vendredi 26 mars 2010

Chapitre 9, versets 57 à 62


Obstacles au fait d’être disciple :

Mis à part les Douze qu’Il appela directement, Jésus était accompagné en chemin de quantité de personnes désireuses de Le suivre. Luc nous présente ici le cas de 3 d’entre elles à qui l’occasion d’être Son disciple est offerte, mais qui, pour des raisons diverses, manquent, temporairement en tout cas, le but. Analyse :

1er cas : l’enthousiaste.

Il n’attend pas que Jésus l’appelle, mais se propose lui-même de Le suivre. Son enthousiasme pour Jésus est tel que rien, semble-t-il, ne saurait l’arrêter ou le tempérer. Cet homme, gagné à Jésus, apparaît comme le disciple idéal, celui dans le cœur duquel rien n’est en mesure de Le détrôner. La déclaration qu’il fait à Jésus paraît témoigner d’un dévouement et d’un engouement si entiers qu’elle ne pourrait que ravir tout leader qui cherche à gagner des adeptes à sa cause.

Quoique ne rejetant pas l’enthousiaste, Jésus tient à mettre avec lui les choses au point. Ni les bonnes intentions, ni l’élan d’un moment ne suffisent pour suivre Jésus partout où Il ira, comme le prétend l’enthousiaste. Suivre Jésus exige un prix élevé, le prix de la décision de n’avoir aucun lieu ici-bas où reposer sa tête. Suivre Jésus, c’est mettre fin à tout espoir de carrière, de réussite ou de recherche de bien-être dans ce monde. C’est vivre en quelque sorte ici-bas comme un étranger, un indésirable dont la place, le lieu final de repos pour sa tête sera la croix. Jésus, certes, n’est pas contre les élans du cœur. Ils sont même nécessaires dans la motivation qui anime tout disciple. Mais c’est à l’épreuve de la réalité que se mesurent la détermination et l’engagement du disciple. Telle est la 1ère leçon que nous apprend la réponse de Jésus à l’enthousiaste.

2ème cas : l’appelé conditionnel

Si l’enthousiaste se propose lui-même de suivre Jésus, la personne dont il est question jouit d’une grâce peu commune. Ce n’est pas elle qui décide de suivre Jésus, c’est Jésus qui l’appelle à Le suivre. Peut-on avoir meilleure occasion d’être disciple de Christ ? Si Jésus appelle, c’est certainement qu’Il a discerné en cet homme des dispositions le rendant apte à être disciple… Jésus se verra essuyer, non un refus direct, mais une condition. Oui, la personne sollicitée veut bien suivre Jésus, devenir disciple. Mais ceci ne pourra se faire que lorsque son père sera enseveli

Les raisons du report proposé ici mettent le doigt sur une cause importante de rejet ou d’hésitation face à l’appel de Jésus : la force des liens du sang. Jésus, qui précisera encore une fois ce point plus tard : Luc 14,26-27, est formel : le suivre implique qu’il n’y ait dans nos affections rien qui, en terme d’importance, prévale sur l’allégeance à Sa Personne. Etre disciple implique qu’Il devienne notre Maître, le maître de toutes nos priorités, l’autorité première à laquelle nous nous rendons. Si Jésus paraît ici si exigeant, ce n’est certainement pas par manque de cœur. Jésus ne nous demande pas, en tant que disciple, de cesser d’être humain. Ce qu’Il exige, c’est que, en tout, les choses soient placées dans le bon ordre. Il est fort probable que le père dont il est question ici n’était pas mort. Jésus n’aurait certainement pas refusé, si le cas se produisait, que le disciple se rende à son enterrement. Quelque importance qu’ait le père pour la personne appelée, la préoccupation dont il fait l’objet fait partie du domaine de la mort. Lui, Jésus, est venu apporter la vie : entre les deux enjeux, il ne doit pas y avoir hésitation !

3ème cas : le volontaire conditionnel

Le 3ème cas évoqué est un mixte des deux premiers. Il cumule le fait de se proposer et présente, à peu de choses près, à Jésus la même demande prioritaire avant de Le suivre : prendre congé de ceux de sa maison. La personne fera face au même avertissement du Maître. S’engager à Le suivre exige que l’on regarde résolument devant soi et non derrière. On ne peut suivre Christ, sans rupture, sans tourner le dos de façon radicale à tout ce qui comptait jusqu’alors. Le disciple est, quelque part, quelqu’un qui a fait le deuil de son passé, avec tout ce qu’il comptait de fort en termes d’expériences, de liens, d’affection. Plus que des bras, des pieds, des bouches, ce que Jésus veut en priorité ce sont des cœurs entiers pour Lui. Le suivre ne pourras jamais se faire à regret, mais, comme il en est pour le mariage, sur la base d’un vrai oui !

Que Dieu, chaque jour, soit le gagnant de la bataille qui se joue dans nos cœurs !

jeudi 25 mars 2010

Chapitre 9, versets 51 à 56


Rejet et intolérance

A l’image de ce qui s’était produit sur le territoire de Gadara, après que Jésus ait délivré un possédé, le refus des samaritains d’accueillir Jésus et Ses disciples dans leurs murs est typique d’une hostilité due à un malentendu fondé sur un préjugé. Contrairement à ce que pensent Jacques et Jean, ce qui est rejeté ici n’est pas Jésus Lui-même, mais ce à quoi Jésus est assimilé : Jérusalem. Une rupture profonde, on le sait, séparait juifs et samaritains. Car, tandis que les uns (les juifs) pensaient que le lieu où il fallait adorer Dieu était à Jérusalem, les autres (les samaritains), depuis des générations, s’adressaient à Lui depuis le mont Garizim : Jean 4,20. De plus, considérés comme des bâtards, les samaritains étaient l’objet du mépris des juifs : 2 Rois 17, 24 à 41 ; Jean 4,9.

Après la crainte, la mauvaise interprétation des faits, le préjugé culturel est souvent l’une des raisons majeurs dans le monde du rejet de Jésus. Pour les peuples orientaux, marqués par l’Islam, le christianisme et l’Occident ne font qu’un. Parler de Jésus ou du christianisme revient quelque part, comme il en était des samaritains, à renier à la fois sa nation, sa culture et les traditions religieuses ancestrales. Il faudra toute la sagesse et la diplomatie de Jésus pour que le mur de méfiance culturel qui le sépare des samaritains tombe et qu’ils l’accueillent à bras ouverts. Cette sagesse demandera de sa part deux choses : une désolidarisation publique de Sa part de son attachement à Jérusalem comme lieu unique de culte et de rencontre avec Dieu : Jean 4,21, le fait de gagner un membre du peuple qui Lui est hostile pour faire de lui son porte-parole auprès des siens : Jean 4,29. Cette même stratégie est nécessaire aujourd’hui, là où les raisons du refus de Jésus sont essentiellement du même ordre.

