vendredi 4 décembre 2009

Chapitre 4, versets 16 à 30


Jésus dans la synagogue de Nazareth



C’est dans la ville où Il fut élevé, Nazareth, que, pour la première fois, Jésus affirma, sur la base d’un texte d’Esaïe, qui Il était et quel était le mandat qui Lui avait été confié par l’autorité de Dieu. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le fait pour Jésus d’être en terrain connu n’était pas forcément un avantage. Par l’affirmation subite de ce qu’Il était, Jésus prenait à contre-pied l’image que ses concitoyens avaient jusqu’alors de lui et de son identité. Croire d’un coup que le fils de Joseph, le charpentier du village, que chacun côtoyait régulièrement à la synagogue, soit le Messie annoncé par les prophètes, relevait pour tous d’une prouesse de la foi qui leur semblait impossible. Il nous faut nous mettre à la place du peuple pour comprendre sa réaction. Nul doute que si, à ce moment-là, nous faisions partie du public qui écoutait Jésus lors de ce sabbat, nous n’aurions pas réagi différemment.

C’est le passage d’ Esaïe 61,1 et le début du verset 2 que Jésus choisit de lire pour affirmer, devant Ses concitoyens, qui Il était. Remarquons d’abord la précision de Jésus quant à l’extrait choisi. Alors que le texte original se poursuit par un autre aspect du mandat du Messie (proclamer un jour de colère de la part de Dieu), Jésus s’arrête volontairement à la mention du 1er aspect mentionné par le prophète (publier une année de grâce). Tandis que le second aspect touche à la seconde venue du Christ, le premier aspect seul définit l’objectif lié à sa première venue. Comme Jésus le dira plus tard à Nicodème, le Fils de l’homme n’est pas venu pour juger, mais pour sauver : Jean 3,17. Le jugement par Lui viendra aussi, mais ce sera après que toutes les ressources de la patience et de la grâce de Dieu auront été épuisées : Rom 2 ;18.

Si Jésus choisit ce passage d’Esaïe, c’est aussi sans nul doute parce qu’il est peut-être celui qui, dans l’Ancien Testament, exprime le mieux les effets bénéfiques et libérateurs extraordinaires qu’aura pour le genre humain le seul fait de la présence physique du Messie en son sein. Se faisant, Jésus prenait, humainement vu, un risque incroyable. Plus, en effet, la barre des prétentions d’un homme est élevée, plus il élève en même temps pour lui la possibilité du désaveu et de la honte. Jésus le voulut cependant ici. C’est non à petits pas, par petites touches successives, qu’il entre publiquement dans Sa vocation, mais, pourrait-on dire, sans prudence et de plein pied. Il est le Messie annoncé par les prophètes, Il le dit et Il va le démontrer !

Sur la base du passage choisi, Jésus affirme à Nazareth plusieurs choses au sujet de sa vocation :

1. Il identifie clairement le Saint-Esprit, l’Esprit de Dieu, comme étant la source de Son autorité et de Ses actes présents et futurs.

2. Il cible clairement qui sont ceux qui seront les bénéficiaires de Son action : les pauvres, les captifs, les aveugles, les opprimés. Tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, sont les êtres les plus marqués par le règne du péché sur le monde. Les miséreux sont dans le cœur de Jésus la scène sur laquelle peut le mieux se déployer les ressources infinies de la grâce, dont Dieu l’a chargé, comme une bonne nouvelle, d’être le porteur pour tous.

3. Avec Sa venue, comme déjà dit, s’inaugure pour le monde l’année de la faveur de Dieu : une ère de la patience et de l’indulgence de Dieu d’une durée sans commune mesure avec le temps de la colère qui lui succédera.

Le temps de cette année, même s’il s’achève, est toujours le nôtre. Jusqu’à sa dernière minute, tout homme qui, dans sa servitude, crie à Lui, peut immédiatement faire l’expérience de Son secours et de Sa délivrance. Puisse en ce jour beaucoup en faire encore l’expérience !

Deux sentiments successifs habitèrent, semble-t-il, les auditeurs de Jésus présents, en ce jour de sabbat, dans la synagogue de Nazareth. A l’écoute de son message, ce fut d’abord l’étonnement, voire l’admiration. Qu’était-il donc arrivé au fils de Joseph, se demandait-on, pour que de telles paroles, si pleines des rayons de l’amour de Dieu, sortent de sa bouche ? Tant que la réflexion s’arrêtait là, les opinions des auditeurs de Jésus à Son égard lui restaient favorables. Tout changea cependant au moment où Jésus quitta le commentaire du texte pour appliquer son contenu à Sa personne. Immédiatement, la foule passa de l’admiration à l’hostilité, une hostilité telle que, dit Luc en fin de récit, Jésus faillit y laisser sa vie.

Si un tel revirement de situation peut nous surprendre, il ne surprit pas le Seigneur. Citant des antécédents bibliques, Jésus identifiera le rejet dont il fit l’objet de la part de Ses concitoyens à l’incrédulité récurrente dont nombre de Ses prédécesseurs prophètes ont été l’objet. Cette versatilité des sentiments de la foule à l’égard de la Parole de Dieu est un élément que tout prédicateur fidèle ferait bien de prendre en compte. Un prédicateur peut être tout à la fois admiré pour la façon avec laquelle il s’exprime et haï pour le message qu’il délivre. Notons que, tant que nous ne passons pas aux applications concrètes, il y a de fortes chances que le sentiment de la foule à notre égard soit le premier que Jésus connut. L’hostilité se lève lorsque le message a fait mouche et que les auditeurs saisissent l’implication concrète qu’il a pour eux.

Que Dieu nous donne cependant, à l’image de Jésus, de ne pas adapter notre message aux réactions prévisibles de notre auditoire, mais d’être fidèle à la mission reçue de Celui qui nous envoie dans ce monde pour être Ses porte-parole.


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