mardi 9 novembre 2010

Chapitre 23, versets 33 à 43

Jésus crucifié

C’est au lieu appelé le Crâne que la marche de Jésus, quittant Jérusalem chargé de Sa croix, s’arrêta. Pour la dernière fois ici, Ses pieds foulèrent le sol et la terre de Palestine. Le temps où Jésus allait de lieu en lieu, faisant du bien et guérissant toux ceux qui étaient sous l’emprise du diable : Actes 10,38, est désormais derrière Lui. Au bout de Sa course, se trouve une impasse et au fond de l’impasse une croix. C’est, en apparence, ainsi que les chose se présentent et qu’elles sont perçues par tous ceux qui, jusqu’à la fin, contesteront les prétentions de Jésus à la messianité. Trois jours plus tard, ce sera une autre histoire…

Dans la sobriété la plus totale et la plus dépouillée, Luc fait état de la crucifixion de Jésus et des deux malfaiteurs sur le sommet de la colline. Si Jésus n’est désormais plus capable d’aucun mouvement, les cœurs autour de Lui sont loin d’être dans le calme. Elevé sur la croix, Jésus ne peut plus agir. Mais Il peut voir, entendre et, encore, parler et prier. Et ce qu’Il voit, entend et dit nous est rapporté ici :

1. ce que Jésus voit : une foule nombreuse dans l’expectative. Il est relativement aisé de manipuler une foule et de l’entraîner, comme l’ont fait les chefs religieux, dans un mouvement irréfléchi de violence ponctuelle : Luc 23,16. Mais vient le moment où la foule s’interroge : avons-nous vu juste ? Ne sachant plus trop où elle en est, la foule regarde : ce qui va se passer, espère-t-elle, va lui indiquer si elle avait raison ou tort de demander la condamnation de Jésus.

2. ceux que Jésus voit et entend : ce sont Ses moqueurs, les chefs religieux et les soldats. Tous tiennent les mêmes propos : si Jésus était ce qu’Il prétend être, qu’Il le prouve maintenant en se tirant Lui-même de ce mauvais pas dans lequel Il se trouve. Manifestement, ceux qui le tournent en dérision n’ont pas compris le sens décisif de ce qui se passe ici. Si Jésus se sauvait Lui-même, Il ne pourrait sauver les autres devant Dieu. Jésus doit mourir ! C’est à nous qu’Il pensa lorsque, contre Son intérêt, Il choisit de rester sur la croix plutôt que d’en descendre

3. ceux à qui Jésus parle. Ils sont deux. Le premier est Son Père, à qui Il demande de pardonner à ceux qui Lui causent ce si grand tort, invoquant comme raison de ce pardon leur ignorance et leur aveuglement. Le second est l’un des malfaiteurs qui, à contresens de son compagnon d’infortune, qui épouse les propos des moqueurs qui sont à ses pieds, ne demande pas la délivrance de sa situation mais fait appel à la miséricorde de Jésus pour demander la grâce de partager avec Lui Son règne futur. Jésus le lui assure. Il n’a pas de crainte à avoir. Sa requête sera exaucée. Aujourd’hui même, il sera avec Lui dans le paradis de Dieu.

Il se peut que, nous aussi, bien que dans une situation toute autre, nous soyons confrontés, comme Jésus, dans notre ministère à des demandes fortes de la part de gens qui, disent-ils, souhaitent voir l’action de Dieu dans leurs vies sous une forme ou sous une autre. Si Dieu opère telle ou telle délivrance, s’Il intervient de telle ou telle manière, alors, affirment-ils, ils croiront. Le silence de Jésus à ce type de demandes nous rappelle que c’est par la croix que passe la manifestation de la puissance de salut de Dieu. Le refus de la croix est le refus du lieu à partir duquel toute la puissance de résurrection et de vie de Dieu se déploie ! Qu’à l’exemple du brigand sauvé, Dieu nous donne de Le rechercher, non pour ce qui compte ici et maintenant, mais pour l’éternité !