La réponse de Jésus aux fils de Zébédée, prêts à maudire, est sans appel. Elle est pour nous, chrétiens, la matrice à partir de laquelle doit se fonder notre réaction face à tous ceux qui, imprégnés depuis des siècles par une autre culture, nous apparaissent hostiles à Jésus. Toute utilisation de la violence ou de la force pour les amener à réviser leur point de vue ne peut que produire l’effet inverse : les enraciner et les justifier dans leurs préjugés. Que n’a-t-on pas mieux écouter et imiter Jésus à ce sujet ! Cela nous aurait épargné la douleur de connaître, souvent en retour de nos erreurs, violence et hostilité farouche à l’égard de tout ce qui s’identifie de près ou de loin à Jésus. Jésus, rappelons-nous le ici, ne force jamais la porte. Il accepte le refus et le comprend même. Plutôt que d’imposer le christianisme et de forcer les gens à le faire entrer dans leurs murs, apprenons à élaborer une stratégie qui tienne compte de l’état dans lequel les réfractaires se trouvent et des raisons de leur hostilité. Puis soyons prêts à payer de notre personne pour leur présenter un autre visage de Jésus et du christianisme que ce qu’ils connaissent ! Il nous faudra sans doute parfois attendre et même passer notre chemin. Mais mieux vaut cette démarche plutôt que toute autre qui, contraire à l’Esprit de Jésus, ne ferait qu’enraciner encore plus Ses opposants dans leur préjugés déjà défavorables !

vendredi 19 mars 2010

Chapitre 9, versets 49 à 50


Sectarisme

Les disciples ayant été choisis, équipés et envoyés par Jésus Lui-même ne pouvaient concevoir que d’autres, les imitant, se revendiquent du nom de leur Maître pour accomplir les mêmes œuvres qu’eux. Jean, se faisant sans doute le porte-parole de tous, rapporte ainsi à Jésus le cas d’un homme qui, sans être du groupe des Douze, s’était mis à utiliser le nom de Jésus pour chasser des démons. La question se posait alors : que devaient faire les disciples face à ce qu’ils considéraient comme un cas évident d’usurpation de pouvoir, ou de déviance ! Tel qu’il fut rapporté à Jésus, le fait, dans l’esprit des disciples, n’attendait qu’une réponse : le barrage, la dénonciation, voire même l’interdiction par la force d’une telle pratique !

Jésus n’ira pas dans le sens voulu et espéré par les disciples. Au lieu de mobiliser leurs force pour combattre de tels phénomènes, inévitables, Jésus plaide plutôt auprès de Ses proches pour une double réaction face au cas évoqué :

- la 1ère est de laisser faire. En Marc 9,39, Jésus suggère que le temps lui-même finira par montrer si un tel homme est l’un de ses vrais disciples ou non. Comme Jésus le dira ailleurs, il ne suffit pas de faire des prodiges en Son nom ou de l’appeler Seigneur pour faire partie de Son royaume : Mat 7,21 à 23. Le rôle des disciples n’est pas d’être les policiers du royaume de Dieu. Il est inévitable que, jusqu’à la fin, l’ivraie soit mélangé au blé. Ce n’est qu’au jour de la grande moisson que le tri définitif se fera : Mat 13,41 à 43. Nous qui, de manière manifeste, sommes disciples de Christ, devons nous garder de penser que nous avons l'exclusivité de Son service et de Son approbation.

- la seconde réaction que Jésus appelle les disciples à avoir est de considérer la chose sous son angle positif en terme de retombées. Les disciples auront dans ce monde à faire face à assez d’opposition pour ne pas chercher à en susciter davantage. Sans doute y a-t-il dans ce monde bien des gens qui font un usage mauvais, tendancieux du nom de Jésus. Mais, dans la masse, ces personnes sont de celles qui se sont placées, au moins formellement, du côté des disciples. En tant que disciples, nous devons nous réjouir pour tous ceux qui ne sont pas contre nous. En effet, notre situation dans ce monde peut être par moments si tendue que nous pouvons considérer que ceux qui ne sont pas contre nous sont, quelque part, pour nous !

« Les chrétiens sérieux doivent se souvenir que lorsque des personnes en marge des institutions officielles accomplissent une œuvre au Nom de Christ, celle-ci doit faire avancer Sa cause… La réponse du Maître contient une vérité de portée considérable : aucune société humaine, aussi sainte soit-elle, ne peut prétendre être seule à détenir la puissance divine si elle ne fait pas un usage authentique et fidèle du Nom de Jésus : A.I.Williams. »

Que Dieu nous donne de vivre dans ce monde, ni dans la défensive, ni dans la crispation, mais dans le repos que donne la confiance. Il est Celui qui est pleinement capable de gérer les affaires de Son royaume !

mardi 16 mars 2010

Chapitre 9, versets 46 à 48


Aspiration charnelle

Suite à l’annonce faite par Jésus, pour la seconde fois, du sort qui L’attend, Luc fait remarquer que la parole dite par Jésus n’était pas comprise par les disciples. L’une des raisons nous en est donnée ici. La compréhension des paroles du Seigneur, quelle qu’elle soit, n’est pas d’abord affaire d’intelligence, mais de disposition de cœur. Jésus l’a dit en d’autre lieux : le niveau d’accès à la compréhension de ce qu’Il dit ne se situe pas à l’étage de l’érudition, mais à celui de l’humilité : Matthieu 11,25-26. Une vérité que, pour une autre raison, Jésus va rappeler ici.

