qui touche à Ses intérêts, Dieu nous amène à viser ce qui est au cœur de tous les problèmes et désordres qui sont dans l’univers comme dans le monde. Tout ici-bas comme dans le ciel est en lien direct avec une seule chose : la relation que les êtres ont avec Dieu. Jésus a donc raison en établissant comme ordre de priorité à la prière le rétablissement des deux choses qui, suite à la rébellion de l’homme et des anges, sont, par le fait de leur contestation, la source de tous les dérèglements :

- que le nom de Dieu soit sanctifié : que Dieu, dans Sa Personne, soit reconnu comme le Tout Autre et respecté dans les cœurs pour cette identité unique qui est la Sienne

- que Son règne vienne : seule la royauté de Dieu a la puissance de fédérer les êtres dans une communion empreinte. de justice et d’amour

2ème priorité : nos besoins personnels liés au cours de notre vie présente. Ils sont selon Jésus de trois ordres qui englobent tout ce que le chrétien peut vivre :

- les besoins liés au corps : nourriture, vêtement, besoins autour desquels se greffent tout ce que leur obtention nécessite : métier, santé, propriétés…

- les besoins liés à nos relations dont le premier qui est celui du pardon de nos péchés, ce qui nécessite la volonté d’une vie dans l’honnêteté et la lumière devant Dieu. Jésus souligne le lien indissociable entre le pardon que l’on demande à Dieu et celui que l’on se doit d’accorder aux autres.

- les besoins liés enfin à la confrontation incontournable de l’enfant de Dieu avec le mal. Jésus nous invite à solliciter de la part de Son Père garde et protection à ce sujet.

Que Dieu soit béni pour l’exemple de prière que le Fils nous a donné pour nous Ses frères !


jeudi 22 avril 2010

Chapitre 11, verset 1


Enseigne-nous à prier

Etait-ce un oubli de Jésus ? Au vu de l’importance du sujet, la prière, on aurait pu s’attendre à trouver, sans qu’on le Lui demande, un enseignement spontané du Maître sur le sujet. Et cela d’autant plus que Jean, lui, l’a fait. La pédagogie de Jésus suit un autre parcours :

1. Avant de donner un enseignement sur la prière, la première chose que Jésus fait est qu’Il prie. Il passera beaucoup de temps à prier seul, mais aussi devant Ses disciples. Le meilleur modèle que nous ayons pour apprendre à prier est d’entendre, d’être aux côtés de ceux qui le font. Entendre la prière d’un homme, c’est connaître le fond de son cœur, de ses motivations. Certes, comme en commerce, il peut y avoir dans le domaine de la prière du clinquant et de l’imitation. Mais les produits de sous qualité ne trompent pas longtemps les chercheurs passionnés. Ce ne sont pas les paroles dites bien formulées qui font la profondeur de la prière, mais le soupir, l’esprit, le fardeau que l’on ressent au travers d’elle. Si la forme peut être imitée, le fond, qui est connectée à la vie et qui émane du cœur, peut l’être beaucoup plus difficilement.

2. Le texte ne le dit pas. Mais je ne pense pas être dans l’erreur en disant que la demande du disciple, qui voyait prier Jésus, de lui apprendre à le faire a dû pour Lui être cause d’une grande joie. D’une certaine façon pour Jésus, un premier but était atteint. Plutôt que de donner un enseignement ex-cathedra sur la prière, Il avait mis dans le cœur de quelqu’un qui était près de Lui le goût, l’aspiration à vivre ce qu’Il vivait. Le fait que Jésus ait attendu cette demande témoigne que ce n’est que auprès de ceux en qui le désir de prier existe réellement qu’un enseignement plus construit sur la prière, fait de lignes directrices précises, de fardeaux priorisés, vaut la peine d’être donné. On ne donne pas à boire, dit le proverbe, à un âne qui n’a pas soif. Dans tous les domaines de la vis spirituelle, celui de la prière peut-être encore plus que les autres, le désir, la soif, sont les préalables inconditionnels de la vie. Alors qu’assis sur le même banc, deux personnes écoutent le même enseignement, ce sont eux qui font la différence essentielle entre celui qui s’ennuie en écoutant et celui qui absorbe, reçoit. Face à une possibilité de formation proposée, ce sont une nouvelle fois eux qui sépareront les enthousiastes et les réfractaires.

