jeudi 21 janvier 2010

Chapitre 7, versets 18 à 23


La question de Jean-Baptiste


Les disciples de Jean, ayant entendu parler des prodiges qu’accomplissait Jésus, lui en rendirent compte. Jean se trouvait à ce moment-là, précise Matthieu : Mat 11,2, dans sa prison suite à son arrestation par Hérode qui n’avait pas supporté de voir le prophète le reprendre pour son comportement adultère avec la femme de son frère : Mat 14,3 à 5. Entre les quatre murs de son cachot, on aurait pu penser que Jean accueille le témoignage rendu par ses disciples à Jésus avec enthousiasme. « Oui, aurait pu penser Jésus, il valait la peine de souffrir pour la vérité ! Sa mission avait été, par sa prédication sur la repentance, de préparer le chemin à Celui qui, plus grand que lui, allait venir. Certes aujourd’hui, il avait les mains et les pieds liés. Mais Jésus était là ! Il faisait des prodiges incroyables ! Il avait accompli sa mission. »

Tel n’est pas l’homme que rencontrèrent les disciples. A la place d’un Jean fort, enthousiaste, en paix, nous rencontrons un prophète en proie au tourment, au doute intérieur. Prisonnier comme un animal dans les limites trop étroites de sa cage, Jean tourne en quelque sorte autour de lui-même, de ce qu’a été toute sa vie, tout son engagement. Au moment d’un départ qu’il pressent peut-être comme probable, il a besoin de savoir, d’être rassuré : s’est-il engagé pour la bonne cause ? Ou toute sa vie a-t-elle été sacrifié sur l’autel de l’erreur ?

Le désarroi dans lequel se trouve Jean a beaucoup à nous apprendre sur nous-mêmes. En pleine force, dans le feu de l’engagement dans le ministère que Dieu nous confie, nous pouvons paraître invincibles, inébranlables comme un roc. Puis vient le temps des liens, de la privation de liberté, de l’arrêt contraint de l’activité, de la perspective du sacrifice, temps où nous nous retrouvons comme dans le désert : seul face à nous-mêmes et à Dieu. C’est alors le temps du bilan, des questions : qu’ai-je fait de ma vie ? Me suis-je engagé, investi, sacrifié pour ce qui était juste, vrai, valable ?

Jésus, recevant les envoyés de Jean, aurait pu prendre la chose comme une blessure à son amour propre. « Quoi ! Jean, tu doutes ? Après tout ce que le Père t’a dit, toute la grâce dont tu as été l’objet depuis ta naissance ! » Jésus aurait pu, de manière légitime, juger Jean et le reprendre même avec sévérité pour ses doutes et ses questions. Il ne l’a pas fait. Comprenant le mal intérieur qui le ronge, Il va, au contraire, chercher à consolider sa foi chancelante en l’encourageant à l’ancrer dans les deux seuls éléments sur lesquels, celle-ci peut tenir :

- Jésus lui rappelle les œuvres extraordinaires et uniques qu’Il accomplit. Qui d’autre que Dieu Lui-même peut faire ce qu’Il fait. Ses œuvres témoignent à elles seules de ce qu’Il est : l’envoyé promis, le Fils de Dieu : Jean 5,36.

- Jésus cite, en appui à la crédibilité de la preuve première qu’Il apporte, l’Ecriture, en particulier les prophéties d’Esaïe le prophète au sujet du Messie à venir : Esaïe 26,19 ; 29,18 ; 35,5-6.

Les faits et l’Ecriture, sur lesquels repose notre foi en Christ, sont les deux témoins irréfutables et indiscutables que Jésus est bien ce qu’Il a dit être. Tout au long des siècles, ces deux témoins sont et restent ceux sur en lesquels la foi de tous les disciples du Christ doit être enracinée, si elle veut traverser l’épreuve du temps et de la difficulté. En dehors d’eux, de ce terrain, tout est mouvant, rien ne résiste.

Certes Jean a reçu, dès sa naissance, beaucoup d’avantages. Mais la grâce dont il a été l’objet, par l’élection de Dieu, dès sa conception, ne l’a pas exempté d’être un jour confronté au choix personnel de la foi. Nous pouvons avoir été au bénéfice de beaucoup d’avantages par rapport à d’autres en ce qui concerne la foi. Mais le chemin de celle-ci oblige de notre part, sur la base de la révélation, à la décision de l’adhésion volontaire. C’est là que se situe pour nous le moment de la conversion. Que Dieu donne à tous les Jean privilégiés de notre temps de saisir que les temps de crise sont des occasions données par Dieu d’enracinement personnel dans la foi ! Heureux celui pour qui Jésus, dans les temps de crise, n'est pas une occcasion de chute !

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