Qu’est ce qui fait que, alors que Jésus parle avec les Siens de choses si graves et si sérieuses à Son sujet, ceux-ci soient complètement ailleurs, préoccupés par des sujets de vanité qui sont aux antipodes du modèle, de l’enseignement ou de l’Esprit de Christ ? La traduction littérale de l’Ecriture nous aide à y voir plus clair. Alors que la plupart des versions écrivent « les disciples se mirent à raisonner entre eux », l’original dit « un raisonnement entra en eux ou entre eux ». Il est regrettable ici que le souci de franciser le texte de manière compréhensible ait conduit à faire l’impasse sur la façon avec laquelle l’évangéliste a décrit le phénomène par lequel nous est donnée, de manière si claire, l’explication de cet anachronisme. Car si, bien que proches de Lui physiquement, les disciples sont ailleurs, à des milles de Ses préoccupations, la chose est d’abord due à l’action sournoise, invisible, mais non moins réelle et authentifiée de l’ennemi. Si celui-ci, depuis toujours, a un moyen d’accès dans l’âme, c’est bien, nous montre l’Ecriture, par la porte du raisonnement : Gen 3,1 ; 2 Cor 10,4-5. « L’homme, dit W Nee, aime bâtir, tout autour de sa pensée, des raisonnements semblables à des forteresses, mais ces raisonnements doivent être détruits et la pensée captive. Il nous faut rejeter les raisonnements, mais ramener la pensée… Si les raisonnements ne sont pas mis de côté, il ne reste aucune possibilité d’amener la pensée de l’homme en obéissance à Christ…. Tout raisonnement est semblable à un gratte-ciel, et empêche l’homme de connaître Dieu. Dès que l’homme raisonne, sa pensée est en état de siège, et n’est plus en mesure d’obéir à Dieu, du fait que l’obéissance se rapporte à sa pensée : extrait de L’autorité spirituelle. »

Outre le phénomène en lui-même, la nature de la préoccupation des disciples suffit à elle seule de voir la marque de l’ennemi. Celle-ci, comme il en a été pour sa propre chute :1 Tim 3,6, est toujours liée, de près ou de loin, à l’orgueil, cette forme d’adoration de soi qui a quelque part pour objet de voler à Dieu l’adoration légitime qui Lui est due. La pensée des disciples occupée, Jésus va, par un autre biais, l’illustration visuelle, leur communiquer Sa pensée sur le sujet. Apprenons de Lui ! Il est vain de vouloir convaincre par un raisonnement quelqu’un dont la pensée est captive par le même phénomène. La meilleure façon de vaincre l’ennemi n’est pas d’utiliser ses armes. Jésus ne l’a pas fait lors de la tentation dans le désert : Luc 4,1 à 8, Il ne le fera pas non plus ici. Puisque Jésus ne peut atteindre l’âme des disciples par la raison, Il le fera par le visuel, les yeux étant aussi une des fenêtres de l’âme.

La leçon, transmise sous forme de démonstration, n’a guère besoin de commentaire. Elle parle d’elle-même. Les disciples sont préoccupés par la question de la grandeur : qu’ils sachent que ce qui a cours dans le royaume de Dieu est aux antipodes de ce qui a cours dans le monde. La vraie grandeur se distingue par deux choses : le service, l’humilité, principes démontrés ici par l’accueil dans les bras de Jésus d’un tout petit.

Que les leçons nombreuses que nous donne Jésus ici soient gravées profondément en nous qui voulons être Ses disciples (imitateurs) !


lundi 15 mars 2010

Chapitre 9, versets 44 et 45


Jésus annonce de nouveau Sa mort :

Alors que, suite à la délivrance opérée, toute la foule est dans l’étonnement admiratif des œuvres de Jésus, Celui-ci, pour la seconde fois, avertit Ses proches de ce qui va survenir pour Lui. Le but de Jésus, en réitérant la prophétie qui Le concerne, est au moins triple :

- le 1er objectif est que les disciples ne se fassent pas d’illusion, mais soient préparés à ce qui va arriver. L’enthousiasme que Jésus soulève ici n’est pas signe d’adhésion profonde de la foule à ce qu’Il est. Si les disciples peuvent s’y tromper, Lui n’est ni dupe, ni abusé. Jésus connaît trop bien le cœur de l’homme pour savoir que, pour un rien, en un tournemain, il peut être retourné : Jean 2,24-25

- Le second objectif est que les disciples ne se fassent pas d’illusion non plus sur leur avenir en tant que Ses compagnons. Ce qui attend Jésus n’est pas le trône, mais la croix. Le suivre implique donc être d’accord avec ce programme que, parce qu’il est la vérité, Jésus tient à marteler. Jésus sait à quel point, en tant qu’hommes, lorsque celle-ci est dure à entendre ou qu’elle ne nous plaît pas, nous avons du mal à faire face à la vérité. L’attitude qui consiste à la nier ou s’en détourner pour ne pas la voir est contraire à la vie de disciple. Le Seigneur veut faire de nous des hommes lucides qui ne se font aucune illusion sur le monde dans lequel ils vivent et le sort qui les attend. C’est souvent parce que la majorité n’a pas voulu voir la vérité (ou la croire quand elle l’a vu) que, dans l’histoire du monde, les artisans du mal ont pu, sans que rien ou presque ne s’y oppose, développer leurs projets meurtriers. Le réveil est toujours plus douloureux et difficile quand l’on n’a pas été préparé à ce qui va se produire qu’à l’inverse.

- Jésus veut entraîner Ses disciples à voir la réalité, non au travers de l’apparence, mais à la lumière de la pensée et de la Parole de Dieu. C’est en elle que se trouve la vérité. C’est par la lumière et la révélation du Saint-Esprit que l’on en a connaissance. Plus que les bruits du monde, il nous faut apprendre à nous mettre à l’écoute de Jésus. Ce sera pour nous le meilleur moyen d’être prêt à ce qui va se produire.

Que Dieu me donne de vivre davantage dans la sphère de Sa pensée que dans celle du monde. Lui seul peut nous donner de voir les choses dans leur vraie perspective !

vendredi 12 mars 2010

Chapitre 9, vesets 37 à 43


Libération d’un enfant possédé :

Si le moment passé sur la montagne était comme une mise au vert céleste, à tel point que Pierre ne voulait pas qu’il s’arrête, nous sommes avec cet épisode bel et bien de nouveau sur la terre, sphère où il n’y a ni paix, ni gloire, ni félicité, mais déchirement, souffrance, ténèbres et incrédulité. Comme il peut en être aussi pour nous, nous voyons à cet instant toute la frustration que ressent Jésus dans le vécu de cette alternance entre l’atmosphère du ciel qu’Il vient de quitter et la grisaille de la dure réalité de ce monde de l’impuissance. Si brusque puissent ils paraître au premier abord, la réaction, le soupir irrité de Jésus, face au bourbier dans lequel les hommes ont l’art de se mettre s’en pouvoir ensuite s’en dépêtrer, sont légitimes. Ils sont l’expression profonde de l’aspiration qui est celle de toute la création à être affranchie de la corruption dans laquelle le monde entier a été plongée par la faute d’Adam : Rom 8,18 à 23. Aussi, sont-ils l’une des marques, parmi d’autres, de l’identité des fils de Dieu. Si, ici-bas, nous ne soupirons jamais de frustration à cause de notre condition présente et de nostalgie pour le ciel, nous devons nous interroger au sujet de la patrie à laquelle, intérieurement, nous appartenons : suis-je du ciel ou de la terre. ?