Quels désirs nous anime ? Quelles motivations habitent nos cœurs ? Aujourd’hui encore, Jésus attend ceux qui, comme Son disciple, viennent vers Lui dans le but d’apprendre et de recevoir de Lui ! Pour ma part, après plusieurs décennies de vie chrétienne, la demande du disciple est encore la mienne : Seigneur, enseigne-moi encore à prier !

jeudi 15 avril 2010

Chapitre 10, versets 38 à 42



La bonne part

Pauvre Marthe ! N’est-elle pas celle qui, ayant entendu que Jésus passait par Béthanie, prit l’initiative de L’inviter, avec tous ceux qui L’accompagnaient, à sa table. Ne la trouvons-nous pas pleine d’empressement et de bonne volonté pour s’activer à ce que tout soit prêt et bien fait ? Ne fait-elle pas preuve du souci d’offrir au Seigneur le meilleur d’elle-même dans ce service qu’elle a elle-même décrété comme étant ce qui devait être fait pour accueillir Jésus ?

Pauvre Marthe ! Rien ne marche comme elle l’espérait ! La tâche s’avère finalement au-dessus de ses forces et de ses possibilités. Et pour cause ! Il allait sans dire qu’elle comptait sur Marie pour l’aider ! Après tout, la maison n’est pas qu’à elle. Elle n’est pas la seule à recevoir. Mais Marie lui a fait faux bond. Elle est la seule à s’affairer, suer pendant que sa sœur ne fait rien. Pauvre Marthe ! En plus du stress et de la fatigue, la voilà qui, petit à petit, est gagnée par le dépit et l’amertume… et la colère.

Ne nous arrive-t-il pas souvent de nous trouver dans la situation de Marthe ? Souvent comme elle (ou comme le roi David, par exemple : 2 Sam 7,1 à 3), il surgit de notre esprit une bonne idée au sujet de ce que nous pourrions faire pour le Seigneur. Convaincu de l’excellence de cette idée, sans consulter personne ou la soumettre à d’autres, nous nous activons, convaincus que ceux qui nous entourent ne pourront qu’y adhérer. Ne faisons-nous pas le bien ? Ce que nous entreprenons n’est-il pas que pour la gloire et le bien de Dieu ? Petit à petit, alors que nous avançons dans la réalisation de notre projet, il arrive que les choses ne se déroulent pas comme nous l’espérions. N’ayant pas vraiment calculé la dépense et le prix que notre projet allait nous coûter en termes d’engagement, nous nous trouvons soudain dépassés et submergés. De plus, il se trouve que les forces sur lesquelles nous avions compté, sans les consulter au départ, nous ont fait défaut. Nous nous retrouvons bientôt comme Marthe, au bord de la route, découragés et amers. D’où vient le problème ? De plusieurs causes :

1. la 1ère est celle dont fait part Jésus. Avant de décider de faire quoi que ce soit pour le Seigneur, la priorité des priorités dans tout service pour le Seigneur est, comme l’a fait Marie, de nous asseoir à Ses pieds pour être à Son écoute. C’est aux pieds de Jésus, dans le silence de l’écoute, et non dans notre propre esprit souvent agité, que doivent jaillir les impulsions directrices pour le service que le Seigneur attend réellement de nous. Avec Marthe, nous devons apprendre que nos meilleures idées pour le service de Dieu, si elles n’ont pas leur source en Lui, sont finalement mauvaises.

2. La seconde est que la force qui est à l’origine de nos actions est aussi celle par laquelle nous les réaliserons. S’il n’y a que nous à l’origine d’un projet, même un projet pour Dieu, il ne faut pas s’étonner si, comme Marthe, nous faisons en cours de route, l’expérience de son échec. Notre déception est à la hauteur de l’espoir et de l’investissement que nous avions mis dans le projet.

3. La troisième est que nous ne pouvons pas nous attendre à ce que les autres nous suivent dans un projet si, dès le départ, nous ne les avons pas associés à son élaboration.. Même si le projet auquel nous avons pensé vient de Dieu, nous devons nous garder de penser aux autres en termes de simples exécutants de nos idées. Nous voulons en faire des associés.

4. Lorsque les choses sont mises dans le bon ordre, les compétences et l’énergie d’une Marthe s’avèrent fort utiles. La « réprimande » de Jésus envers Marthe n’avait pas pour objet de l’abaisser, mais de l’amener à identifier ce qui n’allait pas et qui étaient la cause de l’amertume qui était dans son cœur.

Que Dieu nous donne de suivre le bon fil conducteur qu’Il nous indique comme étant celui qui doit être adopté pour tout service que nous pouvons Lui rendre ! Il est celui de qui, par qui et pour qui nous voulons vivre et être !

mercredi 14 avril 2010

Chapitre 10, versets 29 à 37



Qui est mon prochain ?

De manière évidente, la réponse de Jésus à la question posée par le spécialiste de la loi fit mouche. Preuve en est par le fait que, face à l’exigence devant laquelle le Seigneur le plaçait, Son interlocuteur chercha à s’esquiver. C’est mal connaître Jésus que de penser qu’en voulant le piéger, on puisse s’en tirer à bon compte. Tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, s’y sont essayés, se sont retrouvés dans la même position : de piégeur qu’ils pensaient être, ils se sont retrouvés en fin de parcours les piégés : cf Mat 22,15 à 40.

