Retour brutal à la réalité : v 14 à 16
Le retour brutal à la réalité se manifesta, pour le fils prodigue, par la conjonction de deux faits, certes indépendants l’un de l’autre, mais agencés de telle manière qu’on les dirait voulus pour produire dans son cœur l’effet à l’origine de la suite de l’histoire. Le 1er fait est, qu’après la période de bombance, le fils prodigue doit soudainement faire face à l’indigence. Il doit apprendre la dure leçon que la période des plaisirs et des richesses ne dure qu’un temps, temps qui, tôt ou tard, sera suivi d’un face à face inévitable avec soi-même et sa pauvreté. C’est ce que nous sommes, non pas avec nos biens, mais sans eux, qui forment notre véritable richesse. Le second fait est que, conjointement à l’épuisement de ses ressources personnelles, c’est le pays tout entier dans lequel il se trouve qui est plongé dans la disette. Dans les temps d’abondance, celui qui devient pauvre peut toujours espérer se refaire vite une santé. Toute autre est la situation de celui qui, devenu pauvre, doit, dans le pays où il habite, faire face en plus à une période de crise générale.
La situation dans laquelle se trouve le fils prodigue porte en elle-même pour nous un enseignement et une question :
- le 1er est que Dieu, dans Sa souveraineté et Sa grande bonté, est capable de créer les événements obligeant le pécheur à faire face aux conséquences de son péché. Pour celui qui pèche vient inévitablement le moment où il doit sortir de l’illusion dans laquelle le péché l’a conduit pour faire face à la réalité de ce qu’il a effectivement perdu et détruit par sa pratique. Tous, en effet, que nous le voulions ou non, nous sommes soumis à la loi qui dit que ce que nous semons dans notre vie, nous le récolterons. En appui à l’effet de ce principe spirituel interne à la vie du pécheur, Dieu, souvent, agit, pour le faire revenir à lui, par une pression externe : les circonstances qui, jusque là, lui étaient favorables, ne le sont plus. Le vent tourne et le fils doit soudainement faire face à des problèmes qui le dépassent
- la question que soulève l’histoire du fils prodigue touche à notre présent et notre propre actualité. Alors que, partout, les anciennes nations dites chrétiennes passent, suite à l’abandon de ce qui a fait leur foi passée, par une crise économique sans précédent, la question se pose. La récolte en interne de ce que nous avons semé, ajoutée à la crise externe que nous traversons, n’est elle pas le moyen que Dieu utilise pour, comme le fera le fils prodigue plus tard, rentrer en nous-mêmes et nous interroger sur les sources et les causes de l’état de pauvreté et de délabrement de nos sociétés ? Puisse-t-il, par la grâce de Dieu, en être ainsi !
Privé de ressources, le fils, à l’opposé de sa volonté, dut se résoudre à prendre l’emploi le plus humiliant qu’on lui proposa : gardien de cochons. Mieux que par de grandes explications, son parcours illustre pour nous où aboutit, pour celui qui a connu le Père, le chemin choisi de la rupture, de l’autonomie et de la soi-disant liberté revendiquée. Non seulement le fils est méconnaissable dans l’emploi qu’il occupe, mais tout espoir pour un avenir meilleur lui est ôté. A ce stade, il ne lui reste, pourrait-on dire, que deux solutions : soit le suicide, soit la voie qu’il va emprunter. Ce choix ne sera pas le fait du hasard. Il repose sur de puissants leviers cachés dans le cœur, source d’espoir pour nous en songeant à tous ceux qui, comme le fils prodigue, ont un jour choisi de quitter la maison du père pour suivre le chemin de leur propre liberté.
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