lundi 8 novembre 2010

Chapitre 23, versets 26 à 32

Jésus en route vers Sa crucifixion

Le sort de Jésus scellé par la décision lâche de Pilate, Il fut emmené par la soldatesque romaine vers le lieu où Il devait être crucifié. Notons qu’en demandant Sa mort à Pilate, les responsables juifs savaient pertinemment à quel type de fin ils Le livrait. S’ils s’étaient tenus à réclamer un jugement contre Jésus, il aurait été possible, à leur décharge, de souligner leur volonté d’utiliser la justice comme recours au différent qui les opposait à Lui. Mais tel n’est pas le cas. Par leur attitude et leur demande insistante, clairement énoncée, de voir Pilate ordonner la crucifixion de Jésus, c’est non la recherche de la justice, mais leur haine envers Christ que les grands prêtres et les chefs expriment. « Les hommes, disait Blaise Pascal, ne font jamais le mal si complètement et joyeusement que lorsqu’ils le font par conviction religieuse. » Voir les chefs spirituels juifs de la nation réclamer à cor et à cris que soit infligé à Celui qui, de loin, est meilleur qu’eux, mais qui les gêne, le moyen de torture le plus raffiné qui ait été inventé par les Romains, en est la preuve la plus démonstrative !

Sur le chemin qui mène Jésus à la croix, Luc relève trois faits notoires :

1. la réquisition de Simon de Cyrène, un africain, pour porter la croix avec et derrière Jésus. Sans le mettre au rang d’une prophétie, ce partage de la croix entre Jésus et Simon est hautement significatif de ce qui allait se produire entre Jésus et de nombreux africains dans la suite de l’histoire. S’il y a bien une race qui, à l’instar de ce que vit Jésus ici, sera maltraitée, réduite en esclavage, méprisée et considérée comme moins que rien, c’est incontestablement la race noire, dominante de l’Afrique. Si les noirs ont partagé le sort de Jésus dans l’histoire, ils sont aussi ceux qui ont peut-être le mieux goûté les consolations qui viennent de l’expérience de porter la croix avec Lui, et d’être à la fois identifié à Lui et derrière Lui ! Leurs gospels, dans lesquels brillent leur espérance et qui font chanter aujourd’hui des millions de chrétiens, en sont les témoins vivants !

2. un échange de paroles entre les filles de Jérusalem et Jésus. Voyant les femmes qui étaient sur le bord du chemin se lamenter sur Lui, Jésus corrigea leur point de vue. Entre Lui et elles, leur fit-il comprendre, le plus à plaindre n’est pas Lui. Ce qui attend Jésus, certes, est terrible, et indescriptible. Mais ce qui attend les femmes de la ville qui, alors qu’elle en avait l’occasion, a refusé la paix que Dieu lui offrait : Luc 19,41 à 44, aura, pour elles et les générations qui vont leur succéder, une portée grave et douloureuse ! La suite de l’histoire, qui verra la destruction de la ville et de la nation et la dispersion des Juifs hors de leur pays pour près de 19 siècles, sera la justification saisissante des paroles de Jésus.

3. l’adjonction à Ses côtés de deux malfaiteurs sur le chemin qui mène à la croix : une compagnie qui est la réalisation littérale de la prophétie précise d’Esaïe sur le sort du Messie à venir, Serviteur souffrant mis au nombre des malfaiteurs : Esaïe 53,12.



Au vu de la scène, la question se pose pour chacun de nous ! Où nous serions-nous trouvés, parmi quel public sur le chemin qui mène Jésus à la croix ?

samedi 6 novembre 2010

Chapitre 23, versets 13 à 25

Les décideurs de la mort de Jésus

Loin de produire le résultat espéré par les autorités religieuses de la nation, le passage de Jésus chez Pilate et Hérode ne fit que mettre en valeur les fausses motivations de celles-ci dans le procès qui Lui est fait. Jésus, disent de concert Pilate et Hérode, est totalement innocent des choses dont on L’accuse. Il ne se trouve en Lui rien qui mérite une quelconque condamnation, encore moins une condamnation à mort. Du coup, se retrouvent coupables, non l’accusé, mais les accusateurs.