La question du spécialiste de la loi se déplaçant du souci de savoir que faire pour obtenir la vie éternelle à celui de distinguer qui est ce prochain que l’on doit aimer comme soi-même, Jésus va, pour la résoudre, raconter une histoire qui, si elle est fictive, aurait pu très bien être un fait divers qui s’est réellement passé. La méthode suivie par Jésus ici est un modèle. Nous pouvons, à l’égard de ce commandement qui nous est donné d’aimer notre prochain comme nous-mêmes, formuler de grandes et belles théories. En réalité, l’amour est d’abord et avant tout une question d’actes et de comportement. Dieu, nous dit la Bible, a tant aimé le monde qu’IL a donné Son Fils unique… : Jean 3,16. Jésus, qui avait aimé les Siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout… Pendant le dîner, Il se leva se table, se ceignit d’un linge et se mit à leur laver les pieds : Jean 13,1 à 5. Voulant montrer son amour pour le Seigneur, Marie prit un parfum pur de grand prix, le répandit sur les pieds de Jésus et les lui essuya avec ses cheveux : Jean 12,2. La meilleure façon de montrer ce que signifie aimer son prochain comme soi-même est de traduire cet enseignement par des actes.

La grande leçon qu’enseigne l’histoire que Jésus raconte est qu’aimer son prochain comme soi-même est indissociable au fait de faire preuve de compassion pour lui. Si les actes sont importants, ce qui les dépasse encore sont les motivations qui en sont à l’origine. Paul le dit autrement, mais son discours revient au même : nous pouvons nous sacrifier pour les autres, mais si l’amour n’est pas la cause de ce sacrifice, en vérité nos actes ne valent rien : 1 Cor 13,3. Ni le devoir, ni le sentiment d’obligation ne peuvent satisfaire l’exigence du commandement d’amour de Dieu à l’égard de son prochain.

Comment s’est traduite la compassion dont fut animé le samaritain qui secourut le blessé ? Jésus montre que, au lieu de considérer le risque qu’il encourait pour sa propre vie, le samaritain se mit à la place et dans la peau de la victime et fit pour lui ce qu’il aurait aimé que tout homme fasse à son égard s’il avait été à sa place. Cette règle qui guida les actes du samaritain est exactement celle que Jésus donna comme explication concrète de ce qu’est l’amour : Mat 7,12. Se faisant, Jésus montra au spécialiste de la loi que sa question, au sujet du prochain, était mal formulée. Notre préoccupation dans l'amour doit être non de chercher qui est le prochain que nous avons à aimer, mais d’être pour les autres, dans leurs besoins, le prochain que Dieu veut que nous soyons. Si nous ouvrons les yeux, nous verrons que sur le chemin sur lequel nous marchons, les occasions ne manqueront pas.

Que le Seigneur mette en mon cœur les motivations qui étaient dans le Sien lorsque, quittant Son ciel, Il vint pour se confondre avec nous sur cette terre !

mardi 13 avril 2010

Chapitre 10, versets 25 à 28


Jésus et le spécialiste de la loi

La question que pose ici le spécialiste de la loi à Jésus est révélatrice de l’état d’esprit qui l’habite. Tout le langage et la justice qui provient de la loi, dira Paul plus tard, repose sur une seule et même logique : le faire : Rom 10,5. Imprégné par cette idée qui, effectivement, se trouve dans la loi, il n’y a rien d’étonnant à ce que le spécialiste de la loi aborde la question de la justice qui conduit à la vie éternelle sur ce terrain.

Jésus, qui sait que cette logique est vouée à l’échec (toute l’histoire d’Israël dans l’Ancien Testament est là pour le démontrer), ne va pas pour autant, dans un premier temps, contredire le docteur de la loi. Puisque c’est par le faire que celui-ci veut atteindre la vie éternelle, Jésus invite son interlocuteur à bien lire la loi pour se placer devant ce qui en constitue à la fois le cœur et l’essence. Le procédé réussit. Ramené à la loi, le spécialiste de celle-ci est contraint à un premier constat. Plutôt que le verbe faire, c’est le verbe aimer que la loi elle-même présente comme la disposition de cœur majeure prise en compte par Dieu à l’égard de ceux qui, par son moyen, veulent être justes. De plus, aimer selon la loi a une signification précise, aussi bien en ce qui concerne la portée et l’objet de ceux qui sont concernés par cet amour, que sa qualité et son intensité. Aimer, c’est

- aimer Dieu de tout son cœur (dans toutes ses motivations), de toute son âme (avec toute ses facultés), de toute sa force (jamais sans demi-mesure) et de toute son intelligence (par toutes ses pensées)

- c’est aussi aimer son prochain autant que soi-même

Le spécialiste de la loi ayant bien répondu à la question de Jésus sur ce qui est écrit dans la loi, Celui-ci l’invite à mettre en pratique ce qu’il a compris. Jésus le lui assure : s’il fait vraiment cela, alors il vivra.

