lundi 10 mai 2010

Chapitre 11, versets 37 à 41


Jésus choque

Invité par un pharisien à un repas, Jésus choqua son hôte par le fait qu’il ne se soumit pas aux rites de purification auxquels celui-ci et ses pairs ne manquaient jamais avant de manger. Tout ce que faisait Jésus ayant un but, soyons persuadés que cette abstention du Seigneur n’était pas fortuite, mais volontaire. Jésus n’avait pour objectif ni de choquer, ni de provoquer. Quoiqu’invité, il montra une fois de plus aux pharisiens qu’il était un homme libre, ce dont eux-mêmes témoigneront plus tard en l’abordant pour le piéger : Mat 22,16.

Alors que nous voulons gagner les autres par l’Evangile, posons-nous, au regard du comportement de Jésus ici, la question : restons-nous dans notre manière d’être des hommes libres ? Notre préoccupation de gagner les autres à Dieu est-elle conditionnée par notre désir de Lui être d’abord fidèle par-dessus tout ? A qui d’ailleurs cherchons-nous à gagner ceux qui, comme ici, cherchent à construire avec nous une relation d’amitié ou vice-versa ? Est-ce d’abord avec nous ? Le danger est grand alors, si c’est le cas, de « mettre de l’eau dans notre vin », c’est-à-dire d’accepter, sous prétexte de ne pas inutilement choquer, de faire certains compromis avec ce que nous savons être la ligne de conduite que Dieu nous appelle à suivre ! Ou est-ce à Dieu ? Dans ce cas, nous n’hésiterons pas à rester nous-mêmes, cette fidélité devenant un test immédiat et direct révélant les dispositions qui animent le cœur de notre vis-à-vis.

Dès le départ, il s’avère que la rencontre entre Jésus et le pharisien qui l’invita tourna au vinaigre. Il paraît difficile qu’il en soit autrement, tout dans le comportement des pharisiens étant codifié par des lois qu’ils s’étaient eux-mêmes imposé : Marc 7,1-4. La rapidité avec laquelle Jésus devient ici un objet de scandale souligne la difficulté à laquelle doit faire face tout chrétien désireux d’être un témoin dans une société fortement teintée de religiosité. Si Jésus peut être d’une certaine façon laïc avec les laïcs, il ne sera pas religieux avec les religieux. Si, invité par un Matthieu, Jésus ne se soumettra à des rites de purification avant de passer à table : Luc 5,29-30, Il n’était pas question pour Lui d’avoir une attitude et un comportement différents chez un pharisien. Jésus refusera ainsi d’avoir cette attitude double qu’aura plus tard un Pierre, attitude qui scandalisera à tel point Paul qu’il ne pourra s’empêcher de le reprendre : Gal 2,11 à 14.

La dissension rapide qui se créa entre le pharisien et Jésus fut une occasion directe pour Lui de témoigner de ce qui, à Ses yeux et à ceux de Son Père, était l’important dans la spiritualité : non ce qui se passait au-dehors et qui était connu et vu des hommes, mais ce qui était au-dedans et que Dieu attendait voir se traduire, non par des rites, mais par des actes de compassion envers autrui.. Au travers du pharisien, Jésus nous met tous ici en garde contre l’une des maladies les plus dangereuses pouvant atteindre tous ceux qui prétendent vouloir vivre saintement devant Dieu. Cette maladie est l’hypocrisie : Luc 12,1, attitude qui consiste dans l’expression de la piété à mettre un accent surévalué sur la forme, l’apparence, au détriment ou sans lien aucun avec ce qui, aux yeux de Dieu, en constitue l’essence : l’amour. Par les propos sévères qu’Il tient au pharisien, Jésus nous rappelle que la notion de justice chez Dieu n’a souvent rien à voir avec celle des hommes. Dieu le rappelle en d’autre temps à Samuel : Il ne regarde pas, pour évaluer la qualité d’un homme à l’apparence, mais au cœur : 1 Sam 16,7.

Notons que la prise de position de Jésus, homme libre tenant à le rester, fut l’occasion qui lui fut donnée pour transmettre au pharisien la parole qu’il avait besoin d’entendre. Lorsque notre volonté de gagner les autres se traduit par le compromis, elle nous ôte la possibilité d’utiliser la parole comme l’épée à deux tranchants qu’elle doit être : Héb 4,12.

Que Dieu, en Christ, nous donne, en toutes circonstance et tout milieu, le courage d’être vrai !

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