S’il en faut un dans l’histoire, la condamnation dont écopera finalement Jésus est l’exemple même du caractère si facilement corruptible de la justice humaine. Tous les éléments sont ici réunis pour que Jésus soit acquitté. Le juge, ultime décideur, est convaincu de son innocence. Il le dit et l’atteste par trois fois au moins : le dossier à charges est vide. Il n’a rien trouvé à retenir contre Jésus. Selon la justice, il n’y a qu’une option pour conclure le dossier Jésus : un non-lieu et Sa remise en liberté sans condition. Sous la pression du nombre, et à cause de l’intérêt politique évident qu’il en tire en allant dans le sens voulu par les autorités juives, Pilate, contre sa conviction intime, tranchera contre Jésus. La suite de l’histoire montrera malheureusement que la décision prise ne profitera à personne. Une génération plus tard, l’autorité de Rome, contrainte sous la pression juive à condamner Jésus, prendra Jérusalem dans le sang et en déportera ses habitants. Le pouvoir politique contraint par le religieux finira par se retourner contre lui, comme il en sera d’ailleurs ainsi en France à la Révolution, après qu’ensemble le roi et le clergé aient organisé le massacre de la Saint-Barthélemy. Les liens de l’alliance qui unit les ennemis de Jésus, contrairement à ceux qui forge la relation de Ses amis, ne résiste pas à l’usure du temps.

La coutume romaine voulant qu’à chaque fête de Pâque le gouverneur relâche un prisonnier, celui que la foule demandait : Mat 27,15, notons enfin pour quel gain les autorités juives plaideront la condamnation de Jésus. « Vous avez renié le Saint, le Juste, leur dira Pierre plus tard, et vous avez demandé qu’on vous accorde la grâce d’un meurtrier : Actes 3,14 » : Barabbas (nom qui signifie fils du père). Derrière le caractère abject du fait se révèle pour nous toute la beauté incompréhensible de la grâce de Dieu. Car, au fond de nous-mêmes, nous sommes tous des Barabbas, des fils du Père déchus, de la nature du meurtrier par excellence, le diable : Jean 8,44. Et nous avons tous à notre portée la possibilité de notre acquittement face à la justice de Dieu et de notre libération pour une seule raison : la mort de l’Unique Fils du Père, Jésus, à notre place ! C’est sur le fond sombre du pire des crimes que brille, dans ses plus beaux éclats, le joyau de la grâce de Dieu, expression la plus aboutie de Son amour pour nous !

vendredi 5 novembre 2010

Chapitre 23, versets 8 à 12

Jésus devant Hérode

Après Pilate, les dispositions de cœur d’Hérode envers Jésus pourraient à priori sembler plus favorables pour Lui. La notoriété de Jésus n’étant plus à faire, Hérode, par curiosité, se disait qu’il pouvait être intéressant de connaître cet homme singulier qui provoquait tant de remous et de controverses parmi le peuple juif. Il accueillit donc l’occasion qui lui était donnée d’une rencontre personnelle avec Jésus comme une opportunité de juger par lui-même de ce que l’on pourrait appeler aujourd’hui un phénomène de société.

La déception de Hérode fut à la hauteur de son attente. Comme Pilate, il fit l’expérience dans un autre domaine que ce que Jésus incarne n’entre pas dans les catégories par lesquelles les hommes aiment classer leurs semblables. De même que Jésus n’est pas un roi comme les autres rois de ce monde, il n’est pas non plus un phénomène de foire, une bête de spectacle, une sorte de super magicien ou un faiseur de miracles. Les miracles que Jésus a fait, et qui étaient à la base de ce qui façonna Sa notoriété publique, n’avaient pas pour objet de séduire les hommes pour les gagner à Lui. Ils étaient, montrent les Evangiles, des signes indicateurs de ce qu’Il était. Ils étaient à la fois les porteurs d’un message, la manifestation concrète de la véracité de ce que Jésus affirmait être, et les moyens que Dieu utilisait pour incarner la grâce et l’amour dont Il voulait nous faire part par Son Fils au point où nos sens pouvaient les percevoir : 1 Jean 1,1-2. Le souhait d’Hérode de voir Jésus opérer un miracle sous ses yeux ne pouvant atteindre ces buts, le potentat en sera, à son grand dépit, privé.

