La parabole du grand repas
Alors que Jésus était à table chez le pharisien qui L’avait invité, la discussion porta, au travers d’une parole dite par un invité, sur le repas qui, rassemblant tous les heureux élus, aurait lieu un jour dans le royaume de Dieu. Le sujet lancé, Jésus tint à le clarifier. Si les élus présents dans le royaume peuvent, en effet, s’estimer heureux, Jésus ne veut pas que Son auditoire pense que ce bonheur dont ils jouissent est dû à l’arbitraire. Aussi va-t-Il préciser Sa pensée en l’illustrant, comme Il le fait si souvent, par une parabole : la parabole des invités aux repas.
Dans cette parabole, la première chose que l’on constate est que le principe de l’élection existe bien. Il y a, de fait, des invités, qui, dès le début, sont choisis, et qui sont conscients d’être l’objet de ce privilège. Nul n’est besoin de forcer l’interprétation des paroles de Jésus pour comprendre que c’est d’Israël et du peuple juif dont Jésus parle ici. Le problème que Jésus pose ici ne tient pas tant au fait que l’élection existe, mais que, sujets de l’élection, il se trouve que les invités de Dieu choisissent finalement de ne pas donner suite, pour des prétextes futiles, à l’honneur qui leur est fait. Jésus énonce ici un principe à propos duquel, dans les siècles futurs, beaucoup d’encre coulera. Ce principe est celui de la parfaite cohabitation entre l’élection, qui est du ressort de Dieu, et qui se concrétise par l’appel, et celui de la liberté personnelle, qui est du total ressort de l’homme. Oui, l’élection existe ! Mais, montre Jésus, elle n’est pas contraignante, obligeante au point qu’elle ne laisse aucun choix, aucune part d’assentiment à celui qui en est l’objet. Preuve en est, dit Jésus, que tous ceux qui, les premiers, ont été invités et se seront dédits, ne participeront pas en fin de compte au repas.
La réponse négative des premiers invités reçue, l’hôte n’en reste pas là. Puisque ceux à qui étaient réservés l’honneur de participer au repas n’en ont pas voulu, ce sera d’autres, sans doute moins nobles, qui en jouiront. Le maître envoie donc ses serviteurs dans les rues pour appeler tous ceux, nécessiteux, malheureux, malades, pauvres, handicapés, qu’ils croiseront pour leur faire part de la formidable opportunité qui se présente à eux. Même là, il se trouve que le retour missionnaire des serviteurs envoyés ne produise pas le résultat escompté. Il y a, certes, des gens qui ont répondu positivement à l’appel, mais il y a encore de la place. Le maître envoie donc à nouveau ses serviteurs en leur demandant de faire preuve de davantage de persuasion. Il faut vaincre les réticences qui n’ont aucune raison d’être et ne peuvent être que le résultat, dans les têtes, de mensonges, malentendus, mauvaise compréhension. Car qui, étant un tant soit peu sensé, intelligent, peux refuser une telle offre ?
La parabole de Jésus met en lumière toute la difficulté et le mystère qui se cachent derrière le refus aberrant des hommes de répondre positivement à l’offre si généreuse qui leur est faite de la part de Dieu d’entrer gratuitement, sans qu’ils n’aient rien à prouver ou à payer, dans le cercle des heureux élus appelés à partager Sa communion et Son amitié. Trois remarques ressortent, à ce sujet, de l’examen de la parabole de Jésus :
1. Notons, en premier lieu, que c’est, non d’abord au repas lui-même que les invités disent non en se dédisant, mais à l’hôte, ce qui, dans la culture orientale, ne peut être reçu que comme un affront ou une preuve flagrante de mépris.
2. Remarquons ensuite le poids qu’ont les excuses par lesquelles les invités justifient leur choix. Elles ne sont que paravent qui ne trompe pas l’hôte sur les véritables motivations des cœurs. Même vraies, aucune d’entre elles n’est un obstacle légitime. Elles ne font qu’indiquer la valeur que revêt l’invitation de l’hôte pour eux, ce qui aggrave encore, à ses yeux, leur cas.
3. Notons enfin que, si une grande part de la responsabilité, en ce qui concerne le refus, est sur les invités eux-mêmes, les serviteurs envoyés sont invités à faire l’effort de « contraindre », d’user de tous les moyens de persuasion possibles pour vaincre les réticences et résistances qui sont à l’origine de ce refus. C’est là que se situe pour nous cet art de l’apologie dans ce rôle si beau d’évangéliste pour lequel Dieu nous envoie dans le monde.
Que Dieu nous donne, dans Sa grâce, d’être, par nos vies et notre façon de dire l’Evangile, un facteur déterminant dans ce qui fait que notre message emporte l’adhésion de ceux qui croient.
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