Nous ne savons pas vers qui se porte en premier l’irritation de Jésus. Est-elle générale ? Elle serait alors pour le Fils de Dieu une façon de montrer à quel point ce monde n’est pas le Sien, mais se trouve aux antipodes de celui de Dieu. Ou est-elle ciblée sur les disciples qui, ici comme dans d’autres moments, Lui donnent tant de fil à retordre ? Quoi qu’il en soit, Jésus, une fois de plus, démontre qu’Il ne se résoudra jamais à l’impossible et à l’impuissance. Toute personne qui vient vers Lui pour trouver du secours doit être secourue. Il est inconcevable, dans la pensée de Jésus, que ce père de famille, venu vers Lui pour son enfant maltraité, reparte comme il est venu, sans solution, sans guérison.

Remarquons une fois de plus qu’il ne faut pas grand chose à Jésus pour résoudre la situation : tout Son pouvoir se trouve concentré dans Sa Parole. Si la Parole était l’arme de Jésus, le moyen par lequel s’exerçait Son autorité spirituelle, croyons bien qu’il n’en est pas autrement pour nous ! Que Dieu nous donne, comme Lui, de nous revêtir de l’autorité de la Parole qu’Il nous donne pour exercer dans le monde le ministère de salut et de délivrance auquel Il nous appelle. C’est non en notre nom, mais dans le Sien qu’Il nous envoie !


jeudi 11 mars 2010

Chapitre 9, versets 27 à 36


Transfiguration de Jésus

Suite aux paroles quelques peu énigmatiques selon lesquelles quelques-uns du groupe des Douze ne goûteraient point la mort avant d’avoir vu le règne de Dieu, Jésus prit avec Lui Pierre, Jacques et Jean, les trois futurs piliers de l’Eglise primitive, pour leur faire vivre un moment qui devait à jamais rester gravé dans leurs mémoires : 2 Pierre 1,16 à 18. Peut-être comprenons-nous mieux, au vu de l’expérience que Jésus donne de vivre à Ses trois disciples, le sens et la raison du sondage qu’Il effectua auparavant : v 18 à 22. La vision que Jésus va donner ici de Sa gloire ne précède pas, mais fait suite à la confession par les disciples de ce qu’Il est en réalité… sans L’avoir vu. Cet ordre dans lequel se produit les choses n’est pas anodin ou le fait du hasard. La vision de Jésus dans Sa gloire est l’aboutissement pour nous comme pour eux de la conviction produite par le Saint-Esprit que l’homme Jésus est bien le Fils de Dieu. La révélation se fait dans le cœur avant d’être confirmée par la vue.

Réunis avec Jésus dans un moment de prière, les disciples vont assister à la métamorphose glorieuse de Jésus. L’instant dépasse cependant l’idée du simple spectacle. Car se trouvent réunis, en ce lieu et à cet instant, les plus grandes figures de toute la Révélation, ancienne et nouvelle alliance confondue : le représentant de la loi : Moïse, celui des prophètes : Elie, les futurs piliers de l’Eglise : Pierre, Jacques et Jean, et le personnage central de toute la Révélation : le Fils de Dieu. De plus, le rassemblement n’a pas seulement pour objet leur rencontre : c’est ce qui en constitue le sujet qui est le point d’orgue de celle-ci : le départ du Fils de l’homme vers Jérusalem où se produira pour Lui ce qu’Il venait de dire aux disciples : v 22. Thème peu abordé dans l’enseignement et les prédications, la transfiguration de Jésus apparaît comme l’événement central du parcours du Fils de l’homme, instant qui réunit au travers des personnages présents comme du sujet qui en est la cause tous les éléments du projet éternel de Dieu, projet qui comprend à la fois la problématique du salut, l’élection d’Israël, la constitution de l’Eglise et la réunion en une seule humanité de tous les croyants rachetés par Christ dans l’Ancienne comme la Nouvelle Alliance.

De manière manifeste, la portée de l’instant échappe à Pierre qui ne pense qu’à le pérenniser. Quel dommage qu’au lieu de dire ce qu’il a dit, Pierre n’ait pas fait de ce moment, à l’instar de Jacob, un Peniel : Genèse 32,30. Le Père céleste Lui-même va mettre fin à ce « bavardage » déplacé en exhortant l’apôtre, avec ses compagnons, non à parler, mais à écouter ce Fils élu qu’Il leur a envoyé et qui fait l’objet de toute Son affection, : une répétition du témoignage déjà rendu à Son sujet lors de Son baptême : Luc 3,22.

Que Dieu nous donne dans notre foi d’être pénétré de la certitude qu’apporte la transfiguration. Oui, Jésus est bien le Christ, l’objet de tout l’amour du Père, la clé de la Révélation, le pivot de l’histoire de l’humanité. Qu’Il soit et demeure, pour ses raisons, aussi l’objet central de notre foi.


mardi 9 mars 2010

Chapitre 9, versets 23 à 26


Etre disciple de Christ :

Ayant évoqué le prix qu’allait Lui coûter, en tant que Fils de l’homme, le fait d’être le Christ de Dieu, Jésus poursuit en rendant conscient les disciples du prix qu’à leur tour ils doivent être prêt à payer pour Le suivre. Ce prix à payer, Jésus le formule ici sous la forme de deux expressions qu’il fait suivre immédiatement après d’un regard en perspective sur le gain qu’elles procureront à tous ceux qui seront prêts à y adhérer.