Outre ce constat, le refus de Jésus de répondre à l’attente d’Hérode est riche d’enseignements pour nous. Alors que, face à Pilate, que Son procès gênait, Il fut assez prolixe, Jésus fait, en apparence, face à Hérode qui semble ouvert et bien disposé envers Lui, l’inverse de ce qu’il faudrait. L’attitude de Jésus paraît presque suicidaire : d’une part, Il ne fait rien face à Pilate pour relativiser les accusations dont Il est l’objet, d’autre part, Il choisit volontairement de décevoir Hérode qui manifestait à Son égard une attitude réceptive. Combien nous avons à apprendre ici de la liberté de Jésus. Cette liberté a une source : l’allégeance totale, unique, exclusive du Fils au Père, allégeance qui, seule, montre Jésus, rend capable de rester fidèle dans ce monde à la vérité qu’on incarne sans qu’aucune pression, fût-ce au prix du sacrifice de notre vie, ne puisse nous amener au compromis. Comme Il l’aura été toute sa vie, Jésus se montre, à l’heure la plus difficile, exemplaire dans Sa conduite. Sachons-le : les deux réalités ne vont pas l’une sans l’autre. On ne peut faire preuve de résistance à la séduction sous la pression que si, dans la vie courante, sans pression, on fait le choix constant de la fidélité à la vérité de ce que l’on est en Dieu. ! Que Dieu forge en nous la personnalité consistante qu’Il cherche à bâtir au travers des multiples tests auxquels Il nous expose !

L’entretien de Jésus avec Hérode se termine de manière curieuse. D’ennemis qu’ils étaient, Pilate et Hérode deviennent amis. L’amitié, qu’elle se bâtisse sur de justes causes ou pas, est toujours faite du même ingrédient : la révélation d’une similitude de points de vue ou d’une convergence d’intérêts qui rapproche. Ce rapprochement soudain d’Hérode et de Pilate, suite à leur rencontre personnelle avec Jésus, est parlant. Il témoigne du fait que, quoi que ce soit que l’on ait comme position face à Jésus, la confrontation avec Lui bouge inévitablement les lignes. Jésus rapproche toujours les uns des autres : ceux qui choisissent d’être Ses ennemis deviennent amis, ceux qui choisissent d’être Ses amis ne sont plus ennemis. Béni soit Dieu pour la grande famille des amis de Jésus !

lundi 1 novembre 2010

Chapitre 23, versets 1 à 7

Jésus devant Pilate

Si, dans le mandat que l’apôtre Paul reçut au jour de sa conversion, il est, dès le départ, fait mention de sa future comparution devant les rois pour être témoin de Christ : Actes 9,15, il ne sera pas le premier à en faire l’expérience. Jésus, avant lui, sera mené devant les autorités pour attester de ce qu’Il est et être jugé en conséquence de cause. Si tous les disciples ne sont pas appelés à passer par ce chemin, tous, selon Jésus, doivent en concevoir l’éventualité : Marc 13,9. Car, s’il porte en premier atteinte aux prétentions du pouvoir religieux, inévitablement, par rebond ou par sa capacité d’influence, le témoignage de Christ bouscule l’ordre établi et touche aux domaines de compétences du pouvoir civil.

La condamnation de Jésus prononcée par le sanhédrin, celui-ci décida de Le conduire à Pilate, seule autorité en mesure de prononcer la sentence finale à Son sujet. Trois accusations, présentées comme une atteinte au pouvoir de Rome, furent présentées à Pilate contre Jésus par les représentants du sanhédrin juif. Nul doute qu’il y a eu tout au long de l’histoire bien des procès qui furent le résultat d’assemblages et d’arrangements contre nature. Celui de Jésus dépasse en incongruité l’inimaginable : bridées par Rome, les autorités juives, pour se débarrasser de Lui, ne trouveront rien de mieux que de se faire l’avocate des intérêts de leur conquérant. S’il y a une situation dans laquelle s’applique à la perfection une des maximes préférées de Machiavel, la fin justifie tous les moyens, c’est ici qu’on la trouve !

Revenons sur les trois actes d’accusation présentés contre Jésus pour en voir la validité :

1er acte : cet individu incite notre nation à la révolte.

Contre qui ou quoi ? L’hypocrisie religieuse, la dureté de cœur, le joug du péché dans les vies : oui ! Le pouvoir en place, la légitimité de l’autorité de Rome : pas une seule fois ! Jésus n’a t-il pas accueilli, pour les secourir, aussi bien juifs que romains, tel le centenier de qui Il a loué la foi : Luc 7,9 !

