mardi 13 avril 2010

Chapitre 10, versets 25 à 28


Jésus et le spécialiste de la loi

La question que pose ici le spécialiste de la loi à Jésus est révélatrice de l’état d’esprit qui l’habite. Tout le langage et la justice qui provient de la loi, dira Paul plus tard, repose sur une seule et même logique : le faire : Rom 10,5. Imprégné par cette idée qui, effectivement, se trouve dans la loi, il n’y a rien d’étonnant à ce que le spécialiste de la loi aborde la question de la justice qui conduit à la vie éternelle sur ce terrain.

Jésus, qui sait que cette logique est vouée à l’échec (toute l’histoire d’Israël dans l’Ancien Testament est là pour le démontrer), ne va pas pour autant, dans un premier temps, contredire le docteur de la loi. Puisque c’est par le faire que celui-ci veut atteindre la vie éternelle, Jésus invite son interlocuteur à bien lire la loi pour se placer devant ce qui en constitue à la fois le cœur et l’essence. Le procédé réussit. Ramené à la loi, le spécialiste de celle-ci est contraint à un premier constat. Plutôt que le verbe faire, c’est le verbe aimer que la loi elle-même présente comme la disposition de cœur majeure prise en compte par Dieu à l’égard de ceux qui, par son moyen, veulent être justes. De plus, aimer selon la loi a une signification précise, aussi bien en ce qui concerne la portée et l’objet de ceux qui sont concernés par cet amour, que sa qualité et son intensité. Aimer, c’est

- aimer Dieu de tout son cœur (dans toutes ses motivations), de toute son âme (avec toute ses facultés), de toute sa force (jamais sans demi-mesure) et de toute son intelligence (par toutes ses pensées)

- c’est aussi aimer son prochain autant que soi-même

Le spécialiste de la loi ayant bien répondu à la question de Jésus sur ce qui est écrit dans la loi, Celui-ci l’invite à mettre en pratique ce qu’il a compris. Jésus le lui assure : s’il fait vraiment cela, alors il vivra.

Apprenons de Jésus dans Sa façon d’évangéliser l’homme religieux. Trop souvent, convaincus avec raison que le chemin du faire n’est pas le bon, nous allons avec notre interlocuteur directement à la conclusion. Ce que Jésus nous apprend ici est que ce sont ceux qui s’engagent sur le chemin de la loi qui doivent eux-mêmes, par l’expérience, arriver à la conclusion qu’ils sont incapables de produire la justice qu’elle exige. La loi n’est pas une ennemie de l’Evangile ; elle prépare celui qui se place sous son joug au constat de son impuissance et à la découverte de la nécessité de la grâce : Gal 3,23-24. D’où la raison pour laquelle, dans l’ordre de la Révélation, la loi venue par Moïse a précédé la grâce apportée par Jésus-Christ : Jean 1,17.

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