mardi 29 décembre 2009

Chapitre 6, versets 1 à 5


Première polémique sur le sabbat


Décidément, il apparaît que le comportement « libéré » des disciples ne cesse de poser problème. La polémique sur leurs fréquentations à peine close qu’une autre se lève : pourquoi donc les disciples de Jésus se permettent-ils de faire ce qu’il n’est pas permis le jour du sabbat ? Dans la même ligne que la question posée sur le jeûne, nous sommes de nouveau ici confrontés, dans la dispute nouvelle qui se lève, à un cas d’appréciation de ce qui est juste ou pas, un cas de conscience. Pour les adversaires de Jésus, c’est ce que dit la loi de Dieu donnée à Moïse qui décide pour chacun de ce qui est bien et mal. Certes ! Mais est-ce là ici le vrai problème ? Jésus va y répondre, en mettant en valeur 3 aspects non pris en compte par ses adversaires dans la question qui les oppose.

1er aspect : Oui ! La loi est la règle absolue du bien et du mal. Mais il y a la loi et la façon avec laquelle les hommes l’interprètent. Jésus relèvera à plusieurs reprises la contradiction flagrante dont feront preuve les pharisiens à ce sujet. S’il n’y avait pas en Israël plus pointilleux qu’eux lorsqu’il s’agissait de mettre en pratique les ordonnances secondaires, les pharisiens ne se gênaient pour transgresser allégrement les principales : Matthieu 23,23-24. Le fait d’apparaître plus royaliste que le roi sur des points de détails ne nous justifie pas pour nos lacunes sur ce qui est l’essentiel de la loi de Dieu.

Il se peut que, sur un point de polémique particulier dans ce qui pourrait nous opposer à des frères dans la foi, nous ayons raison. Nous avons cependant tort aux yeux de Dieu et du Christ si nous nous servons de ces points là pour mettre en avant notre justice ou notre supériorité sur eux.

Pour le moins, dans la question qui occupe ici Jésus et les Siens, il est certain que celle-ci relevait davantage d’une question d’interprétation que de lecture, même littérale, du texte. Ce que la loi prescrivait formellement était le travail le jour du sabbat. Or, le travail inclut l’effort fourni en vue d’un gain. Mettre le geste des disciples au même rang que le travail était une exagération flagrante dans l’interprétation du texte. Jésus reviendra d’ailleurs sur ce point dans le passage suivant.

2ème aspect : Jésus cite l’Ecriture et prend pour appui, dans la défense qu’Il apporte à Ses disciples contre leurs accusateurs, l’exemple d’une figure reconnue par ceux-ci comme un modèle : le roi David. Or, il n’y a aucune comparaison entre la liberté dont a usé David dans l’exemple cité et celle dont ont fait preuve les disciples. David, au moment où il prend des pains consacrés à Dieu pour se nourrir, est en fuite. C’est, de plus, par l’effet d’un mensonge qu’il trompe le sacrificateur qui les lui donne, mensonge qui coûtera la vie à 85 prêtres de Dieu : 1 Sam 21,2 à 5 ; 22,18. Dieu, dans la circonstance, n’a pas condamné David pour avoir mangé les pains consacrés. Il ne condamne pas non plus les disciples de Jésus dont le geste répond à une simple nécessité physique.

Il y a toujours danger pour nous d’enfermer les autres dans les limites étroites de certaines règles et de juger leurs actes sans nous enquérir de leurs motivations. S’il y a des choses qui, clairement, ne peuvent et ne doivent pas se faire parmi les disciples du Christ, il y en a d’autres où nous devons apprendre à examiner et interroger avant de juger. Si le combat pour la justice nous demande d’être ferme et rigoureux, celui mené pour l’amour nous invite à considérer les personnes avant les actes qu’elles commettent, actes pour lesquels il y a toujours risque de mauvaise interprétation.

3ème aspect : c’est celui que Jésus donne en conclusion de sa réponse. Dans le cas des disciples, la règle qui prévaut est, non ce que dicte la loi, mais ce qu’approuve ou non le Maître de cette loi. Or, Lui, Jésus, est le maître du sabbat. Il se peut qu’il ne soit pas toujours facile, à nous disciples de Christ, de savoir ce qui est bien et mal de faire dans ce monde. Nous pouvons tenir pour règle que tout ce que, dans notre communion avec Lui, nous ne Le voyons pas désapprouver, est approuvé. C’est notre relation avec Lui qui, au fil du temps, est appelée à régler et à ajuster notre comportement, non à de simples ordonnances, mais à Son caractère. Car le but de Dieu n’est pas seulement que nous accomplissions en tout temps ce qui est bien, mais que nous Lui ressemblions !

Que Dieu nous pardonne pour toutes les fois où, comme ici les pharisiens, nous nous faisons le devoir d’ôter la paille dans l’œil de notre frère alors qu’une poutre se trouve encore dans le nôtre : Luc 6,41-42.

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