mardi 10 août 2010

Chapitre 17, versets 11 à 19

Guérison de dix lépreux :

C’est une constante chez Jésus d’ordonner aux lépreux qui font appel à Lui et à Sa compassion de se rendre chez le prêtre, soit pour rendre témoignage de leurs guérisons : Mat 8,4, soit pour la connaître comme ici en cours de route. Le souci de Jésus, au travers de cette démarche imposée, est d’ordre didactique. S’Il guérit de Sa propre autorité ceux qui viennent vers Lui, Jésus tient à témoigner à ceux de Sa nation du fait que Son action s’inscrit, non en marge, mais bien dans le cadre et le respect de la loi. Or la loi exige que ce soit le prêtre qui, en vue de la réintégration des malades dans la communauté, atteste de la guérison du lépreux : Lév 14,1 à 22. L’exigence de Jésus ordonnant aux lépreux de se plier à cette règle protocolaire donnée par Dieu poursuit ainsi un triple but :

- elle est un témoignage du fait que Jésus est un vrai Juif respectueux de la loi

- elle est une exigence de sagesse destinée à ouvrir le chemin d’un avenir communautaire aux lépreux jusqu’alors bannis de la société

- elle est, surtout, un témoignage puissant donné aux prêtres de Sa messianité. Car qui, mis à part Dieu, a le pouvoir de guérir radicalement et instantanément un lépreux de sa lèpre ?

Si l’ordre donné aux lépreux poursuit ces objectifs, ce qui causera l’étonnement de Jésus est ce qui se produira par la suite. Car le miracle attendu, espéré par les dix lépreux, s’opérera. Avant même qu’ils aient trouvé le prêtre, les dix, sur le chemin, soudain, se verront guéris. Unis dans la douleur et dans leur démarche de foi envers Jésus, les lépreux, comme cela se produit souvent, se diviseront, une fois le gain espéré obtenu, dans leurs réactions. Sur les dix, ce ne sera pas la moitié, ni un tiers, mais un seul d’entre eux, un Samaritain, le seul non juif de la troupe, qui aura le réflexe légitime, sensé, de revenir sur ses pas pour témoigner de sa reconnaissance profonde à son bienfaiteur.


La réaction du lépreux samaritain, saluée et approuvée par Jésus, est riche de sens. Elle témoigne du fait que, si la soumission à la loi est toujours la norme requise par Christ pour notre comportement, le fait d’être l’objet de la grâce engendre des conduites qui dépassent en qualité, puis en expérience, ce que la simple conformité à la loi suscite. Révélation fulgurante de l’immense amour de Dieu pour nous, la grâce confère à celui qui en est l’objet la liberté d’un anticonformisme mélangé à un puissant désir de dévotion que seule, en retour de la grâce reçue, l’adoration peut susciter. A la vue du seul samaritain revenu vers Lui pour la Lui exprimer, Jésus pose les bonnes questions. La loi a-t-elle donc tellement enfermé les Juifs dans ses règles qu’elle en a rendu prisonnier leur cœur ? N’y aura-t-il donc que des pécheurs ou des étrangers pour apprécier à Sa juste valeur le don de la grâce de Dieu ? Vingt siècles après la question reste posée, tant il s’avère difficile de toucher ceux qui croient en la valeur de leur obéissance à la loi, par le message pourtant si bouleversant de la grâce de Dieu ! Problème : le salut, comme seul le samaritain en fera l’expérience, ne dépend pas de l’obéissance à la loi, mais de l’accueil de la grâce de Dieu, et de son Donateur, dans sa vie !

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