L’accueil du père :
Bien que ce soit le fils prodigue qui, dans sa détresse, ait décidé, sous l’impulsion d’une tristesse selon Dieu : 2 Cor 7,10, de revenir vers le père, c’est lui, le père, qui, le premier, verra de loin revenir le fils. De tous les êtres qui existent, Dieu est, sans nul doute, celui qui a la meilleure vue. Dieu, d’ailleurs, contrairement à nous, voit bien au-delà des réalités physiques. Il voit, Il lit dans les cœurs, réalité qui, en son temps, suffira à convaincre un Nathanaël de la messianité du Christ : Jean 1,48. Avant même que le fils soit proche de lui pour lui dire ce qu’il avait préparé, le père, de loin, l’a vu arriver. Certes, les paroles du fils seront nécessaires, surtout pour lui. Mais, le père n’apprendra rien. La simple vue du fils suffira pour lui narrer sans mot toute l’histoire et le vécu du fils : les habits sales, la tristesse, l’air défait, la honte sur le visage, mais aussi le courage, l’espoir qui sont à l’origine du retour…
N’y tenant plus, le père, dit Jésus, court, se précipite vers le fils pour se jeter à son cou et l’embrasser. Il sert contre lui ce fils ingrat, marqué de la tête aux pieds par les traces de son péché, méconnaissable dans l’apparence, mais que, par ses gestes, il dit reconnaître comme son fils. Tel est le Père, montre Jésus, pour nous fils rebelles, un Père si habité par l’esprit de la grâce qu’aucune faute, qu’aucun éloignement, si longs, si profonds furent-ils, ne L’empêche, au moment de notre retour, de nous accueillir avec les plus grands transports d’amour et de tendresse. Si, jusqu’à présent le fils n’avait pas connu le père, ici, enfin, il le découvre. Et la découverte va le conduire de surprise en surprise.
Après les effusions, le temps nécessaire aux paroles est venu. Si le fils est accueilli avec tant d’amour par le père, la guérison, la réconciliation entre eux ne peut se passer de la confession. Si, comme déjà dit, elle est secondaire pour le père, elle est primordiale pour le fils, pour sa guérison et sa libération. Le père écoute donc ce que le fils a à lui dire, ce qu’il a préparé. Le fils n’aura pas le temps de tout dire. S’il peut entendre les deux premières propositions de sa confession, nulle question pour lui d’écouter la dernière. Le fils revient et c’est en tant que fils qu’il sera accueilli. Nulle question, à cause de ses fautes, de rabaisser son statut à celui d’employé comme il le souhaitait. Ce n’est pas à lui d’expier, même un tant soit peu pour ses fautes ; Quelqu’un d’autre l’a fait pour lui, pour nous : Jésus-Christ : 1 Jean 2,2.
Le père va même plus loin. Le fils revenu, il faut marquer ce jour d’une pierre blanche. Ce jour ne peut être commun, comme les autres : c’est un jour de fête. Le père donne donc ses directives à ses serviteurs :
1. il faut rhabiller le fils : sa tenue actuelle ne convient pas à son nouvel état. Le fils est revenu et il doit porter l’habit du fils, non celui d’un mendiant. Ordre est donné d’aller chercher la plus belle robe pour le revêtir, pour nous la robe de la justice de Christ : Gal 3,27 ; cf Zach 3,1 à 5.
2. Il faut signifier de manière visible la réintégration du fils. Une bague est mise à son doigt. Les Ecritures rattachent souvent l’anneau donné à l’honneur public : Gen 41,42 ; Esther 3,10 ; 8,2. La gloire et la dignité du fils égaré sont ici rétablies.
3. Il ne faut plus que le fils marche pieds nus comme un esclave. Ordre est donné de le chausser de sandales, car les fils seuls, dans la maison du père, en portaient. Le don des sandales au fils indique pour nous que, désormais, nous n’avons plus à marcher dans ce monde comme le reste des hommes, mais comme des fils de Dieu : cf 1 Cor 3,1 à 4
4. Il faut fêter avec toute la maison l’événement. Ordre est donc donné de tuer le veau gras, celui qui est mis à part pour les jours de réjouissances, pour faire la fête et célébrer ainsi du retour à la maison du fils perdu. Il y a plus de joie au ciel, a dit Jésus, pour un seul pécheur qui se repent que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de repentance : Luc 15,7
Et pour nous, qu’en est-il ? Sommes-nous, avec le Père, capables de nous réjouir du retour d’un fils perdu ou, comme le frère aîné, froissé et blessé de ne pas être au centre de l’attention ?
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