2ème acte : il empêche de payer les impôts à César

Soit les évangélistes ont menti, soit les juifs qui ont entendu Jésus ont des problèmes d’audition ! Car c’est tout l’inverse que Jésus a prôné et pratiqué : Luc 20,20 à 26.

3ème acte : il se dit lui-même Christ-roi

Nous touchons ici seulement à un aspect qui sort du complet mensonge. Même si Jésus a refusé, tout au long de Sa vie, les occasions qui Lui étaient données d’être roi : Luc 4,5-6 ; Jean 6,15, la vérité se trouve dans ce dont l’accuse le sanhédrin devant Pilate. La royauté à laquelle Jésus est appelée n’est juste pas la même que celle qu’exercent les potentats de ce monde. Jésus ne manquera pas de le faire connaître à Pilate, sans nier le fait, qu’effectivement, Il est le vrai Roi des juifs : Jean 18,33 à 38. Contraint à condamner Jésus sous la pression : Luc 23,13 à 25, Pilate trouvera ici les moyens de sa vengeance. Au grand déplaisir des autorités juives, il fera sur la croix valider en trois langues l’affirmation de la royauté de Jésus sur elles, si bien qu’en Le regardant crucifié, c’est leur propre condamnation qu’elles liront : Jean 19,19 à 22.


Malgré la gravité des éléments apportés et la véhémence des accusateurs, Pilate ne trouve rien de délictueux, dans les actes ou les positions prises par Jésus, qui mérite la mort. Ayant appris que Jésus sort de la Galilée, il choisit, solution commode, de se débarrasser du problème Jésus en L’envoyant à Hérode qui, comme par hasard, se trouvait aussi à Jérusalem à ce moment-là.

vendredi 22 octobre 2010

Chapitre 22, versets 63 à 71

Interrogatoire de Jésus devant le sanhédrin

Ayant donné au Père son oui pour boire la coupe de souffrance liée à l’expiation du péché et l’œuvre de salut du monde, Jésus n’offrit, à partir du moment où Il fut fait prisonnier, ni résistance, ni contestation aux mauvais traitements qui Lui furent infligés. Passif comme l’agneau qu’on mène à la boucherie : Esaïe 53,7, bien que Fils de Dieu, Jésus laisse Ses gardiens déchaînés Le tondre de Sa dignité. Ni respect pour Sa personne, ni reconnaissance à la présomption d’innocence à laquelle a droit tout justifiable ne Lui sont reconnus. Avant même Son procès, qui doit établir la cause de Sa condamnation, Jésus est traité comme un usurpateur. Les brutes qui s’occupent de Lui à cette heure ne font que démontrer ce que Dieu ne cesse de dire de l’homme naturel livré à lui-même, sans crainte d’une réprobation : un être capable des pires abjections et violences gratuites, contaminé dans toutes les parties de son être par le mal : Rom 3,10 à 18.

Avec le procès, nous entrons dans ce qui constitue le cœur du délit reproché à Jésus : Sa prétention à se présenter comme le Christ promis dans les Ecritures, le Fils du Dieu vivant ! Sommé de se justifier à ce sujet, Jésus ne répondra ni par l’affirmative, ni par la négative. Bien que ne niant rien, Il laissera Ses juges prononcer eux-mêmes le verdict qui Le concerne. L’ambiguïté des réponses de Jésus n’a ici rien de troublant. Sa vie entière et toutes les œuvres qu’Il a pratiqué depuis Son entrée dans le ministère après le baptême de Jean, témoignent avec force de ce qu’Il est. Si Ses juges n’ont pas trouvé jusque là d’évidences suffisantes pour reconnaître qui Il est, sans pour autant en trouver pour le nier, rien ne peut désormais y faire. Jésus sera donc condamné pour avoir osé prétendre qu'Il est le Fils de Dieu, ce qu’Il était réellement ! Il sera condamné sans qu’aucune preuve ne pourra être apportée du caractère usurpatoire de cette affirmation, le doute subsistant donc jusqu’au bout dans la tête de Ses juges.