Apprenons de Jésus dans Sa façon d’évangéliser l’homme religieux. Trop souvent, convaincus avec raison que le chemin du faire n’est pas le bon, nous allons avec notre interlocuteur directement à la conclusion. Ce que Jésus nous apprend ici est que ce sont ceux qui s’engagent sur le chemin de la loi qui doivent eux-mêmes, par l’expérience, arriver à la conclusion qu’ils sont incapables de produire la justice qu’elle exige. La loi n’est pas une ennemie de l’Evangile ; elle prépare celui qui se place sous son joug au constat de son impuissance et à la découverte de la nécessité de la grâce : Gal 3,23-24. D’où la raison pour laquelle, dans l’ordre de la Révélation, la loi venue par Moïse a précédé la grâce apportée par Jésus-Christ : Jean 1,17.

lundi 12 avril 2010

Chapitre 10, versets 23 et 24


Le privilège des disciples :

Ayant exprimé la joie qu’Il ressentait à ce moment historique, Jésus se tourna vers Ses disciples pour qu’à leur tour ils saisissent le privilège énorme qui était le leur de vivre les instants qu’ils venaient de vivre. Il existe dans l’histoire de toute nation des moments qualifiés d’historiques. Ces moments, souvent, ne sont pas le fait du hasard. Pour de nombreuses générations qui les ont précédés, ils ont parfois fait l’objet d’une attente intense, une attente, pourrait-on dire, de la foi qui ne s’est pas réalisée. Pour les générations qui suivent, ces moments passés sont reconnus, certes, comme des moments fondateurs ; souvent cependant, le temps leur a fait perdre leur acuité et le caractère extraordinaire qu’ils avaient pour ceux qui les avait vécus (chute du Mur de Berlin, renversement d’une dictature…). En-dehors de ceux qui les ont précédés et, par conséquent, ne les ont pas connus, et de ceux qui sont nés après et qui, peut-être, n’ont pas la capacité de les estimer à leur juste valeur, il y a ceux qui en étaient, ceux qui ont vécu dans leur présent ces instants clés.

C’est, à l’égard de l’histoire du Royaume de Dieu, de leur nombre, dit Jésus, que sont les disciples. Beaucoup de ceux qui les ont précédés, des croyants humbles, inconnus, comme de nombreux hommes de Dieu, les prophètes, ou des rois, ont attendu, espéré, soupiré pour voir les jours qu’ils vivent se produire sur la terre. Ils sont partis sans que leur désir soit exaucé. Un homme, dans le Nouveau Testament, incarne à lui seul la longue lignée de ces hommes de foi dont l’attente n’a pas été réalisée. Il n’aura pas vu grand chose de ce que toutes les générations de croyants qui le précédaient, espéraient voir s’accomplir. Mais le seul fait d’avoir vu paraître l’enfant qui était le porteur de la promesse lui aura suffi pour dire que, désormais, il pouvait partir. Cet homme, Siméon, considérait qu’ayant vu Jésus, il avait vu le sommet de ce qu’un croyant pouvait souhaiter durant toute une vie : Luc 2,29 à 32.

Nous ne sommes pour notre part ni des générations qui ont vécu dans l’attente, ni de celle qui a vécu l’irruption du Royaume de Dieu sur terre par Jésus. Pourtant le Royaume, depuis ce jour, ne cesse de s’étendre. Les marques de sa présence sont multiples, universelles. Comment réagissons-nous à la vue et la connaissance de ce phénomène ? Saisissons-nous le privilège qui est le nôtre, de vivre, connaître, partager les pensées, la compagnie, l’intimité de Jésus, de voir Son bras agir dans nos vies et les vies de ceux qu’Il délivre ?

Que Dieu me donne de me rappeler sans cesse que je ne peux connaître plus dans cette vie et pour l’éternité que Jésus !

samedi 10 avril 2010

Chapitre 10, versets 21 à 22

La joie de Jésus


Alors que, souvent, la vie de Jésus nous est présentée comme un combat, Luc nous fait part ici de l’un des rares moments de grande joie qui ponctuèrent Son ministère ici-bas. Quelles sont à la fois la source et la cause de cette joie ? Pour quelles raisons saisit-elle Jésus à ce point ? Qu’y a-t-il ici qui fasse vibrer Jésus au point d’éclipser pour un moment la dure réalité quotidienne à laquelle Il est confronté dans sa vie unique et solitaire de Fils unique de Dieu ? Autant de questions qui, par les réponses qui leur sont données, ouvrent pour nous le chemin de voies d’accès à la joie qui ne sont pas de ce monde.