Analyse : Si quelqu’un veut venir à ma suite :

1. Qu’il se renie lui-même :

Jésus aurait pu, parlant du prix à payer pour le suivre, aller crescendo. Il ne l’a pas fait. D’entrée, Il tient à placer les Siens devant la hauteur la plus élevée à laquelle la barre est placée dans la perspective de ce but. Suivre Jésus ne peut se comprendre autrement et pas moins que cela. Ce reniement de soi ne consiste pas seulement dans le reniement de l’idée et de la poursuite de la réussite ou du succès sur le plan humain de sa vie dans ce monde. A l’instar de ce qu’a vécu Jésus, il peut aller jusqu’à l’abandon, la trahison à cause de la vérité de Ses propres amis et enfants spirituels. Se renier soi-même inclut l’idée d’accepter d’être, à cause de Dieu et de Sa vérité, s’il le faut, le grand Perdant avec un grand p. Un perdant à l’image de Paul qui, par exemple, s’est vu rejeter du sein même d’églises que, par la grâce de Dieu, il avait implanté. L’objectif de la gloire et de la récompense éternelles pour notre fidélité à Dieu nous éblouit-il au point de faire pâlir l’éclat de toute réussite ici-bas ? Notre reniement de nous-mêmes n’est pas authentique s’il n’atteint pas ce niveau là.

2. Qu’il se charge de sa croix

La croix, à l’époque de Jésus, était le châtiment réservé aux condamnés à mort. Le reniement de soi-même est indissociable d’une vie vécue dans l’esprit de la croix. Ce n’est que celui qui a accepté de tirer un trait sur sa propre vie dans ce monde qui est libre de suivre Jésus. Il est impossible de vouloir réellement suivre Jésus tout en voulant à tout prix être compris, accepté, considéré, aimé... et plaire à tout le monde. Suivre Christ conduit inévitablement à des moments où doit être fait un choix entre plaire à Dieu et plaire aux hommes : Gal 1,10. Si nous ne pouvons faire ce choix aujourd’hui, quand nous ne sommes l’objet d’aucune menace physique, qu’en sera-t-il lorsque, comme c’est le cas dans les pays où la persécution sévit, notre vie ou celle de nos proches seront en jeu ? Sommes-nous disciples de Christ !

3. Vue sur la récompense :

Bien qu’en évoquant la possibilité, Jésus ne fait pas ici pour autant l’apologie du martyr. L’apologète du martyr cherchera par lui-même à provoquer sa propre mort. Ce n’est pas là le discours que Jésus tient. Ce que Jésus veut est que la perspective de la gloire et de la récompense qu’Il nous promet, suite à notre fidélité, nous remplisse tant qu’elle nous donne la force, au moment voulu, d’être prêt à payer le prix maximal pour l’obtenir. Aucun martyr chrétien dans l’histoire n’était habité par une mentalité de suicidaire. Seul l’amour pour Dieu et la fidélité à Christ peut justifier le sacrifice de notre vie pour Lui. Celui qui perd sa vie pour cette cause n’est pas perdant, mais un grand Gagnant avec un grand G. Car tôt ou tard, la figure de ce monde, avec tout ce qu’il contient, passera pour faire place au royaume éternel de Dieu : 1 Cor 7,31. Que servirait-il donc à un être humain de gagner le mponde entier s’il fait la perte de son âme ?

Etre disciple, suivre Christ demande donc que dans nos vies nous ayons bien soupesé et évalué, à la fois le prix que nous aurons à payer pour cet engagement (ce que nous pourrions être amené à perdre), et la valeur de la récompense qui en est la fin. Que Dieu nous donne la sagesse de l’intelligence !

lundi 8 mars 2010

Chapitre 9, versets 18 à 22

Le Christ de Dieu


1. Questions

Nous ne savons pas ce qui faisait ici le contenu de la prière de Jésus. Toujours est-il que, quittant l’intimité du Père, Jésus manifesta de façon directe à Ses disciples les deux questions qui L’habitaient :

1ère question : les foules, qui disent-elles que Je suis ?

Autrement posée, elle peut, en conformité avec la pensée de Jésus, être formulée de cette manière : Où se situe, parmi ceux auprès desquels Je manifeste le témoignage de Ma divinité, le degré de leur conviction quant à Mon identité ? Les réponses divergent, mais elles se retrouvent sur un point : Jésus est à mettre à égalité avec les plus grands prophètes d’Israël du passé. Il serait même, de l’avis majoritaire, l’un de ceux-ci ressuscité.

L’initiative prise par Jésus d’interroger les disciples sur ce degré de conviction qui habite les foules nous rappelle que la foi chrétienne, telle que Jésus la comprend, a un contenu précis. Pour être chrétien, on ne peut croire au Jésus qui nous plaît. Jésus veut être connu et reconnu pour ce qu’Il est. Et tout homme qui confesse autre chose que ce qu’Il est ne saurait porter le nom de chrétien. Aussi, après la foule, Jésus confronte Ses propres disciples à la même question.

2ème question : Et vous, qui dites vous que Je suis ?

En terme de degré d’intimité et de proximité avec Lui, les disciples étaient à une distance nettement moins grande que la foule. Si, pour la foule, Jésus était l’égal d’une des plus grandes figures du passé, qu’en était-il pour eux qui vivaient avec Lui et Le côtoyaient chaque jour d’une façon plus intense ? Ce sera Pierre qui, d’abord en son propre nom, puis sans doute au nom de tous, répondra : Tu es le Christ, le Messie annoncé et attendu, l’Oint, l’Envoyé de Dieu.

La déclaration de Pierre souligne un principe applicable de manière permanente : plus nous vivons dans l’intimité et la proximité de Jésus, mieux nous sommes en mesure d’entrer dans la vérité de ce qu’Il est. Il est impossible de connaître qui est réellement Jésus à distance. La conviction qui nous anime dans la foi n’est pas d’abord liée à un dogme. Elle est et ne peut être que le résultat de la qualité et de la profondeur de notre relation avec Lui.

2. Eclaircissements

Pierre ayant répondu juste, Jésus va ajouter à la double question qu’Il a posé, un double supplément de paroles :

1er supplément : Il recommande sévèrement aux disciples de ne pas divulguer ce qui vient de s’être dit ici à Son sujet. Il est des moments où l’heure est au silence et d’autres à la parole : Ecclés 3,7. Ce n’est d’ailleurs pas sans raison que le Sage fait précéder l’action de parler de celle de se taire. Il y a toujours de la sagesse dans le fait de prendre le temps de réfléchir s’il convient, à l’heure et à l’endroit où nous sommes, de dire ou non ce que nous savons être vrai. La vérité a aussi son heure pour être dite. Pour l’heure justement, Jésus estime que le témoignage que les disciples donneraient à Son sujet serait plus nuisible à Sa cause que bénéfique, le peuple n’étant pas prêt, avant la résurrection, signe incontestable de la réalité de Son identité : Rom 1,4, d’entendre une telle chose.

