La décision du retour vers le père : v 17 à 19
C’est alors qu’il est au plus bas et au plus mal que, revenant en quelque sorte à lui et à la raison, le fils prodigue rentre en lui-même pour faire le point de sa situation et tirer les conclusions qui s’imposent au sujet du choix de la liberté qu’il a fait. Qu’a-t-il gagné pour lui-même dans ce choix ? Il suffit pour le fils prodigue d’ouvrir les yeux pour se rendre à l’évidence : affamé, sans le sou, abandonné de ses amis, entouré de cochons puants, non seulement il n’a rien gagné, mais il a tout perdu : argent, dignité, estime de soi…
Où commence pour un pécheur la voie qui mène au salut ? Toujours au même point de départ : ce moment où, cessant de porter les regards sur les mirages de la liberté sans Dieu, nous rentrons en nous-mêmes et, avec courage et honnêteté, faisons le compte des gains réels que celle-ci nous a procuré. Encore et toujours, nous ferons le même constat : suivre le chemin de notre propre liberté ne peut mener qu’à la dégradation morale de notre être et à notre appauvrissement dans tous les domaines. Parvenu à ce point, un mot, revenant à trois fois dans le court dialogue intérieur qu’à le fils prodigue avec lui-même, s’impose soudainement à lui, dans sa situation, comme la source unique d’espoir : le mot père :
- en pensant à lui, il se souvient du sort bien plus enviable que le sien des employés qui le servent. Or, qui sont les employés : des subalternes, des hommes qui n’ont pas de liberté propre. Leur condition se réduit au fait d’être disponible pour exécuter en temps et en heure les ordres du maître de maison. Pourtant, le fils doit l’admettre : à cause de la générosité et de la justice dont fait preuve le père à leur égard, leur condition est meilleure que la sienne, lui, le fils égaré qui a voulu sa liberté.
- en pensant à lui, le fils y voit pour lui la seule issue possible, l’unique solution pour un avenir de toutes façons meilleur que son présent : j’irai chez mon père, décide-t-il ! Si, au moment du départ, le vécu passé avec le père, l’éducation reçue n’a pas fait le poids pour empêcher le fils de partir, c’est ici, au moment du retour, qu’elle montre à la fois toute sa force et sa valeur. Croyons que ce n’est pas pour rien, en tant que parent, que nous faisons ce que nous faisons pour nos enfants. Si, à un moment de leurs vies, ils semblent le rejeter pour « vivre leur vie et faire leurs propres expériences », viendra aussi le moment où ils se souviendront de ce qui, à la maison, leur a été donné et ce qu’ils ont reçu. Comme le fils prodigue, il nous faut malheureusement souvent passer par bien des chemins d’égarement pour devenir les être lucides sur nous-mêmes, les autres et la vie que Dieu veut que nous soyons.
- En pensant au père, le fils prépare une confession en trois points :
1er point : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Juste confession ! J’ai péché : j’ai fait ce qui n’était pas juste, bien, droit, convenable. Je suis passé à côté du but, à côté de la vraie vie. Je suis le seul responsable de ma situation. J’ai péché non seulement contre toi, mais aussi contre le ciel. le péché commis contre son prochain est toujours, d’abord, un péché commis contre le ciel : Ps 51,5-6.
2ème point : Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Le fils a raison : le péché nous fait toujours descendre gravement dans l’échelle de la dignité. Par le péché, non seulement nous ne nous comportons plus comme des fils de Dieu, mais pas même comme des hommes : nous ne valons pas mieux que les cochons qui composaient la seule et dernière compagnie du fils perdu. Alors que nous sommes appelés à refléter l’image de Dieu, le péché, montre l’Ecriture, nous rend plus proche de l’animal que de Lui : 1 Cor 2,14 : l’homme naturel = l’homme animal ; 2 Pier 2,12.
3ème point : traite-moi comme l’un de tes employés. Tout en espérant être accueilli par le père, le fils n’espère plus occuper dans la maison le rang passé qui était le sien. Etre simplement au niveau des employés sera pour lui déjà une grâce bien suffisante. Comment pourrait-il oser demander plus ? La demande du fils au père, suite à son retour d’une vie de péché, est, pourrait-on dire, typiquement humaine. Rongés que nous sommes par la culpabilité et la réalité de notre état lamentable, nul d’entre nous ne pense véritablement être rétabli. Tous, nous pensons quelque part qu’il est juste que nous payons une partie de la conséquence de nos actes, par la fait que Dieu se tienne à distance de nous. Rien désormais, pensons-nous, ne pourra plus être avec Dieu comme avant.
Mais le fils réfléchit-il bien à ce qu’il demande ici ? Comment le père pourrait-il chaque jour voir le visage de son fils parmi ses employés sans que ses entrailles ne s’émeuvent jusqu’au plus profond de lui-même ? Comment pourrait-il indéfiniment retenir les puissants mouvements d’affection qui, à sa vue, jailliront spontanément de son cœur. Dieu n’est pas John Wayne. Des trois propositions préparées par le fils, deux seulement seront reçues par le père. Il n’est pas difficile de deviner laquelle ne le sera pas !
Ayant décidé, le fils passa aux actes. Il quitta le lieu où il était et le maître qu’il servait pour entreprendre la longue route qui le ramenait sur ses pas. Se repentir dans son cœur est une bonne chose. Mais la vraie repentance est toujours celle qui se traduit par des actes concrets : Luc 3,10 à 14. Que Dieu nous donne le courage de traduire immédiatement en actes ce que, dans notre conscience le Saint-Esprit nous montre comme chemin à emprunter pour revenir au Père !
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