samedi 17 octobre 2009

Luc Chapitre 1 versets 13 à 17


Identité de l’enfant à naître


Voyant la peur saisir Zacharie à sa vue, l’ange qui, s’il était du malin, aurait pu jouer avec cela, ne laisse pas plus longtemps cette émotion dominer le vieil homme. Il s’empresse donc de lui parler pour, d’une part, le rassurer et de l’autre lui dire ce que le Seigneur lui a chargé de lui révéler. Entièrement centrée sur Jean, l’enfant que le Seigneur va donner à Zacharie et Elisabeth, l’annonce de l’ange dresse à grands traits les caractéristiques et les particularités de celui qui, selon le dessein de Dieu, est l’un des éléments préparatoires clés de la venue du Christ-Messie.


Caractéristiques et particularités de l’enfant à naître :


1) il sera l’objet de l’exaucement de la prière de Zacharie au sujet de la stérilité de sa femme. Comme nous l’avons vu ci-dessus, les desseins de Dieu ne passent par au-dessus de ceux qui en sont les instruments, mais par eux. C’est pourquoi l’œuvre de Dieu ne saurait être détachée des contingences et du cadre humain dans lesquels Dieu a choisi qu’elle se réalise. La naissance de Jean sera pour Zacharie un double sujet de joie : pour ce que Jean sera pour l’œuvre de Dieu, mais aussi pour ce qu’il sera aussi sur le plan tout à fait humain pour lui et sa femme.


2) Il s’appellera Jean, nom qui ne relève en rien du choix de ses parents mais imposé par Dieu. Cette imposition souligne le fait que, avant d’appartenir à ses parents, c’est à Dieu, qui l’aura préparé dès sa naissance, que l’enfant appartiendra. Le même choix imposé sera ordonné à Marie à propos de Jésus : Luc 1,31. Pour une réflexion plus approfondie sur ce phénomène, voir note Esaïe 8,1 à 4. Jean signifie « le Seigneur fait grâce ».


3) Il sera pour Zacharie et pour beaucoup un sujet de joie. Au-delà de la raison personnelle évoquée ci-dessus, la raison de la joie que provoquera la venue de Jean tient au message dont il sera le porteur. Car c’est comme le héraut précurseur du Messie lui-même que, sans ambiguïté, Jean se présentera devant le peuple. Pour autant, au premier abord et à contrario des dires de l’ange, le message de Jean sera loin d’avoir les accents immédiats de la joie. Car c’est la repentance, un changement radical de comportement et de pensée, en vue de Celui qui, plus grand que lui, viendra après lui, qui sera le message premier de Jean. L’objectif premier de Jean ne sera pas d’apporter la joie, mais, comme le dira aul plus tard, de susciter parmi le peuple une tristesse selon Dieu, tristesse seule capable de conduire à la joie du salut : 2 Cor 7,10 ; Luc 15,7. Nous qui, en notre temps, sommes si épris de la joie, sommes-nous aussi prêts à placer les gens, nos auditeurs, face aux chemins parfois douloureux mais nécessaires, qui y mènent ? Si Jean sera un sujet de joie, il ne le sera que pour ceux qui aspirent au salut et à un vrai retour à Dieu : pour les autres, Jean sera un sujet de tristesse.


4) Destiné à être un grand devant le Seigneur : cf Luc 7,28, Il sera dès sa naissance mis à part pour Dieu, une mise à part marquée de deux manières :


- il sera abstinent de toute boisson alcoolisée : une prescription qui fut aussi donnée à la mère de Samson en vue de sa naissance : Juges 13,4. Une exigence qui a sans doute trait au devoir de lucidité totale que doit avoir le serviteur consacré corps et âme à son Seigneur. L’interdiction de boisson alcoolisée pour Jean peut aussi signifier que le ministère que Dieu avait préparé pour lui ne devait en aucun cas être marqué par l’énergie ou l’excitation naturelles, mais par la puissance de Dieu seule. Le radicalisme exigé par Dieu au sujet de Jean est aussi une illustration du caractère radical du changement qu’exige le message que Jean prêche. Nous devrions tous être la première illustration de ce que nous prêchons !


- Il sera rempli d’Esprit-Saint depuis le ventre de sa mère, marque du sceau de son élection particulière. Pour autant, Jean ne sera pas un automate de Dieu. Comme ses contemporains, il devra, à un moment donné, passer lui aussi par le choix personnel de la foi pour adhérer à l’idée de voir en Jésus le Messie promis. Luc nous relate ce moment au cours duquel, rongé par le doute, il faudra une parole décisive de Jésus pour que sa foi reste ancrée en Lui : Luc 7,19-20.


5) La mission de Jean se résume en un mot cité deux fois par l’ange : ramener :


- ramener les Israélites, qui se sont éloignés de Dieu, à leur Seigneur. Le 1er volet de la mission qu’indique l’ange pour Jean est aussi le 1er volet de tout mouvement qui conduit à un réveil, c’est-à-dire à un retour du peuple vers Dieu. Y a-t-il mission plus grande et plus belle que celle-ci ?


- ramener le cœur des pères vers les enfants et les rebelles à l’intelligence des justes. Si la portée première du ministère de Jean sera verticale (vers Dieu) celui-ci ne manquera pas d’effets horizontaux. Car non seulement le péché crée une rupture et une distance avec Dieu, mais aussi entre les hommes, et particulièrement, entre les générations. La parole de l’ange peut être comprise de deux manières :


 soit elle dit que les pères, voyant leur fils se repentir sous l’effet de la prédication de Jean, se laisseront eux aussi toucher. C’est ainsi que le cœur des pères sera ramené vers les enfants.


 soit elle a un sens plus général, les pères signifiant les patriarches anciens et les fils la génération de Jean. Par sa prédication, Jean ramènera les enfants d’Israël à se comporter comme de vrais fils d’Abraham : cf Luc 3,8. C’est plutôt vers cette interprétation qu’il faudrait pencher.


Quoi qu’il en soit, la mission de Jean n’est pas d’abord tournée vers le passé (Abraham), mais vers l’avenir : la venue de Jésus. Le but de la prédication de Jean n’est pas seulement de ramener les israélites à la foi de leurs pères, mais de mettre le peuple dans des dispositions le rendant capable d’accueillir Celui qui vient : le Seigneur ! Toutes proportions gardées, on peut dire que, d’une certaine manière, c’est au ministère de Jean que Jésus devra aussi le succès de Son ministère.


6) Jean sera habité par l’esprit et la puissance d’Elie. Interrogé à ce sujet, il niera cependant être Elie : Jean 1,21. Jean accomplira cependant en partie la prophétie donnée à Malachie (la dernière de l’Ancien Testament) annonçant la venue, avant celle du Messie, d’Elie comme précurseur : Mal 3,23-24. Jean sera ainsi le double parfait d’Elie, tant dans ce qu’il sera (son habillement, ses repas, la rudesse de sa prédication, sa solitude) que dans les circonstances dans lesquelles il exercera son ministère (lieu : désert ; temps : un temps d’apostasie générale). Tous deux seront des précurseurs de quelqu’un qui les dépassera : Elisée pour Elie, Jésus pour Jean !

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