2ème supplément : puisque les Douze sont arrivés à la conviction qu’Il est le Christ de Dieu, Jésus leur révèle le programme incontournable qui L’attend dans ce parcours de Christ qui est le Sien ici-bas. Ce programme passe par 4 verbes ou expressions fortes :

- 1er élément : Il faut que le Fils de l’homme (car c’est en cela que Jésus est le Christ Sauveur) souffre beaucoup. Beaucoup et, pourrait-on ajouter, de bien des manières : tant sur le plan physique que moral, mental, émotionnel et spirituel

- 2ème élément : il faut qu’il soit rejeté par les anciens et les principaux responsables religieux de la nation, conformément aux prophéties faites à Son sujet. Se faisant, Jésus invite les disciples à ne pas se faire d’illusions sur le type de Christ qu’Il sera. L’heure n’est pas pour Lui maintenant à la gloire, mais au rejet. Ceux qui veulent Le suivre ici-bas, et s’identifier avec Lui ne doivent pas s’attendre à mieux

- 3ème élément : il faut qu’Il soit mis à mort. C’est là la seule voie possible s’Il veut effectivement remplir Sa mission de Fils de l’homme, Christ de Dieu.

- 4ème élément : il faut qu’Il ressuscite le 3ème jour. Cet élément est autant, si ce n’est plus, incontournable pour valider de façon irréfutable l’identité de Jésus en tant que Christ, Envoyé de Dieu pour le salut du monde.

Notons que Jésus n’échappera à aucun des éléments du programme qu’Il annonce ici comme étant celui qui est réservé au Christ. Il les accomplira tous comme Il le dira au jour où Il expirera : Jean 19,30.



samedi 6 mars 2010

Chapitre 9,versets 12 à 17

Jésus rassasie des foules

Toute personne qui a été impliqué dans l’organisation d’un événement de masse sait à quel point la question de la gestion et de l’intendance est primordiale pour la réussite du rassemblement. On ne peut donc que compatir et s’associer à la crainte des disciples, voyant le jour baisser et les foules agglutinées autour de Jésus. Certes, il est bien qu’autant de monde entende Jésus et vienne vers Lui. Mais, au-delà du côté spirituel, il y a aussi des réalités pratiques, matérielles qu’il est nécessaire de prendre en compte. Jésus le réalise-t-il ? Lui qui est si imprégné du ciel, est-il conscient à cette heure qu’il est sur la terre et que, ici-bas, au-delà des grandes questions qu’Il traite, il y a des problèmes tout à fait terre à terre qu’il faut résoudre !

« Nous ne pouvons pas remplacer Jésus dans ce qu’Il a d’unique, se dirent les disciples. Lui seul peux parler comme Il parle du Royaume de Dieu. Là où nous pouvons être une aide pour Lui, c’est de le ramener à la réalité, d’être un peu Son pense-bête pour les choses pratiques. Allons et rendons Le sensible à la situation dans laquelle nous sommes ! »

Les disciples semblant faire preuve de plus de pragmatisme que Lui, Jésus, écoutant leur conseil, les invite à aller au bout de leur préoccupation légitime. Puisqu’il est vrai qu’il va falloir prendre en compte la situation, la foule nombreuse, le lieu désert, l’heure avancée, l’absence de nourriture, qu’au lieu de renvoyer purement et simplement les gens pour que chacun se débrouille, ce soit les disciples qui leur fournissent le nécessaire pour répondre à ce besoin ! Jésus se moque-t-Il des disciples ? S’amuse-t-Il à leurs dépens de leur faiblesse ? Le but est tout autre !

Si Jésus est le messager de Dieu envoyé du ciel, pour résoudre les questions si vitales ayant trait à la relation des hommes avec Dieu, combien plus, va-t-Il montrer aux Siens, est-Il qualifié pour solutionner les problèmes mineurs, tout à fait pratiques, qui sont pour nous souvent comme des montagnes. Jésus va en faire ici la démonstration !

Puisque les disciples se sont souciés à juste titre de la situation, Jésus ne va pas les laisser sans responsabilité. Il les invite donc à participer à ce qu’Il va faire et qui, jusqu’alors n’est connu que de Lui seul, en organisant l’arrangement de la foule par groupes de 50 personnes. La mission que donne Jésus aux disciples témoigne de ce qui, ici, fait partie des possibilités humaines. Il y a des choses dans l’œuvre de Dieu, que ce soit sur le plan spirituel comme pratique, qui relèvent de Dieu seul : ce sont les choses vitales, centrales. Les autres, celles qui sont à notre portée, ne sont que très secondaires dans le dénouement des situations.

Prenant le peu qu’il y a, Jésus le prit entre Ses mains, bénit Dieu et la foule, et fit sur le champ ce que personne n’était capable d’imaginer : rassasier chacun par le miracle de la multiplication du pain brisé. Que d’enseignements divers dans ce seule épisode sur l’identité de Jésus, le partenariat entre nous et Lui, le principe sur lequel s’opère le miracle de Dieu entre les mains de Jésus (le brisement précédant la multiplication en vue de rassasier tous !). Quel Maître, quel Seigneur, quel Sauveur est Jésus en toutes situations !

Que Dieu nous rappelle, lorsque rapidement nous nous sentons dépassés par une situation, qui est Jésus et qui Il a été ici dans le désert, un soir, avec une foule qui n’avait rien à manger !

vendredi 5 mars 2010

Chapitre 9, verset 11


La disponibilité de Jésus

Bien que désireux d’être à l’écart avec Ses disciples, Jésus, victime en quelque sorte de Sa notoriété, ne put empêcher les foules de Le suivre. Le phénomène, vérifiable encore aujourd’hui, nous rappelle qu’il est impossible pour quiconque de vivre le succès sans en connaître aussi les inconvénients : fin de la vie privée, intime, pouvoir d’attraction sur les foules qui, pour certains, ira jusqu’au harcèlement. Bien que contrarié dans Son désir d’être seul avec Ses proches, Jésus, pour autant, ne se montre ni bougon, ni mécontent. Au contraire ! Saisissant l’opportunité qui Lui est donnée, Il annonce une fois de plus, dit Luc, le règne de Dieu et, en signe de la réalité de la venue de celui-ci, guérit à l’instant même tous ceux qui souffraient de quelque mal que ce soit.