1. la source de la joie que connaît ici Jésus :

Luc nous le dit clairement. C’est sous l’action du Saint-Esprit que Jésus, soudain, est envahi d’une joie telle qu’elle le transporte d’allégresse. Il est notable que, mis à part les événements qui ont eu lieu au moment de Sa naissance et de l’entrée dans Son ministère public, il n’est fait mention directement que rarement du Saint-Esprit dans l’Evangile de Luc. Le fait donc que Luc le mentionne ici donne un relief particulier à l’identification de l’Esprit comme source de la joie que connaît Jésus. Ce témoignage que rend Luc au sujet de l’Esprit, source de joie profonde et première qu’expérimente ici Jésus, doit nous interpeller. Il n’y a pas de plus grande joie pour tout serviteur de Dieu que de se sentir et se savoir au cœur de la volonté de Dieu dans ce qu’Il fait. Il y a bien des joies qui sont possibles à vivre ici-bas, mais aucune d’elles ne dépasse en force, intensité, celle qui a sa source dans cette origine là.

2. la cause de la joie de Jésus

Elle est dans le fait que, peut-être pour la première fois, Il a sous les yeux la réalisation concrète de ce pour quoi Il est venu. A plusieurs reprises en effet Jésus l’a signifié : avec Lui, par Lui, le Règne de Dieu est venu jusqu’aux hommes. Par la venue de ce Règne, l’objectif de Dieu est clairement affiché. L’irruption du Règne de Dieu par Christ dans le monde a pour objet, d’une part d’ouvrir les portes de la réconciliation entre Dieu et les hommes, d’autre part de faire échec aux règnes usurpateurs du péché et du diable. Pour la première fois, à une échelle importante, ce n’est pas Jésus seul qui est le promoteur des conquêtes du Règne de Dieu, mais 72 hommes, équipés et armés de l’autorité de laquelle Lui-même était revêtu. Tout serviteur de Dieu, pionnier dans une œuvre le sait : il n’y a pas de plus grande joie que d’assister au processus de multiplication de Son œuvre. Le fait de ne plus être seul, mais d’être, ne serait ce que deux, suffit à transformer l’âpreté du combat solitaire en source de joie ! « Ah ! mon Dieu, si l’on était deux, chantait Michel Sardou

3. Autre cause de la joie de Jésus

C’est celle qu’il exprime par Ses paroles. Elle porte sur le choix qu’a fait le Père en ce qui concerne ceux qu’Il a associé au Fils dans le ministère qu’Il Lui a confié. C’est avec les petits, les humbles de la terre que Dieu a choisi de s’associer pour travailler à l’avancement de Son règne ici-bas. Cette association de Dieu avec les petits et les humbles met en valeur le fait que les atouts sur lesquels Dieu compte pour la réalisation de Son projet n’ont rien à voir avec ceux sur lesquels les hommes s’appuient en général pour assurer la réussite de leur entreprise : la force, les compétences, la puissance de l’influence naturelles… Toute la force et les compétences des associés du Christ procèdent des dons, révélations et qualifications que donne le Saint-Esprit. Rien ne réjouit autant Jésus que de voir de quelle manière Dieu peut utiliser un homme revêtu de l’Esprit de Dieu. Sommes-nous de ceux qui sommes prêts à faire confiance au Saint-Esprit pour qualifier ceux qu’Il appelle à travailler ici-bas pour Dieu ? Si oui, de grandes sources et occasions de joie sont devant nous à la vue de ce qu’Il va faire au travers des simples hommes qu’Il a choisi !

En conclusion de l’expression de ce qu’Il ressent, Jésus définit le principe de base sur lequel repose l’accès pour chacun à la connaissance de Dieu : v 22. Si Jésus en parle ici, c’est que ce principe est indissociable de l’humilité, qui, du côté humain, est la condition indispensable à remplir pour en bénéficier. Ce principe est que le Père seul a une parfaite connaissance du Fils et vice versa et que seul celui à qui le Fils révèle le Père peut Le connaître. Jésus affirme ainsi que, pour ce qui nous concerne, nous sommes réduits à un état de dépendance totale pour connaître Dieu ! Or, pour accepter la condition de cet état, une seule chose est nécessaire : l’humilité !

jeudi 8 avril 2010

Chapitre 10, versets 17 à 20


Joie des 72 au retour de mission

C’est, dit Luc, remplis de joie que les 72 revinrent auprès de Jésus au retour de leur mission. Si la joie est l’un des fruits qui résulte de notre communion avec Christ, il faut nous souvenir qu’elle n’est jamais si forte dans le cœur du chrétien que lorsque, quelque part, il a pu être un témoin de Lui auprès de ceux qui ne Le connaissent pas encore. Il n’est pas rare de trouver dans les églises des chrétiens qui ont perdu leur joie ou qui, sans aller jusque là, se lassent de la vie chrétienne qu’ils trouvent sans relief. Une des causes de cet état de fait n’est elle pas que, peut-être depuis fort longtemps, ils n’ont plus témoigner du Christ à qui que ce soit ? Restons en route en tout temps pour Lui, prêt à témoigner de Lui : nous ferons alors l’expérience de boire de manière permanente à une source de joie intarissable !