Outre le caractère unique et arbitraire du jugement rendu ici, la façon dont Jésus se comporte est un exemple pour nous. Il nous montre que lorsque la mauvaise foi siège sur le trône de la justice, il n’est ni nécessaire, ni utile d’étayer sa défense. Il nous suffit, comme Jésus l’a dit, de dire ce qui sera de nous devant Dieu. Plus que des arguments, c’est notre assurance et notre espérance qui plaident le mieux en notre faveur : cf Actes 4,13. Rappelons-nous en en toutes circonstances : c’est dans la vérité seule que se trouve la puissance de Dieu !

jeudi 21 octobre 2010

Chapitre 22, versets 54 à 62

Reniement de Pierre

Jésus arrêté par les gardes, les disciples, conformément à la prophétie qui en avait été faite, des siècles auparavant : Zach 13,7 ; Mat 26,31, se dispersèrent. Pierre, cependant, ne put se résoudre à abandonner Jésus là. Ne pouvant Le suivre de près, comme il l’avait fait jusqu’alors, il se mit à Le suivre de loin, à distance, pour voir sans doute comment les choses allaient tourner et ce qui allait advenir de Lui.

Dans la démarche qu’il suivit, nul doute que Pierre eut voulu rester caché. Il se fit donc le plus discret possible, essayant de se confondre à la foule des curieux et des personnes qui se trouvaient là sans se faire remarquer. Il ne le put longtemps. Pierre ne pouvait effacer le passé, rayer de sa vie les trois années de proximité publique qu’il avait vécu avec Jésus. En se liant à Lui de la manière qu’il l’avait fait, Pierre s’était identifié aux yeux de tous à Jésus. Son nom, son visage, toute sa personne n’étaient connus à l’extérieur qu’en lien avec Jésus. Comme il lui sera dit à trois reprises, quoi qu’il s’en défende, il est l’un d’entre les disciples de Jésus.

Etre disciple de Jésus implique inévitablement que nous laissions après nous, autour de nous, partout où nous passons, des traces ineffaçables de notre identification avec Lui. Il arrivera peut-être des moments dans notre vie où, comme Pierre, nous aimerions rester cachés, être assis là incognito au milieu d’une foule de moqueurs ou d’ennemis de Jésus, sans qu’elle sache qui nous sommes. Nous ne le pouvons pas longtemps. Tôt ou tard vient le moment de vérité où, contraint, nous devrons nous positionner face à Jésus. Qu’allons nous dire ?

Comme Jésus le lui avait prédit, Pierre ne trouva pas la force suffisante en lui-même de Lui rester fidèle. Par trois fois, avant que le coq ne chante, il nia Le connaître et L’avoir suivi. Allant plus loin que Luc, Matthieu le fait même prendre Dieu à témoin contre lui et jurer de ne pas être lié en quoi que ce soit à cet homme : Mat 26,71. Sous la pression des hommes, et, derrière, de Satan : Luc 22,31, le reniement de Pierre à l’égard de Jésus ne fut pas prononcé du bout des lèvres. Il fut, au contraire, vif, total, l’expression d’une position tranchée et qui n’autorisait aucun appel.

Nous ne savons chez qui, lorsque les regards de Jésus et de Pierre se croisèrent, la douleur fut la plus grande. Ce qui est certain, cependant, est que la tristesse de Jésus ne fut pas la même que celle de Pierre. Jésus n’était pas déçu. Il savait d’avance dans quel scénario Pierre allait entrer. La tristesse de Jésus était pour Pierre, non pour Lui. Celle de Pierre était de se rendre compte qui il était, à quel point il avait pu se tromper sur lui-même.

Ne jetons pas la pierre à Pierre. Aucun de nous, sans la force du Saint-Esprit, n’est capable de mieux. Combien de fois, même nés de nouveau, n’avons nous pas fait preuve de lâcheté, eu honte de nous afficher comme disciples de Christ ! Comme Pierre, alors que nous aurions dû parler, nous nous sommes tus ! Seule la grâce et l’intercession de Christ fera que les pleurs amers de Pierre aboutiront à sa restauration. Aucune défaite, aucune trahison, si elle est suivie de repentance, ne nous disqualifie à jamais ! Que Dieu nous donne aujourd’hui de trouver en Lui les forces qui nous manquent en nous-mêmes pour Le suivre !