Se connaissant soi-même, et la difficulté, inhérente à notre nature, d’être disponible pour les autres, tout homme honnête et sincère ne peut qu’être admiratif de la liberté dont faisait preuve Jésus à ce sujet. Tout en Jésus, et non seulement les signes de puissance hors du commun qu’Il manifestait, témoigne de son identité divine, de la réalité de la nature différente qui L’habite et de l’être qu’Il est. Que Dieu nous donne, dans nos actions conscientes et non, d’être ce tout qui témoigne aussi, auprès des autres, de Sa présence en nous !

jeudi 4 mars 2010

Chapitre 9, versets 10 et 11

Compte-rendu et temps à part

De retour de leur courte expédition missionnaire, les Douze racontèrent à Jésus tout ce qu’ils avaient fait et vécu. Etre appelé par le Seigneur à une tâche, se former en vue du service sont en amont des nécessités incontournables. Pour autant, elles ne constituent pas la totalité des nécessités qui, dans le temps, conditionnent le vécu positif du ministère. A chaque instant, dans tout ce qu’il fait, le disciple du Christ et le serviteur de Dieu ont besoin de mettre à part des moments particuliers au cours desquels ils peuvent partager à plusieurs ou seuls ce qu’ils vivent en cours de route dans le service. Autant ces moments, montre le texte, sont le fait des apôtres, autant ils sont souhaités par le Maître qui, suite au témoignage qu’ils rendent de leur vécu à leur retour, les invite à se mettre à l’écart avec Lui.

S’il ne doit pas abuser de ce principe, le serviteur de Dieu doit toujours avoir à l’idée que sa façon d’employer le temps que le Seigneur lui donne dans ses journées diffère de celle des autres. La « rentabilité » du serviteur de Dieu, son efficacité comme la qualité de son service ne sont pas d’abord liés au nombre d’heures qu’il passe à faire. Si l’on obtient rien en ne faisant rien, on n’obtient peu ou presque rien en terme de qualité et d’efficacité dans le service sans moments d’intimité, de prière et de partage riches et réguliers avec le Seigneur. C’est dans ce moments que, non seulement, le serviteur rend compte, mais que, souvent, il reçoit de la part de son Maître les pensées qui lui permettent par la suite d’ajuster, de corriger, d’améliorer la façon avec laquelle il travaille. Entrer dans l’œuvre de Dieu ne consiste pas uniquement à remplir un cahier des charges prédéterminé. Si celui-ci est utile pour tracer les grandes lignes du faire, tout le vécu qui s’y trouve à l’intérieur est lié de manière vitale à la qualité des moments de proximité passés avec le Maître !

Que le Seigneur me donne chaque jour de me ressourcer à la source de sa présence !

mardi 2 mars 2010

Chapitre 9, versets 7 à 9

Perplexité d'Hérode

L’insertion par Luc, à ce stade de la rédaction de son Evangile, de la perplexité que provoquait chez Hérode, auteur de l’exécution de Jean-Baptiste, tout le bruit qui se faisait autour de Jésus, est intéressante à plusieurs titres :

1. elle nous donne une indication de la proportion qu’a prise, à ce stade de son ministère, la réputation de Jésus. Il y a bien un phénomène Jésus qui existe, prend de l’ampleur et devient incontournable. Se pose la question, à travers Hérode, pour les autorités, de savoir ce qu’il faut penser de ce phénomène et comment réagir face à lui.

Tant que le christianisme se contente d’être l’apanage d’une minorité qui reste discrète et ne perturbe pas l’ordre social, on le supporte bien. Après tout, chacun est libre de croire et d’adhérer à ce qu’il veut. Autre chose se produit cependant lorsque le phénomène prend de l’ampleur, qu’il provoque des remous et qu’il devient une donnée sur laquelle il n’est pas possible de faire l’impasse. De force positive qu’il est, il apparaît inévitablement pour le pouvoir en place comme un élément qui, en premier lieu, doit faire l’objet de surveillance et d’attention si ce n’est, par la suite si la chose continue, de répression et d’éradication. Rien ne paraît plus dangereux pour le pouvoir en place que quelque chose qu’il n’arrive ni à expliquer, ni à maîtriser.

2. elle nous donne un aperçu de la nature des bruits et des rumeurs qui s’étaient greffés sur ce phénomène nouveau qu’était Jésus en Son temps. Si le premier siècle n’était pas aussi doté que le nôtre en moyens d’informations de tous genres, ce que nous rapporte Luc ici montre à quel point les bruits et les rumeurs infondés, colportés de bouche à oreille, nuisent à la vérité. La question se pose donc à chacun de nous comme à Hérode de savoir sur quoi nous fondons dans nos vies nos jugements et l’opinion que nous nous faisons d’une chose, d’un phénomène, d’une idée : sur les faits, ce qui nécessite pour nous de remonter aussi près de la source qu’il est possible, ou sur l’interprétation souvent déformée que nous en donnent ceux qui n’ont fait qu’entendre dire des choses sur le sujet. Il y a fort à parier dans l’histoire qu’un grand nombre de martyrs aient, comme Jésus, été exécuté sur la base de malentendus ou de craintes non fondées dus aux bruits infondés répandus à leur propos.

3. elle souligne enfin le fait que ce qui gêne parfois les tenants du pourvoir (mais cela peut être vrai pour chacun) lors de l’émergence d’un phénomène nouveau n’est pas le phénomène en lui-même, mais ce qu’il ravive et réveille en eux. Nous pouvons comme Hérode éliminer ceux qui représentent à nos yeux des aiguillons qui nous gâchent la vie ou notre plaisir. Nous serons cependant impuissants pour faire taire la voix de notre conscience qui ne manquera pas, en temps voulu, de nous tourmenter en nous rappelant nos forfaits. « Ce sentiment qui convoque un homme au tribunal de Dieu est comme un gardien qui lui est donné pour l’éveiller et l’épier, et pour dévoiler tout ce qu’il aimerait cacher : Jean Calvin. » Dieu sait ainsi combien, dans ce monde, de crimes et d’injustices ont été commis qui, sous prétexte de sécurité, n’avaient pour raison d’être que le tourment d’une mauvais conscience rongée par l’accusation.