De retour de mission, les 72 partagent avec Jésus l’une des choses qui a été dans leur cœur la source de leur joie : c’est l’expérience qu’ils ont faite de leur autorité sur les puissances adverses. Jésus ne désapprouve pas : faire l’expérience de l’autorité que possède le nom de Christ sur les démons, c’est entrer dans une réalité pratique des plus tonifiantes pour la foi. Si Jésus peut se réjouir avec les disciples de ce qui est ici l’objet de leur joie, Il les encourage à ne pas fixer celle-ci sur cet élément de leur expérience. Car les expériences sont passagères et fluctuantes. Au delà de l’expérience, il y a pour tout disciple une réalité qui, seule, est capable, d’engendrer une joie permanente : cette joie est celle du statut d’enfants de Dieu qu’ils possèdent, statut validé par le fait que le nom de tous ceux qui le possèdent est inscrit dans le registre d’état civil céleste. La joie profonde, durable, permanente à laquelle Jésus nous appelle ne doit pas avoir pour centre notre rapport avec Satan, mais avec Dieu. Cette joie là est la seule qui, dans sa nature, est véritablement saine, dénuée de toute présomption., car le cœur en est, non la puissance, mais la croix, là où le Christ dut mourir pour notre rachat C’est la joie des humbles, conscients de leur pauvreté spirituelle, de leur dénuement total qui savent qu’ils ne doivent leur salut qu’à Lui et à Lui seul.

Que Dieu nous donne, comme nous y invite constamment l’Ecriture, de nous réjouir en Dieu et en Dieu seul de manière permanente !

mercredi 7 avril 2010

Chapitre 10, versets 13 à 16


Le degré de responsabilité : critère du jugement

La responsabilité des villes refusant les marques du témoignage de la venue par Christ du règne de Dieu soulignée, Jésus, avant même le jour où aura lieu le jugement, s’adresse, dans un langage empreint de tristesse, aux cités parmi lesquelles Il est passé pour, déjà, leur signifier le tragique de leur situation au regard des villes qui, dans l’Ancien Testament, ont subi le feu de la colère et du jugement de Dieu sans avoir eu l’avantage de voir ce qu’elles ont vu. Si elle est ici fortement soulignée, cette graduation de la responsabilité de chacun devant Dieu en fonction de la lumière reçue est un principe constamment souligné dans la Bible. Jésus en donne ici deux exemples parlant :

- le 1er est celui de Sodome. S’il y a bien une ville qui, dans l’Ancien Testament, est le symbole d’une cité gisant dans une situation de péché extrême entraînant une décision de jugement sans retour de la part de Dieu, c’est elle : Genèse 18,20 à 21. Pourtant Jésus assure, qu’au regard de ce qu’elles ont vu et connu de Dieu par Lui, les villes qui ont reçu Sa visite seront jugées plus sévèrement que la plus grande ville du péché des temps anciens. Il y a une gravité plus grande dans la responsabilité à rejeter Christ, après avoir vu et connu ce qu’Il incarnait, qu’à se vautrer dans les péchés les plus immondes.

- Le second est celui de Tyr et de Sidon, capitale païenne de la Phénicie. Alors qu’Il exerça la majeure partie de Son ministère en Israël, Matthieu souligne que, une fois au moins, Jésus s’est retiré dans le territoire de Tyr et de Sidon : Mat 15, 21. Là, sans qu’Il fit de miracles, une cananéenne comprit qui Il était et bénéficia, par l’audace de sa foi, des miettes des bénédictions qu’Il était venu apporter à Israël : Mat 15,22 à 28. C’est sans doute en souvenir de son passage dans ce territoire que Jésus cite Tyr et Sidon comme des villes qui, bien que n’ayant pas bénéficié de toutes les marques du témoignage qu’Il a donné aux villes juives, seront jugées, à cause des dispositions dont elles auraient fait preuve à Son égard si elles avaient été à leur place, moins sévèrement.

