Jésus et le centurion romain :
L’histoire qui nous est présentée ici est l’une de celle dans lesquelles se trouvent les ingrédients les plus aptes à rendre possible la réussite la meilleure d’une rencontre avec Jésus. Bien des personnes, en effet, en Son temps, se sont approchées de Jésus. Toutes cependant, loin s’en faut, n’ont pu faire l’expérience d’être au bénéfice de la grâce et des richesses dont Il était le porteur. L’explication de cette différence ne tient pas d’abord à Jésus qui, tel le semeur, était là pour dispenser sur la terre de tous les cœurs le bon grain de la Parole de Dieu., mais à l’état du terrain, aux dispositions si inégales auxquelles le Seigneur se heurta dans Son désir d’apporter la Vie.
Portrait du centurion et radiographie des éléments au travers desquels il rencontra Jésus et reçut de Lui ce qu’il espérait :
1. l’homme qu’il était :
Plusieurs traits caractéristiques forts ressortent du portrait succinct que Luc nous donne de lui :
- le centurion était un bon maître. La considération et l’attachement dont il faisait preuve à l’égard de son serviteur comme le souci qui le remplit à la nouvelle de la maladie grave qui l’affectait en témoignent largement
- le centurion, au service de Rome, l’occupant, était un homme apprécié des juifs, les occupés. Bien qu’au service de la puissance ennemie, il s’était personnellement investi pour offrir aux citoyens de la ville où il exerçait sa fonction militaire ce qui, à leur yeux, représentait un élément essentiel de leur piété : une synagogue. La qualité marquante du centurion est l’altruisme : un altruisme qui se démontre par le souci qu’il a de chercher le bien, aussi bien du peuple qui est sous son autorité, que du serviteur qui est sous ses ordres. En plus d’être un bienfaiteur, le centurion romain devait être un prosélyte.
- Le centurion était un homme humble. Si les juifs qui parlent de lui l’élèvent en dignité et s’en font les promoteurs pour justifier leur empressement à solliciter de sa part auprès de Jésus un déplacement pour répondre à son attente, lui a une toute autre vision de sa personne. Il se considère, non digne, mais indigne de la visite de Jésus, d’où la raison du double envoi d’émissaires jusqu’à Lui. Jésus a répondu à la sollicitation des envoyés, mais l’attitude du centurion prouve que, si tel n’avait pas été le cas, il n’en aurait pas voulu au Maître. Sa démarche porte la marque, non d’une exigence, mais d’une demande présentée dans l’esprit de la grâce.
- Le centurion était un homme de foi, une foi marquée par la juste compréhension, par l’expérience, de ce qu’est l’exercice de l‘autorité. Si le centurion n’a aucun doute sur le pouvoir de la parole de Jésus à guérir le serviteur, c’est parce qu’il sait que, si Jésus est ce qu’on lui en a dit, l’ordre qu’il donnera sera à la hauteur de la Personne qu’Il est. Parce qu’il le pratique tous les jours dans l’exercice de sa fonction, le centurion a appris que le pouvoir du commandement tient à l’autorité dont nous sommes revêtus. Si Jésus est bien l’Envoyé de Dieu que l’on dit qu’Il est, alors le centurion le croit : Il a l’autorité de Dieu et une seule parole lui suffira pour rendre la vie et la santé à son serviteur malade et sur le point de mourir : cf Psaume 33,6.9.
2. l’élément qui déclencha la rencontre :
Le centurion, dit Luc, entendit parler de Jésus. Comment ? Par qui ? Etait-ce de façon impromptue, par inadvertance, ou directement, au travers d’une connaissance touchée, enthousiasmée par les œuvres du Maître ? Luc ne nous le dit pas. Ce maillon essentiel de la chaîne qui relia cet homme altruiste, généreux, préoccupé de la santé de son serviteur à Jésus, nous enseigne deux choses :
- il se peut que les personnes à qui nous parlons directement de Jésus ne fassent preuve d’aucune réaction positive à Son égard. Pour autant, la semence n’est pas perdue. Là où l’Evangile est semé et non reçu, il se peut que, dans l’entourage, une oreille entende et reçoive. La Parole de Dieu et le témoignage de Christ ne sont jamais semés en vain : Eccles 11,1-2 ; Esaïe 55,10-11.
- Si c’est de façon délibérée que la connaissance du centurion lui a parlé de Jésus, ce fait nous montre que lorsqu’un cœur droit, honnête, tourné vers le bien, porté ver le souci des autres est lui-même dans la peine, Dieu mettra les moyens qui sont à Sa disposition pour mettre sur son chemin la personne qui lui ouvrira le chemin d’accès vers Lui. Quand nous nous soucions des autres, nous trouvons sur notre chemin des personnes qui prennent part à notre souci lorsque nous sommes dans la peine. A contrario, nous ne devons pas nous étonner de nous retrouver seuls dans nos difficultés lorsque nous nous montrons le reste du temps égoïstes et individualistes.
3. le comportement de Jésus face au centurion
Comme le centurion qui, ayant entendu parler de Jésus, envoya vers Lui une délégation pour créer avec Lui un contact, Jésus, ayant entendu dire qui était l’homme qui sollicitait Son aide, se mit en route pour répondre à sa démarche. Croyons bien que ce qui motiva Jésus n’était pas l’importance humaine qu’avait le centurion, mais le témoignage sur les qualités de cœur que démontrait cet homme, romain et occupant du territoire d’Israël, au service du peuple occupé. Nous n’entendons et ne voyons d’ailleurs jamais nulle part Jésus refuser, même si, parfois, Il en donnait l’apparence : Matthieu 15,21 à 28, de répondre favorablement à une demande d’aide qui Lui est adressée de façon instante.
Suite à la seconde démarche du centurion, dépassant en termes de qualité sur lui ce qui avait été rapporté à son sujet par la première délégation, Jésus loua publiquement le centurion et le cita en exemple, au sujet de la foi, de ce qu’Il aurait aimé trouvé parmi le peuple naturel de Dieu. Bien que ne faisant pas partie d’Israël, en étant même un ennemi, le centurion, par le caractère simple et entier de sa foi, est, pour tous les juifs, une leçon vivante de ce qu’est un véritable croyant. Comme Rahab, Naaman et d’autres : Luc 4,22 à 28, le centurion fait partie de la riche lignée des non-juifs de la foi, lignée qui rend à Dieu le témoignage que son salut et la connaissance personnelle que l’on peut avoir de sa personne ne sont pas limités au peuple naturel de Dieu, mais ouverts à tous !
Conformément à la foi et à l’attente confiante du centurion, Jésus guérit le serviteur pour lequel il Lui avait sollicité Son intervention. Par cette guérison, Jésus entérina le principe sur lequel reposait la foi qu’exprima à Son encontre le centurion. Il démontra aux yeux de tous que c’est ainsi qu’il fallait agir envers Lui lorsqu’on affirmait croire en Lui !
Mis à part cette leçon, apprenons aussi de cette histoire à ne pas cantonner la gloire rendue à Jésus par la foi à ceux qui professent être membres de Son Eglise. Jésus peut avoir en-dehors d’elle des fidèles qui, dans certains domaines, sont des donneurs de leçons pour nous !
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