Que Dieu nous aide pour nous-mêmes à ne pas nous priver de la grâce de peur que nos fautes non confessées, telles des plantes nuisibles, produisent de mauvais rejets et n’occasionnent de nouveaux dégâts. Le sang de Christ seul a le pouvoir d’effacer nos péchés et apaiser nos consciences tourmentées : Hébr 12,15 ; 9,14 ; 10,22

lundi 1 mars 2010

Chapitre 9, versets 1 à 6


Envoi en mission des Douze

Après avoir pris avec Lui les douze qu’Il avait choisis, l’heure est venue pour Jésus de les équiper et de les envoyer à Sa suite pour qu’à leur tour ils proclament et manifestent le règne de Dieu. Dans la pensée de Jésus, Luc 8,1 a toujours pour objet d’être le préambule de Luc 9,1. Outre la mission et le service que nous sommes appelés à remplir pour l’heure, l’exemple de Jésus nous invite à ne pas en rester là mais, partout où c’est possible, à prendre des gens avec nous pour les former, les équiper, puis les envoyer pour qu’ils deviennent à leur tout de reproducteurs de ce que nous leur avons montré ! Tout le concept de mission mise en œuvre par Jésus repose sur un seul principe : celui de la multiplication. Nous ne faisons pas totalement l’œuvre de Jésus si notre pratique n’est pas l’expression de l’application de ce principe.

Etapes suivies et instructions données par Jésus pour l’envoi en mission des Douze :

ETAPES :

1ère étape : celle de Luc 8,1 : l’étape du modèle et de la démonstration. Il ne sert à rien de dire aux autres ce qu’ils devraient faire si nous ne leur montrons pas comment le faire. Si nous voulons que d’autres nous suivent, nous devons être les premiers à aller. Selon la méthode de Jésus, on apprend d’abord en regardant les autres faire, en les accompagnant dans leur sphère de service et d’activité plutôt que dans les livres.

2ème étape : Luc 9,1 : celle de l’heure de l’appel et de l’envoi. Notons que ce ne sont pas les Douze qui ont proposé à Jésus d’aller et de faire comme Il a fait. Mais c’est Jésus qui, seul, prend la décision d’appeler et d’envoyer. Nous devons être attentifs à ce fait. Si certaines vocations, pionnières, viennent d’une appel personnel et direct de Dieu, dans beaucoup d’autres cas l’entrée dans un ministère ou dans un service est le résultat de cette formation interne qui consiste à s’associer des personnes, non d’abord pour qu’elles fassent mais pour qu’elles nous voient faire, dans le service que nous accomplissons. En prenant la décision à un moment donné d’appeler et d’envoyer les Douze, Jésus nous incite à ne pas agir avec précipitation, mais à discerner quand est venu le temps de propulser quelqu’un pour le faire entrer dans le processus de reproduction de notre ministère.

3ème étape : celle de l’équipement et de la délégation d’autorité

Il est et demeurera toujours impossible de faire l’œuvre de Dieu et d’exercer un ministère sans avoir au préalable reçu l’équipement et l’autorité nécessaires à sa pratique. Pour les Douze, en contact avec Jésus, c’est directement de Lui qu’ils ont reçu cet équipement. L’exemple de Jésus souligne cependant pour nous la nécessité de ne pas nous contenter d’appeler et d’envoyer, mais d’installer au mieux celui que nous envoyons dans les conditions rendant possible le service. Cette installation au mieux requiert deux nécessités déjà citées, plus une autre qui leur est adjointe :

- la 1ère est l’équipement, ce qui peut vouloir dire un parcours de formation pratique et théologique

- la seconde est la délégation d’autorité qui consiste en une reconnaissance officielle et publique de la capacité et des dons reçus pour l’envoi.

- le dernière est une définition précise du contenu de la mission pour laquelle les Douze sont envoyés

Dans le cadre de la mission évoquée ici, l’autorité donnée par Jésus équivalait à un transfert de compétences et de pouvoirs donnés aux Douze sur les puissances adverses. Si le contenu de la délégation d’autorité peut varier, le principe, lui, doit demeurer.

INSTRUCTIONS :

Les Douze envoyés après Lui en mission, Jésus, avant de les laisser partir, leur donna des instructions pratiques précises sur la façon dont ils devaient, en route, se comporter et agir :

1ère instruction : un appel à une vie par la foi et à la dépendance de Dieu pour pourvoir à leur sécurité et à leurs besoins. C’est non de ses propres ressources, mais de Celui qui l’envoie que doit, pour tous ses besoins pratiques, dépendre l’envoyé. Cette obligation de la dépendance a au moins deux raisons :

- la 1ère est qu’elle une preuve de validation concrète de la réalité de l’appel de Dieu à l’égard de celui qui est envoyé. Si, croyant être appelé par Dieu, nous nous lançons dans une œuvre pour laquelle, en cours de route, Dieu ne pourvoit pas, il nous faut nous interroger : était-ce bien là le projet de Dieu ou le nôtre ? Dieu ne nous suivra dans nos projets que si c’est Lui-même qui, au départ, en est la source !

- la seconde est que la provision que Dieu donne en cours de route à ceux qu’Il envoie est un puissant témoignage de Sa bonté et de Sa fidélité à leur égard, mais aussi à l’égard de ceux qui croiront par leur témoignage. C’est par l’incarnation concrète de Sa grâce, dans les choses pratiques de la vie, envers ceux qui sont à Lui, que Dieu appelle ceux qui ne Le connaissent pas à Lui faire aussi confiance pour leurs propres vies.

Seconde instruction : une directive stratégique. La bonne nouvelle que les Douze sont chargés de proclamer est l’expression de la grâce et de la main tendue de Dieu pour ceux à qui elle s’adresse. Cette main tendue est à prendre ou à laisser. Jésus veut cependant que ceux qui en sont les bénéficiaires soient conscients des conséquences qu’aura pour leurs vies devant Dieu le refus de l’offre qui leur est faite à ce moment précis. Refuser le royaume de Dieu proposé, c’est refuser la seule alternative de réconciliation entre nous et Lui proposée par Dieu. C’est, par conséquent, opter soi-même pour le jugement et la condamnation. Si Jésus veut que les disciples manifestent, par les guérisons opérées, les signes du Royaume de Dieu, Il ordonne aussi que soient signifiées par eux de manière concrète les conséquences du refus de l’offre de grâce dont ils sont, de Sa part, les porteurs. Comme c’est en toute connaissance de cause du fait que l’Evangile est la vérité que se décident ceux qui y adhèrent, c’est en toute connaissance de cause des conséquences auxquelles conduit leur refus que doivent être placés les rebelles.