A qui pensons-nous, en termes de gravité et de dureté quant au châtiment qui arrive, lorsque notre pensée se porte au jour du jugement de Dieu ? A la Corée du Nord ? Aux pays islamiques qui persécutent les chrétiens ? Au pays athées ? Jésus dit ici que la gravité du châtiment ira de pair avec le degré de responsabilité avéré de chacun. Au vu de la déchristianisation galopante de l’Occident, il est à craindre que ce ne soit pas eux, mais nous qui ayons à faire un jour à la plus forte expression de la colère de Dieu ! D’une certaine façon, déjà, nous le voyons ! Alors que découvrant le Christ que nous avons toujours connu, beaucoup, parmi ces nations, se tournent vers Lui, nous, dont la culture est le produit de Sa connaissance, affichons un rejet de plus en plus marqué de cet héritage. Il faut être missionnaire en France pour comprendre à quel point nous sommes dans une culture apostate.

Que, comme Elie, Dieu fasse de nous, Son peuple, des témoins qui Lui restent fidèles jusqu’au bout en ces temps difficiles !

samedi 3 avril 2010

Chapitre 10, versets 1 à 12 (3)


Contenu de l’ordre de Mission et de ses procédures

Si l’esprit dans lequel la mission doit être vécue est au cœur de celle-ci, la manière d’être et d’agir des disciples dans ce cadre n’en est pas pour autant dénuée d’importance. Ce sont elles, en effet, que ceux vers qui les disciples sont envoyés vont d’abord voir et considérer ; ce sont d’après elles que leur jugement premier va se former sur eux, mais aussi sur Celui dont ils sont les hérauts. 6 directives précises, destinées à cadrer le comportement des disciples, sont ici incluses dans l’ordre de mission que Jésus leur donne :

1ère directive : ne portez ni… : un bagage matériel minimal

En mission, les disciples n’ont pas à se préoccuper de ce qu’ils mangeront, boiront ou de la façon avec laquelle ils vont survivre. Si, sur le plan spirituel, ils portent une lourde charge, sur le plan matériel, ils doivent être le plus léger possible : cf 2 Tim 2,4.

2ème directive : ne saluez personne en chemin : un temps racheté

En donnant cette directive, Jésus ne prônait certainement pas l’impolitesse. Ce qu’il voulait, c’est que l’urgence de la mission reste au cœur de la préoccupation des envoyés. Jésus savait à quel point les convenances humaines (en Orient peut-être plus qu’ailleurs) pouvaient être chronophages. La priorité donnée par les disciples, dans leur utilisation du temps, à la mission, était un puissant témoignage du sens de l’urgence et de la gravité de celle-ci à leurs yeux.

3ème directive : être des messagers de paix

A l’image de leur Maître, les disciples devaient être des messagers et des porteurs de paix. Aussi Jésus les invite-t-Il à prononcer un vœu de paix (la paix de Dieu) à toute maisonnée où ils entreraient. Accueillis, la paix qu’ils étaient venus apporter reposerait sur cette maison ; rejetés, elle retournerait à eux. La directive donnée ici par Jésus a pour objet de faire connaître de manière explicite les intentions de Dieu et de son Christ envers ceux vers qui Il vient. Elle signifie aussi le fait que celui qui reçoit un envoyé du Christ Le reçoit Lui-même et que, à l’inverse, celui qui rejette l’envoyé rejette du même coup l’envoyeur : Jean 13,20.

4ème directive : vivre de la bénédiction donnée en chemin

C’est de la communauté de ceux qui les accueillent, et qui, du même coup, accueillent leur Maître, que, en route, les disciples recevront leur subsistance. Si Jésus les appelle à Lui faire confiance sur ce point, Il les invite également, là où ils sont reçus à faire preuve de reconnaissance et de contentement. Le désir ou la recherche du confort le meilleur ne doivent en aucun cas être une motivation entrant en ligne de compte dans leur façon d’agir (d’où l’exhortation de Jésus de ne pas passer de maison en maison pour voir là où l’accueil serait le plus avantageux pour eux). L’ordre de ne pas passer de maison en maison peut aussi être un indicateur stratégique : celui qui consiste à construire le témoignage à partir des lieux où les disciples sont accueillis.. C’est la stratégie, pourrait-on dire, « des ronds dans l’eau », stratégie qui repose entièrement sur le puissance de répercussion d’un choc à partir d’un lieu donné.

5ème directive : manifester le Royaume de Dieu par leurs actes

Mandatés par Christ, les disciples étaient aussi équipés par Lui pour manifester qui Il était et démontrer, aux yeux de ceux vers qui ils allaient, l’irruption par Lui du royaume de Dieu dans le monde. Cette irruption du Royaume se manifestait par de nombreuses guérisons, ce qui, aux yeux des gens du peuple, équivalait à l’abrogation des conséquences physiques, psychiques et spirituelles du péché. Le miracle comme procédé de persuasion nous rappelle que, pour être cru, le Christ dut démontrer qui Il était : cf Mat 11,3 à 6. Cette nécessité de la démonstration pour rendre le témoignage crédible explique la raison de l’abondance des miracles lors de la période de l’incarnation du Christ comme de celle qui la suivra directement : Hébr 2,3-4. Le témoignage ensuite solidement établi par la Parole, ce type de démonstration perdra de son importance cf Luc 16,27 à 31.

