3. la mort : suite et fin
Arrive pour Lazare comme pour le riche (la richesse n’est ici d’aucun secours) le moment inéluctable de la mort. Jusque dans la mort, l’inégalité qui a marqué la vie de Lazare et du riche continue. Il est à noter que c’est Lazare, sans doute usé et prématurément vieilli par la dureté de la vie, qui mourra le premier. On le sait tous : l’espérance de vie est toujours plus grande pour les habitants des pays riches que pour ceux des pays pauvres. Nul doute aussi que la cérémonie d’enterrement des deux hommes fut fort différente. Que n’a-t-on pas dit et que n’a-t-on pas fait pour le départ du riche : homme prospère, qui a réussi, qui a tant fait profiter de sa richesse à ses amis… En silence, dans l’indifférence la plus complète, le pauvre est parti. Il a quitté la société des hommes de la même manière qu’il a vécu au milieu d’elle : dans l’inexistence la plus totale. Vient alors la suite…
La porte du tombeau à peine fermée que déjà s’ouvre pour chacun celle de l’au-delà. Tout soudainement s’inverse. Le riche qui était dans le confort et l’aisance connaît le tourment et la souffrance. Le pauvre qui passa son temps ici bas à souffrir est maintenant consolé. Lazare étant comblé, Jésus donne la parole au riche. S’il y a quelqu’un de qui les vivants, pour acquérir bon sens, sagesse et intelligence, peuvent apprendre, c’est bien de celui qui, parti avant eux, a raté son passage dans l’au-delà. N’ayant que ce texte dans la Bible pour nous en parler de manière aussi explicite, il revêt pour nous qui sommes encore ici-bas, une importance accrue ! Ecoutons donc avec attention la parole du riche, message venant de l’au-delà servant d’avertissement à nous qui n’y sommes point encore !
a. 1ère surprise : le riche fait l’expérience que, bien que mort, il ne l’est pas. Il vit toujours. Il peut voir, sentir, parler. Il est conscient et en pleine possession de ses moyens. Il sait qui il est et se souvient avec exactitude de toute sa vie passée. Nul doute que cette surprise sera la première et la plus grande de tous ceux qui, athées, se réveilleront, après leur mort, aussi vivants, si ce n’est plus, qu’avant !
b. 1ère constatation : le riche et Lazare, comme il en fut du temps de leur vivant, ne sont pas dans le même lieu. Tandis que Lazare est dans le sein d’Abraham, vers lequel il a été porté par une cohorte d’anges, le riche est dans le séjour des morts, en attente de son jugement.
c. Seconde surprise : le riche voit Lazare dont il se rappelle. Alors que, sur terre, il n’avait fait de lui aucun cas, il lui porte soudainement une grande attention. Dans son malheur, il a la chance de connaître quelqu’un qui est dans le séjour des bienheureux. Peut-être peut-il faire quelque chose pour lui !
d. Seconde constatation : pour la première fois de sa vie, le riche se met à prier. Lui qui n’en a jamais fait preuve durant toute sa vie terrestre envers Lazare, il demande qu’on ait compassion de lui et que Lazare lui soit envoyé pour le soulager dans ses souffrances !
Si quelqu’un venait à douter de la réalité de la souffrance des perdus, le contenu de la demande du riche devrait suffire à elle seule pour le convaincre de la réalité de son acuité. Le riche demande que Lazare lui apporte ce qui, ici-bas, est pour nous la chose la plus vitale et la plus courante : de l’eau. Oui ! Jésus l’atteste ici sans ambiguïté : l’enfer avec ses flammes dévorantes, sa souffrance insupportable, ses remords et ses tourments existent bien ; et rien n’est prévu dans ce lieu pour qu’ils soient soulagés ! La leçon de l’histoire aboutit, dans le cadre du sujet de la richesse, à une terrible conclusion : mieux vaut, dit en quelque sorte Jésus, mendier du pain sur terre et finir au ciel que de mendier de l’eau en enfer après avoir été riche sur terre.
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