mercredi 13 janvier 2010

Chapitre 6, versets 20 à 49 (3)


Question de jugement : v 37 à 42


Après l’exigence de l’amour, Jésus prévient Ses disciples au sujet de l’attitude qui, dans les relations humaines, est, à Ses yeux, à l’opposé de celui-ci : le jugement. Autant l’amour, tel que Jésus le prescrit, ne nous est pas naturel, autant le jugement apparaît comme un trait spontané et instinctif de la nature mauvaise. Aussi n’est-il pas vain de réfléchir à toutes les incidences et les effets néfastes qu’entraîne, selon Jésus, l’esprit de jugement lorsqu’il s’immisce dans les relations humaines.

La 1ère raison avancée par Jésus, dans la prévenance qu’il enseigne à l’égard de celui qui juge les autres, est que celui qui juge doit, à son tour, s’attendre, tôt ou tard, à être jugé, avec la mesure qu’il a utilisée contre eux, par les autres. Nous ne devons cependant pas, lorsque Jésus parle de façon négative de jugement, nous méprendre sur ce qu’il entend. En prescrivant à Ses disciples de ne pas juger, Jésus n’entendait certainement pas ce que nous entendons parfois aujourd’hui, à savoir que refuser de juger équivaudrait à fermer les yeux sur le mal et ne jamais reprendre quiconque qui le commet. Ce dont Jésus parle ici relève davantage de l’attitude que du fait. A tout moment, et cela fait partie de notre ressemblance avec Dieu, nous nous formons, au contact des autres, de leurs actes, de leurs paroles, de leurs attitudes, un jugement sur eux. Là où le jugement devient une attitude contraire à l’amour, c’est, et Jésus le dit ici, lorsqu’il se drape à l’égard d’autrui dans une attitude de hauteur de la part de celui qui juge et de condamnation par rapport à celui qui est jugé. Juger, c’est en quelque sorte tirer un trait négatif définitif et absolu sur une personne : c’est déjà, en quelque sorte, l’enterrer. Aimer, c’est malgré ce que l’on voit chez l’autre, pratiquer la politique de la main tendue en lui offrant à la fois la grâce du pardon et la sollicitation à un nouveau départ.

D’où la raison pour laquelle Jésus lie la prescription de ne pas juger à l’exhortation de donner. En effet, le même principe d’automatisme lié au jugement se met en œuvre dans la pratique de l’exercice de l’amour. De même que celui qui juge sera jugé avec la mesure qu’il a utilisée pour juger les autres, il sera, au moment voulu, aussi donné à celui qui aura su donner aux autres en son temps.

La seconde raison touche aux effets que produit le jugement dans la vie de celui qui juge. Plus nous jugeons, plus, dit Jésus, notre sens de la vue et de l’objectivité s’altère. Aveugles sur nous-mêmes, nous devenons des êtres incapables de conduire les autres dans les voies sages de la lucidité et de la vérité. Le plus grave en tout cela est que, non seulement, par notre myopie morale, nous causons notre chute mais nous entraînons en elle et avec nous tous ceux qui nous suivent et se mettent à l’écoute de nos conseils ou de notre modèle.

Quelle est l’attitude de prévention que nous devons avoir lorsqu’il s’agit pour nous de reprendre un autre ? Jésus y répond par la parabole de la paille et de la poutre. Il est impossible, dit-il, à quiconque juge son prochain, et qui souffre donc de ce qui constitue l’altération visuelle maximale, d’ôter de son oeil ce qui modifie sa vision des choses, sans avoir commencé par lui-même cette opération. C’est dans l’esprit de la grâce et de l’amour seul que nous pouvons venir en aide, de manière efficace et fructueuse, aux autres.

Que Dieu nous donne la grâce d’être libre de tout esprit de négativisme viscéral et de jugement.

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