6ème directive : un message pour ceux qui rejettent

Si les disciples sont porteurs d’un message de paix en vue de ceux qui les accueillent, ils ne sont pas sans parole de Dieu pour ceux qui les rejettent. Le revers de la bonne nouvelle du salut annoncé par la venue par Christ du Royaume de Dieu est la mauvaise nouvelle du jugement et de l’exclusion de ce même Royaume pour ceux qui Le refusent. Si les disciples de Christ, dans l’ensemble, s’acquittent assez bien du premier versant de leur mission (l’annonce de l’offre de paix), plus rares sont ceux qui osent aller jusqu’au bout en rendant conscients du sort qui les attend ceux qui refusent cette offre.

Que Dieu nous donne d’être conséquents et fidèles dans l’accomplissement de tous les aspects de la tâche qu’Il nous confie en tant qu’envoyés, éclaireurs et hérauts du Christ !

vendredi 2 avril 2010

Chapitre 10, versets 1 à 12 (2)

Esprit de l’ordre de mission :

Avant d’entrer dans les détails liés à la façon avec laquelle les 72 devaient agir, Jésus fixe en quelques phrases le cadre spirituel dans lequel s’inscrit leur action :

- la mission des 72 est, comme celle de Jean, une mission de précurseur. La visite des 72 dans les villes et les villages où ils sont envoyés n’équivaut pas à la visite de Jésus Lui-même. Elle ne fait que préparer celle-ci. Les 72 sont envoyés en quelque sorte en éclaireurs. En tant que tel cependant, celui qu’ils ont à éclairer n’est pas Celui qui les envoie, mais ceux vers qui ils sont envoyés, en attendant que la lumière elle-même se montre. Tels sont encore aujourd’hui le sens, l’utilité de la foi dans laquelle s’inscrit l’œuvre missionnaire.

- La mission des 72 est une mission qui doit être vécue dans l’esprit et le fardeau qui sont ceux de Dieu. Ce fardeau est celui d’une riche moisson d’âmes engrangées pour le Royaume de Dieu. Avant même le corps, c’est le cœur qui est le moteur premier de l’action missionnaire.

- La mission des 72 s’inscrit dans un contexte de dangerosité extrême dont Jésus tient à les rendre conscient. La mission n’est en rien une croisière de plaisance. La condition des disciples est semblable à celle d’agneaux au milieu de loups : des êtres, si ce n’est Dieu, qui sont sans défense et qui, face à leurs adversaires sur le plan humain, ne font pas le poids. Toujours et en tout lieu, être le missionnaire du Christ induit l’acceptation de l’idée d’un travail dans un milieu hostile.

jeudi 1 avril 2010

Chapitre 10, versets 1 à 12 (1)

Envoi de 72 (ou 70) disciples en mission

Bien que largement développés plus tard dans les Actes des apôtres, surtout au travers de l’apôtre Paul, c’est avec Jésus que nous voyons initier les deux grands principes qui, à eux seuls, expliquent hier, comme aujourd’hui, la cause de l’expansion du christianisme de l’histoire.

Le premier principe est celui qui est à l’origine même de la venue de Jésus. Gravitant autour de la même idée, les noms différents par lesquels on le définit ne font qu’en souligner les différents aspects. Ce principe est celui de la mission, du fardeau missionnaire, du souci de l’évangélisation. Comme déjà souligné en Luc 8,1, il est la cause de l’activité principale de Jésus. Il le restera tout au long de Sa vie et sera le thème même de l’ordre de mission donné aux disciples au moment de Son départ : Matthieu 28,18 à 20. Le livre des Actes nous montre ensuite que, reparti au ciel, Jésus ne cessera de le remettre de manière pressante au cœur des disciples : la vision de Pierre : Actes 10, l’envoi par le Saint-Esprit des premiers missionnaires : Actes 13.

Le second principe est celui de la multiplication. Jésus le dit ici : au vu de l’immensité de la tâche à accomplir sur le plan missionnaire, l’une des prières premières et constantes à adresser à Dieu devrait être celle qui a pour coeur la mission. Jusqu’à ce que toute la Moisson soit rentrée, il y aura besoin, pour chaque époque, chaque génération, d’ouvriers. Si ceux qui sont appelés doivent aller, en allant, ils feront vite le constat de leur impuissance et de leur insuffisance à relever le défi. Aussi, comme le « Notre Père », nous pouvons dire que la prière que Jésus nous appelle à formuler pour la Mission, est une prière à adresser à Dieu de manière incessante.