mardi 11 mai 2010

Chapitre 11, versets 42 à 44


Quel malheur pour vous, pharisiens

Constatant le caractère déplacé des accents mis dans la piété des pharisiens, Jésus poursuivit la réponse qu’il donna à son hôte en se mettant ouvertement à les plaindre. Si, pour certains, les invectives prononcées ici par Jésus expriment la colère, il est possible et préférable d’y lire aussi la tristesse et la désolation ressenties par le Seigneur à la vue de l’excentricité de la piété des pharisiens qui faisait l’impasse sur l’essentiel. Alors que le passages parallèle en Matthieu : Mat 23,4 à 36 fait état de beaucoup plus de malheurs prononcés par Jésus à leur encontre, Luc relève ici trois raisons pour lesquelles Jésus plaint les pharisiens pour leur piété.

1er malheur : le scrupule dont font preuve les pharisiens pour s’acquitter de leur devoir dans les choses périphériques de la piété alors qu’ils négligent complètement ce qui, pour Dieu, en est le cœur : la justice et l’amour.

Rappelons-nous avec eux que si ce que nous faisons dans la foi n’est pas sans valeur, cela ne saurait combler ce qui manque au niveau de notre être devant Dieu. Jamais, en quoi que ce soit, le faire ne peut aux yeux de Dieu remplacer l’être ou pallier à ses déficiences. Si Jésus ne méprise pas le faire, Il souligne ici avec force qu’il n’a de valeur que s’il exprime la réalité de l’être, et non, comme le faisaient les pharisiens, s’il est le moyen utilisé pour apaiser sa conscience face à ses propres manquements. Si le but de la mort de Jésus est d’ôter le péché du monde, l’auteur de l’épître aux hébreux nous rappelle qu’il a aussi une autre vertu : celle de purifier notre conscience des œuvres mortes : Hébr 9,14, toutes les œuvres faites dans le but d’une recherche de justice pour soi-même.

2ème malheur : la recherche maladive de la gloire et de la reconnaissance par autrui de ce qu’ils sont. Jésus le dira ailleurs : il est impossible de chercher à la fois sa propre gloire et celle de Dieu : Jean 5,44. Sur ce plan, combien était à plaindre les pharisiens qui, sans s’en rendre compte, par leur obsession d’être ici et maintenant les premiers, se fermaient la porte de la gloire future., les premiers ici-bas étant les derniers dans l’au-delà : Mat 19,30.

3ème malheur : le mensonge et la tromperie qu’ils sont pour les autres. Considérés comme l’élite religieuse, il n’était pas soupçonnable de la part du peuple de trouver en eux tant de pourriture et de corruption. Pourtant Jésus l’affirme : le monde des pharisiens n’est, sur le plan de la conduite et de la morale, pas mieux que celui qui lui est extérieur. La seule différence est que, si dans le monde extérieur, le mal paraît au grand jour, dans celui des pharisiens il est caché, enterré comme peut l’être un cadavre en décomposition sous une belle stèle dans un cimetière.

Prenons ainsi garde, à ce sujet, de ne pas leur ressembler. La meilleure façon d’y remédier est, comme le dit la Bible, d’avoir des moments où nous pouvons confesser nos péchés, partager ce qui fait nos combats et nos luttes les uns avec les autres. Plus nous reconnaissons notre identité de pécheurs les uns face aux autres, moins nous serons tentés de jouer au juste.

Que Dieu nous garde d’une séparation mensongère entre ce que nous sommes et ce que nous montrons !

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